Texte établi et commenté par Anne Van Loo.
VAN DE VELDE, Henry. peinture , architecture enseignement voir wikipédia
edts flammarion versa 1992 , 127 x 24 cm remplié , un poids du diable , photos assez nombreuses , 444 pages , mis à part cassure dos (286-287) bel état pour ne pas dire proche du neuf
autre volume dans mes ventes
Avec le premier volume du Récit de ma vie d’Henry Van de Velde, Anne van Loo et Fabrice van de Kerckhove nous offrent un remarquable travail d’édition. Il n’était certes pas aisé de tirer des différentes versions manuscrites de ces mémoires un texte qui soit agréablement lisible tout en restant sûr et fidèle à la pensée de son auteur. C’est que Van de Velde, d’origine anversoise, ne rédigeait qu’approximativement en français et rassembla ses souvenirs à diverses reprises, sans grande rigueur chronologique. Aujourd’hui, grâce au minutieux dépouillement d’une masse d’archives et de documents (dont la majeure partie se trouve à Bruxelles), le lecteur francophone peut, pour la première fois, prendre connaissance des mémoires d’une des figures les plus marquantes de la modernité en Belgique. Un appareil critique fourni, une bibliographie, un index et une iconographie très riche complètent ce premier tome (auquel deux autres feront suite) qui couvre la période de 1863 à 1900, c’est-à-dire de la naissance de Van de Velde à son départ pour l’Allemagne. Années d’apprentissage et d’hésitations, années aussi des premiers engagements dans une voie nouvelle. L’itinéraire de Van de Velde est en fait exemplaire de celui de toute une génération d’écrivains, d’artistes et d’intellectuels qui découvrent, au tournant du siècle, la pensée anarchiste, les théories sociales progressistes et se détournent de la tradition académique. C’est ainsi que l’on retrouve le jeune Henry aux côtés d’Edmond Picard, du cercle artistique des XX, de Verhaeren et d’Elisée Reclus. Epris d’un idéal éthique qui réconcilierait l’homme et le travail dans la production du Beau à la portée de tous, il renonce à la peinture de chevalet néo-impressionniste pour se tourner, sous l’influence du mouvement « Art and Crafts » en Angleterre, vers les arts décoratifs. Il défend l’idée que tout homme a droit à vivre dans un décor de qualité, empreint d’harmonie. Le rôle de l’artiste est alors de créer, sans rhétorique superflue, un environnement esthétique qui soit le reflet et le générateur de la personnalité de l’individu. Pour atteindre cette simplicité, Van de Velde privilégie la ligne qu’il dégage du naturalisme. C’est elle qui structure la conception rationnelle et la forme fonctionnelle de la maison-manifeste qu’il édifie à Uccle, le « Blœmenwerf ». Enrôlé sous la bannière de l’Art Nouveau, Van de Velde dépasse déjà en audace révolutionnaire son contemporain Horta. D’où sa conviction quasi messianique et l’accueil effaré du public dont Rodin se fait l’écho en le traitant de « barbare » ! En 1900, il semble encore bien long le chemin qui mène à l’architecture moderne.
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