Un revolver pour résoudre le gros problème du MR73 : son prix
Pour équiper les forces de l’ordre française qui cherchent à remplacer leurs différents pistolets en 7,65 Browning, Manurhin ne peut malheureusement pas proposer son légendaire MR73 tant apprécié par le Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) à cause d’un coût d’acquisition trop élevé.
Dans les années 1980, Manurhin acquiert des carcasses de revolvers auprès de l'entreprise américaine Ruger pour développer le RMR 73 (Ruger Manurhin), toujours chambré en .357 Magnum. Ce modèle évolue ensuite en Special Police F1, disponible en canons de 3 et 4 pouces. S'appuyant sur une base Ruger, il présente des similitudes avec le Ruger GP100, notamment en termes d'ergonomie. Ces nouveaux revolvers Manurhin sont plus simples mécaniquement et disposent d’un nombre réduit de pièces pour diminuer les coûts. Utilisé par la police française, le Special Police a été remplacé dans les années 2000 par des pistolets semi-automatiques, en l’occurrence : le Sig Sauer SP 2022 en 9 mm.
Un revolver robuste avec une finition impeccable
Comme son grand frère MR73, le F1 encaisse les cartouches de .357 Magnum sans problème. Le revolver est robuste et sa poignée en gomme Trausch qui absorbe une partie de l’énergie de recul. Ainsi, le tir est agréable malgré son canon de trois pouces et son poids de 940 grammes.
La détente est excellente, la simple action est nette et la double action est souple. Néanmoins, il s’agit d’une détente orientée « combat » donc plus lourde que sur des revolvers de tir sportif.
Le Special Police existe en deux finitions, une version bronzée, le F1, et une version en inox, le X1. Le bronzage du F1 est noir profond. Seuls le marteau, la queue de détente et l’anneau pour une dragonne viennent rompre la monochromie de l’arme.
Bien que la manipulation du revolver ne présente pas la finesse d’un mécanisme d'horlogerie comme le MR73, elle reste tout de même bien plus "raffinée" que celle des revolvers modernes. Le Special Police F1 dispose d’une barre de transfert qui est un système de sécurité qui permet au revolver de ne pas faire feu en cas de chute sur le marteau. Lorsque le marteau est en position arrière, la barre de transfert transfèrera (d’où le nom) l’énergie de l’impact du marteau sur le percuteur. Quand on relâche la détente, la barre s’efface et laisse alors un espace vide entre le marteau et le percuteur.
Sur le pas de tir
Au tir, le Special Police F1 permet d’enchainer les barillets de .357 Magnum sans fatigue. Sa poignée Trausch fait des merveilles dans la gestion du recul, rendant l’expérience agréable malgré le canon court qui génère de belles flammes à chaque tir, la poudre des cartouches de .357 Magnum n’ayant pas le temps d’être totalement consumée.
J’ai eu la chance de tirer un peu plus de trois cent cartouches de .357 Magnum avec ce revolver (réparties sur plusieurs séances), et jamais je n’ai ressenti le besoin (ni l’envie) de revenir au .38 Special tant le tir est ludique. Malgré ses dimensions, ce revolver s’avère être une plateforme idéale pour essayer le .357 Magnum sans se ruiner, car son prix est une fraction de celui du MR73.
La précision mécanique du revolver est excellente, mais le tireur doit se contenter d’organes de visée basiques. C’est une arme de police et non une machine pour faire des points sur une C50 à 25 m.
L’histoire continue
Aujourd’hui, le Manurhin Special Police F1 n’est plus en production, mais il reste une pièce recherchée par les collectionneurs d’armes, notamment pour son histoire unique et son rôle au sein des forces de l’ordre françaises. Son héritage se poursuit dans les modèles plus récents de revolvers produits par Chapuis Armes, qui a repris la production de certains modèles de Manurhin dont le MR73 ainsi que le MR88 ergonomiquement identique au Special Police mais fabriqué de manière plus moderne.