Pour quelle cause s'engager ? Pour l'élimination des cons, ça me botterait bien. Ou alors pour l'éradication de toute trace de vie sur Terre pour le grand bonheur des puissants, ce serait kiffant. Aboyer dans le vide, sur les réseaux sociaux ou les manifs des ronds-points ou celles de Bastille à Nation en passant par République, ça va bien un moment, passées de mode. Ça use les godasses et ça ne mène à rien.
Bien souvent l'individu oscille de l'intérieur à l'extérieur, de l'autonomie à l'hétéronomie, sans parvenir à se fixer, sans poursuivre une fin une et qui l'unifie Lui dira-t-on d'être lui-même et de se réaliser à la manière des individualistes ? Cela supposerait que le moi a un contenu spécifique et irréductible, qu'il n'aurait qu'à expliciter. Mais c'est contraire à toute expérience. Nous ne sommes qu'un ensemble confus de tendances et d'aspirations contradictoires, " un faisceau de caprices, un chaos de passions dévorantes, un désir de bonheur qui n'est jamais satisfait, une recherche du succès qui n'atteint jamais son but ". Faudra-t-il alors sortir de soi, se soumettre à la tradition, accepter les ordres de la société ? Sans doute les activités sociales sont les premières qui tendent à organiser notre vie instinctive, à unifier nos passions et nos impulsions, à imposer un ordre au chaos naturel de nos désirs. La voix de la conscience n'est souvent que la voix de la société en nous : toute communauté est un cadre qui soutient et grâce auquel une volonté primitivement contradictoire et velléitaire s'affermit peu à peu. " C'est d'abord par l'imitation des volontés des autres que nous apprenons ce qu'est la nôtre. "
Philosophie morale d’un philosophe américain méconnu en France, Josiah Royce, selon qui la loyauté est le « cœur de toutes les vertus ». Son « loyalisme » est particulièrement intéressant en ce qu’il dialogue avec les grands courants de son époque, l’idéalisme, le personnalisme, l’utilitarisme, le pragmatisme. Et peut-être que cette philosophie de la fin du XIXe siècle cerne mieux que Ses concurrentes ce qui est essentiel, en nous permettant de répondre à la question suivante : alors que la société est en crise, que nos certitudes vacillent, pour quelle(s) cause(s) devrions-nous nous engager ? ...(suite réservée à nos abonnés, revenez la semaine prochaine).
Philosophie du loyalisme par Josiah Royce. Publié par Aubier aux Éditions Montaigne,1946. 'Philosophie de l'Esprit', Collection dir. par L. Lavelle et R. Le Senne.Traduction de Jacqueline Morot-Sir. In-12. Broché, Non coupé. 254 pages. Infimes traces de manipulation. Couverture très légèrement ternie. En très bon état d'usage. Envoi soigné.
