hachette littérature 1973,15 x 24 cm, 272 pages , photos , TBE
L'inventeur du spectacle cinématographique. L'homme dont Guillaume Apollinaire dira : "Monsieur Méliès et moi faisons à peu près le même métier : nous enchantons la matière vulgaire".
Né à Paris en 1861, il reçoit une instruction sévère encouragée par son père, austère industriel fabricant de chaussures. Mais, fasciné par les oeuvres des poètes "maudits", il entame des études artistiques sous la direction du peintre symboliste Gustave Moreau. Etudes vite interrompues par une déception amoureuse qui le conduira à Londres et plus précisément à l'Egyptian Hall, célèbre théâtre où se produisait à l'époque un grand magicien anglais, David Devant pour lequel Méliès fabriquera automates et décors. C'est sur cette scène mythique de l'illusionnisme qu'il fait ses premières armes de magicien.
En 1885, de retour à Paris, il débute comme illusionniste amateur sur la scène du Cabinet Fantastique du Musée Grévin puis sur celle de la Galerie Vivienne. Dans le même temps il se passionne pour la photographie.
1888 : le 8 boulevard des Italiens, Théâtre Robert-Houdin est à vendre ... Sans hésiter, Méliès s'en porte acquéreur et récupère le matériel des "Soirées Fantastiques" dont une dizaine d'automates construits par Robert Houdin lui-même. Jusqu'en juin 1920, il organisera dans cette salle des spectacles de magie, de "grandes illusions" souvent clôturées par des projection de photographies peintes.
En décembre 1895, invité par Antoine Lumière aux représentations du "cinématographe", il s'enthousiasme pour cette nouvelle invention que refuseront de lui céder les inventeurs. Qu'à ne cela ne tienne, il part pour Londres et rachète à William Paul, un fabricant d'appareils optiques un "animatographe" qui lui permettra, après quelques modifications, de construire son propre appareil de projection : le "Kinétographe".
Le 10 juin 1896, il tourne son premier film , une partie de cartes d'une minutes qui aura nécessité pas moins de 17 mètres de pellicules perforées à la main...
La même année un incident va changer le cours de sa carrière : "Un blocage de l'appareil dont je me servais au début produisit un effet inattendu un jour que je photographiais prosaïquement la place de l'Opéra; une minute fut nécessaire pour débloquer la pellicule et remettre l'appareil en marche. Pendant cette rupture, je vis subitement un omnibus Madeleine-Bastille changé en corbillard et des hommes changés en femmes. Le truc par substitution dit "truc à arrêt" était trouvé..." (Georges Méliès).
Suite à cette découverte, il choisit d'exploiter le cinéma spectacle, il crée le film à "vues fantastiques". Dans son studio de 17 mètres sur 66, avec l'aide de sa femme et première actrice Jehanne d'Alcy il réalise le premier film en couleur ("Le manoir du diable"), innove avec la surimpression dans le "Cabinet de Méphistophélès, imagine le tournage de scènes sous-marines au travers d'un aquarium , utilise le gros plan et l'accéléré ...
Son cinéma "impossible" enthousiasme le public. Ses bénéfices sont fabuleux; il crée la compagnie "Star Film" pour exporter ses appareils et ses films aux Etats-Unis notamment. Au faîte de sa gloire, il monte la première troupe professionnels de cinéma.
Mais, alors que l'industrie cinématographique s'organise, sa production reste trop artisanale. Il réalise ses derniers films pour Pathé dont le célèbre "A la conquête du pôle" en 1912. Incapable de lutter contre les reproductions pirates de ces films, traité "d'artiste" par Gaumont, il sombre dans les difficultés financières.
La "Star Film" fait faillite; Méliès est définitivement ruiné, déjà oublié. Il meurt le 21 janvier 1938. Il repose aujourd'hui au cimetière du Père-Lachaise à Paris
