edts france loisirs 1996 , 15 x 24 cm relié cartonné skyvertex vert bouteille , titre et motif au fer à dorer , 414 pages , bel aspect.
Résumé :
Tout commence en 566. Brunehilde vient d'épouser Sigebert, petit-fils de Clovis. Femme d'Etat, elle affirme l'ambition de sa vie: construire une France unique et indivisible. L'Histoire attendait Roger-Xavier Lantéri pour la réhabiliter.
«Belle, modeste, gracieuse, intelligente, généreuse, bonne, s'imposant par son esprit, ses traits, sa noblesse.» Le poète latin du vie siècle Venance Fortunat dresse ainsi le portrait d'une jeune mariée: Brunehilde (plus connue sous le nom de Brunehaut), la première reine de ce qui deviendra la France. L'Histoire n'en a gardé que l'image d'une sorcière assoiffée de sang, d'une guerrière ivre de pouvoir. Roger-Xavier Lantéri, lui, s'est fait l'avocat de cette femme calomniée et «condamnée à l'impopularité éternelle».
Tout commence en 566, presque un siècle après la chute de l'Empire romain d'Occident. La France se dessine peu à peu, au fil des invasions barbares et des partages familiaux. Brunehilde, fille du roi wisigoth de Tolède, Athanagild, vient d'épouser le Franc Sigebert, petit-fils du glorieux Clovis. Très vite, la jeune reine fait entendre sa voix par l'intermédiaire de son guerrier de mari. Dotée d'une grande clairvoyance politique, elle souffle à Sigebert bon nombre de décisions stratégiques. Mais, surtout, elle affirme déjà l'ambition de sa vie: rassembler les royaumes francs sous l'égide d'un seul souverain. Construire une France unique et indivisible.
Les fils de Clovis se sont partagé son royaume puis l'ont, à leur tour, divisé entre leurs enfants. La répartition géographique de ces héritages peut, au xxe siècle, nous surprendre. «Ces rois se comportaient comme, dans la vie privée moderne, des héritiers se partageant un patrimoine bourgeois, un appartement à Paris, une chasse en Sologne, un studio à Antibes.» Seul le rapport économique ou stratégique de leurs civitates (territoires) les intéresse. La reine, elle, n'hésitera pas à braver le principe de la mosaïque franque et à instituer, la première, le droit d'aînesse.
Pour Brunehilde, l'exercice du pouvoir implique également une lutte contre sa belle-soeur par alliance: Frédégonde, son ennemie jurée. Cette ancienne servante est devenue, à force de machinations, la femme de Chilpérich, le demi-frère de Sigebert. Son ambition: évincer Brunehilde. Pour asseoir son influence, chacune tente périodiquement de gagner l'assistance de Gontran, le troisième roi franc. Leurs méthodes divergent. A Frédégonde les complots, la torture, la diffamation, les trahisons. Brunehilde préfère négocier avec pragmatisme des alliances entre familles royales. Mais elle ne recule pas devant la tradition mérovingienne de la vengeance. Jamais elle n'oublie l'assassinat de sa soeur par sa rivale. Sa revanche, elle la prend sur le terrain politique, où elle conserve longtemps l'avantage. Ce que Frédégonde lui fait payer très cher: elle n'hésitera pas à faire poignarder les gêneurs - fût-ce le roi Sigebert lui-même - par des esclaves à sa solde. Elle excelle aussi dans l'art de la diffamation, et Brunehilde est, à ce titre, une victime de choix. «Qui détient le roi possède le pouvoir.» Or, après l'assassinat de son époux, c'est par l'intermédiaire de son fils que Brunehilde gouverne son royaume.
Belle leçon de ténacité que celle qui est dispensée par la reine. Car, même après la mort de Frédégonde, les rivalités ne cessent de se manifester. Les leudes (sujets) du palais - encore appelés les Meilleurs - n'entendent pas laisser passer la moindre occasion de grappiller quelques miettes de pouvoir. Opposés au modèle politique défendu par Brunehilde, ils intriguent pour conserver leurs prérogatives régionales et aristocratiques. Puis c'est au fils de Frédégonde, Clotaire II, de reprendre le flambeau. A son tour, il s'acharne sur Brunehilde et sa descendance... et fera même massacrer ses arrière-petits-fils.
Visiblement fasciné par son héroïne, Roger-Xavier Lantéri a passé dix ans à défricher, à confronter et à critiquer des montagnes de documents à la recherche de preuves du «pire des lynchages médiatiques de l'Histoire». Véritable enquête journalistique au coeur du vie siècle, Brunehilde allie des références historiques à une intrigue digne de la plus violente saga: trahisons, invasions, assassinats, guerres, massacre de sa famille..., aucune tragédie n'aura été épargnée à la première reine de France. Il ne lui aura même pas été accordé de sépulture. Aujourd'hui, sa réhabilitation est en marche. Un journaliste y a veillé.
