Pistolet semi-automatique Luger P08 calibre 9mm parabellum.
Celui qui a eu en main un P08, ne l'oublie jamais ! La qualité de l'acier utilisé avec son bronzage bleu-noir profond, les pièces métalliques dorées ( détente, sécurité, ressort de glissière côté droit, ressort de percuteur côté gauche, axe du bouton de chargeur côté droit, axe de démontage côté droit ), l'ajustage, la finition, sa silhouette reconnaissable entre mille, sa précision, ses chargeurs fins à fond bois, puis alu, font du P08 une arme unique, hors du commun ! Coûtant très cher à fabriquer, il sera remplacé en 1942 par le Walther P38 calibre 9mm parabellum qui possède la double action très utile pendant la guerre !
L'arme tire en simple action culasse calée et fonctionne par court recul du canon.
Le canon de 100mm possède 6 rayures à droite au pas de 250mm; son diamètre exact sur le plat des rayures est inscrit sous le canon à l'endroit où il est vissé dans la glissière, dont les deux ailes tintent comme un diapason pour vous donner le "La"; la culasse se replie grâce à sa genouillère, les oreilles de préhension de la culasse, le système de percuteur lancé situé du côté gauche de la glissière, l'extracteur faisant saillie au dessus de la culasse servant d'indicateur de chargement (geladen), sont des caractéristiques notoires du P08.
Démontage:
Mettre le chargeur. Tirer la culasse à fond en arrière jusqu'à l'accrochage en position ouverte. Mais pour les premiers exemplaires qui n'avaient pas d'arrêtoir de culasse, installé seulement à partir de 1914 comme le tenon de prise de crosse du P04, (très recherchés), il faut juste appuyer le canon sur une surface dure pour faire reculer l'ensemble canon glissière culasse sur quelques millimètres et faire pivoter la clavette de démontage vers le bas, sortir la portière de démontage, et faire glisser l'ensemble canon glissière par l'avant. Pour continuer le démontage, sortir l'axe de la glissière vers la gauche. Soulever la genouillère et sortir la culasse. Avec l'outil tournevis qui sert aussi à grailler le chargeur, enfoncer l'embase du percuteur et tourner vers la gauche jusqu'au dégagement de son ergot; puis laisser le ressort repousser l'ensemble.
Le remontage se fait dans l'ordre inverse en veillant à bien introduire la pièce en "T" attachée à la culasse dans les deux rails de la poignée. Le plus simple est de retourner l'arme, crosse en l'air, pour remonter l'ensemble culasse glissière canon dans la carcasse.
L'arme pointe naturellement ; elle est faite pour viser au creux de l'estomac afin d'atteindre la poitrine avec la balle de 8g (124gr). Son guidon en "V" inversé strié anti-reflet monté à queue d'aronde pour un réglage latéral, se découpe bien dans le cran de mire en "V". La détente est un peu dure et gratte un peu. Pour l'améliorer, démonter le percuteur, polir au chrome vert les pièces d'accrochage (poli-glacé) et polir aussi le ressort à l'intérieur. Vous obtenez une détente douce, souple et légère vous permettant de tirer tout le parti de la précision de cette arme.
Compte tenu du diamètre intérieur du canon, vous pouvez tirer des balles d'un diamètre allant de 354" à 360" !
HN sortait des balles plomb SWC de 358" en 135gr qui étaient de la plus grande précision. Il fallait juste évaser un peu les lèvres du collet de la douille de 9mm parabellum pour laisser entrer la balle. Les balles chemisées de 115gr avec une bonne charge de Sp2, en visant plein centre, rentrent à tout coup dans le 10 !
Afin de ménager l'arme, ne tirez pas de cartouches militaires françaises à listel violet qui sont faites pour le PM Mat 49 ni les "SE" allemandes, ni les canadiennes de la 2°guerre mondiale. Privilégiez les cartouches militaires françaises à listel vert qui sont des cartouches de précision ou les cartouches suisses de l'arsenal de Thun. A moins que vous ne préfériez vos cartouches rechargées à 0,28g de Ba9 avec la balle chemisée de 124gr, qui sont parfaitement adaptées au P08 !
Pour une parfaite alimentation, en particulier avec des balles plomb SWC, polissez la rampe d'alimentation au chrome vert. Prenez soin de ne pas tirer de balles plomb trop dures; un mélange Lyman 2 suffit ! Ne tirez pas de balles en Linotype 12-4; vous allez fusiller votre canon !
Tirer au P08 est un réel bonheur. Il est léger (885g), bien équilibré avec tout le poids sur la poignée et il est très précis !
Si vous avez trouvé un bel exemplaire, sans coups sur le métal ni sur la crosse, avec un bon canon, gardez le ! Vous allez prendre un immense plaisir au tir et vous rendre compte que le prix s'oublie, la qualité reste ! Prenez-en soin ! Mettez un peu de moquette douce sur votre table de tir, afin d'éviter les coups, les rayures et autres griffures. Il restera ainsi plus longtemps magnifique ! De temps en temps, passez un peu d'huile pour armes sur votre P08 afin de le protéger des agressions atmosphériques, après l'avoir nettoyé mais sans le récurer comme un malade !
Ah, j'allais oublier ; une chose que le P08 n'aime pas du tout, c'est le tir à vide ! Vous risquez de casser la pointe du percuteur ! Compte tenu du prix d'un percuteur de P08, ce serait ballot ! Au moins, mettez une cartouche inerte dans la chambre pour vous éviter ce désagrément. Et à propos de chambre, le P08 vous montre ses origines si vous examinez les douilles des cartouches de 9mm parabellum qui viennent d'être tirées. Elles sont annelées 2mm en dessous des lèvres du collet ! En effet les chambres des armes sont restées à la cote des cartouches de 7,65mm parabellum qui sont des cartouches "bouteille", dont le corps de l'étui a le même diamètre que la 9mm parabellum qui est une cartouche conique et non droite ! A noter, la 7,63mm Mauser et la 7,62mm Tokarev ont exactement les mêmes cotes que la 7,65mm Borchardt, que Paul Mauser et monsieur Tokarev se sont empressés de copier ! Rien ne se perd !
Le P08 aujourd'hui, est une arme pour les amoureux des belles armes comme on n'en fait plus. Traitez-le comme il se doit, avec déférence et respect ! Il vous le rendra au centuple !
NB : les chargeurs des armes militaires sont numérotés au numéro de l'arme, pas les chargeurs des armes civiles qui n'ont aucun numéro.
Afin d'être complet, voici la liste des constructeurs du P08 !
DWM, ERFURT, MAUSER, SUHL (Simson et Cie- Suhl, KRIEGHOFF SUHL, SPANDAU, WAFFENFABRIK BERN, VICKERS LTD,
AF STOEGER INC (importateur des Parabellum pour les USA, fabriqués en Allemagne sous la marque "Luger").
L'Allemagne nazie capitule en 1945 et les vainqueurs divisent son territoire en quatre zones d'occupation.
La province du Wurtemberg où se situe la ville d'Oberndorf siège des usines Mauser, est placée sous contrôle français.
Entre juin 1945 et avril 1946, suivant les sources, de 2500 à 3500 P08 furent montés aux usines Mauser, avec les pièces disponibles.
Ils sont identifiables par l'étoile à 5 branches devant le numéro de série présent sur la glissière du côté gauche (après la jonction avec le canon), une arme entièrement bronzée, dont quelques exemplaires furent phosphatés (vert clair) après remise en état, et des plaquettes de crosse en bois clair quadrillées.