Je vous propose ici une rare carabine de cavalerie Type 38 du contrat britannique de 1914, dénommée chez eux "Carbine, magazine, .256 inch, pattern 1907".
Au début de la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne reçut un cumul de 150 000 armes de fabrication japonaise (20 000 fusils Type 30 ; 100 000 fusils Type 38 ; 30 000 carabines Type 38). Ces armes équipèrent essentiellement la Grande Flotte de la Royal Navy ainsi que les Forces territoriales, au moins jusqu'à la fin d'année 1915. La plupart furent ensuite cédées à la Russie, grande consommatrice d'Arisaka, dont elle équipa plusieurs divisions d'infanterie qui combattaient les troupes allemandes en Pologne et dans les Pays Baltes. Beaucoup des armes japonaises ayant survécu à la Grande Guerre ont ensuite continué leur service au cours de la guerre civile en Russie et en Finlande (tant du côté des blancs que des rouges), mais d'autres ont connu tout un tas de destinations diverses et variées où elles furent bien souvent usées, modifiées, transformées irrémédiablement. Ainsi, le taux de survie des "Arisaka" fournis aux nations européennes est aujourd'hui considérablement faible. Pour plus d'informations sur l'histoire de ces armes en Europe, je vous invite à lire mon article sur le numéro Spécial Japon de la Gazette des Armes du mois de mars 2024.
L'arme que je vous propose ici a été récupérée en Finlande, il est donc fort probable qu'elle ait servi successivement sous les couleurs japonaises, britanniques, russes et finlandaises. Comme on dit, si seulement elle pouvait parler...
Notez que toutes les armes japonaises fournies aux Britanniques n'étaient pas nécessairement régimentées, mais c'est le cas de celle-ci, qui fut affectée aux services de commandement (Headquarters Services) du 4th Lancashire Royal Field Artillery. Le chrysanthème impérial est bien présent, le logo de l'arsenal y a été apposé en son centre, protocole habituel en vigueur à l'époque pour les armes qui quittaient le service de l'armée impériale.
Elle a été produite par l'arsenal de Tokyo au début des années 1910, vraisemblablement en 1912. À cette époque, l'arsenal de Tokyo était réputé pour produire des armes particulièrement soignées tant sur le plan mécanique que sur le plan esthétique.
L'arme est monomatricule, à l'exception du couvre-culasse qui demeurre authentique et d'époque, tout comme la baguette de nettoyage. Ce ne sont PAS des reproductions !!! Ils sont d'ailleurs bien poinçonnés, comme la plupart des pièces constituant cette arme, qui portent de nombreux poinçons de contrôle.
Le bronzage est passé sur l'ensemble pontet-magasin, mais il est bon, voire excellent sur le reste de l'arme, d'autant plus si l'on considère l'âge de cette carabine. On appreciera le contraste entre ce bronzage gris-bleu, le "poli blanc" de la culasse et de la mécanique interne, le "bleu électrique" de la planchette élévatrice, ou encore le "jaune paille" du ressort de hausse !
Le canon n'est pas de première fraîcheur, comme on peut l'attendre d'une pièce avec ce niveau de vécu, mais les rayures sont là. Au final, le canon est largement dans la norme de ce qu'on trouve généralement sur ces Arisaka européens.
L'arme ne comporte AUCUN poinçon parasite (banc d'épreuve, importateur, etc) !!!
Une belle arme de l'autre bout du monde qui, malgré son exotisme, participa à écrire l'histoire tout près de chez nous, il y a de cela plus d'un siècle.
Une carabine Type 38 n'est déjà vraiment pas commun chez nous, mais la présence des marquages régimentaires britanniques en fait une véritable rareté.
