Surveiller son territoire, comment s'équiper ?
Que vous soyez propriétaire ou locataire d'un territoire de chasse ou simple amoureux de la faune sauvage, vous avez surement envie d'observer les animaux, gibiers ou non qui vivent dessus. Certains gestionnaires veulent également protéger leur domaine contre des personnes peu scrupuleuses qui pourraient réduire à néant leurs efforts de gestion de la faune sauvage. Pour cela il existe de nombreuses solutions, certaines actives comme les intensificateurs de lumière et les caméras thermiques et d'autres passives et très discrètes comme les pièges photos. Ces derniers appareils sont également très utiles pour surveiller des bâtiments et hangars à l'écart des regards et cela de jour comme de nuit !
Vous possédez un étang, un bois, vous louez une jolie chasse de plaine, la tentation est grande d'observer le gibier et les divers animaux qui vivent dans cet espace naturel. Si cela est aisé de jour avec une simple paire de jumelles ou une longue vue, la chose se complique la nuit. De plus un trop grand dérangement de la faune peut l'inciter à quitter la zone. Le mieux est bien sûr de rester discret, une discrétion qui permettra aussi de vérifier si des personnes mal intentionnées fréquentent elles aussi votre petit paradis afin d'en profiter illégalement et parfois de réduire à néant vos efforts de gestion. Plans d'eau pillés, petits gibiers braconnés, il existe des moyens pour connaitre les allées et venues du gibier et des braconniers.
Les intensificateurs de lumière
Ces appareils se présentent sous forme de monoculaires ou jumelles. Ils permettent d'observer la faune sauvage et les personnes qui fréquentent votre territoire de nuit. Il y a deux types d'intensificateurs de lumière, ceux comportant un tube à l'intérieur duquel les photons vont percuter une plaque de métal ce qui libère des électrons qui seront visualisés sur un écran phosphorescent. La lumière de la lune par exemple permet d'amplifier 1000 x la lumière résiduelle. Le second type d'intensificateurs de lumière se développe rapidement. Ils sont entièrement numériques et embarquent un capteur CMOS un peu identique à ceux qui équipent les appareils photos numériques. Nous avons récemment testé le monoculaire Signal RT de Yukon qui fait partie de ces modèles numériques. Un apport artificiel de lumière est confié à un illuminateur infrarouge dont les ondes sont normalement invisibles pour le gibier. Attention, le rayon est visible pour l'homme.
Les différentes générations d'intensificateurs.
Il existe plusieurs générations d'appareils intensificateurs de lumière « traditionnels » qui embarquent des composants différents. Les intensificateurs de 1 ère génération sont les plus courants. Ils ne valent pas trop cher, entre 200 et 500 €. Ils permettent de voir la nuit en effet mais l'image est verte, souvent floue sur les bords et d'un aspect neigeux. Passé 150 mètres de distance les observations ne sont pas très bonnes. La génération 2 comporte en général un tube amplificateur d'électrons qui améliore les performances d'intensification de la lumière. L'image est meilleure mais ces modèles sont plus couteux, entre 500 et 1000 €. La 3 ème génération contient un produit chimique améliorant encore les performances nocturnes. L'image est nette, claire mais ils valent plus de 4000 €. Quant aux appareils de 4 ème génération ils sont pour le moment réservés à des usages militaires ou de forces de l'ordre. L'image est superbe, même dans l'obscurité totale mais ils valent une fortune ! Les appareils numériques ne sont pas concernés par ces générations.
Que dit la loi en France sur les appareils de vision nocturne
Le décret de loi N° 2005-1222 du 28 septembre 2005 précise : « les équipements de vision nocturne à intensification de lumière de 1ère, 2ème et 3ème générations sont disponibles à la vente sous réserve que ces appareils ne puissent être mis en œuvre sans l'aide des mains. » Il est donc interdit de monter une lunette de vision nocturne sur une arme tout comme le fait d'utiliser un dispositif sur la tête permettant de fixer un monoculaire ou une paire de jumelle de vision nocturne devant les yeux.
Les caméras thermiques
Les caméras thermiques sont une véritable révolution dans la surveillance du territoire. Ces appareils ont un peu la même forme que les intensificateurs de lumière. La plupart sont des monoculaires et s'utilisent comme des jumelles dans le principe. Mais contrairement aux intensificateurs de lumière les caméras thermiques fonctionnent parfaitement dans le noir complet ! Ces caméras enregistrent les rayonnements infrarouges émis par les corps. Ces ondes de chaleur sont retranscrites sur l'écran, permettant de mettre en évidence les zones les plus chaudes. Un chevreuil ou un sanglier apparait comme le nez au milieu de la figure dans une plaine à plus de 200 mètres. Il est aisé de comprendre que le comptage de grands gibiers par exemple sera facilité avec ce type d'appareil de nuit. Nous avons pu, lors du test de modèle Hélion de Pulsar détecter la signature thermique de chevaux à plus de 600 mètres. Certains modèles de caméra thermiques permettent d'enregistrer des vidéos ou de prendre des photos. Ces caméras thermiques, lorsqu'elles sont de bonne qualité sont assez couteuses, plus de 1500 €. Nous avons particulièrement aimé le monoculaire LTO Tracker de Leupold, petit, compact et qui permet de bien observer des animaux de la taille d'un chevreuil jusqu'à plus de 150 mètres grâce à un zoom efficace.
Les pièges photo
Solution plus passive et donc beaucoup plus discrète que les intensificateurs de lumière et les caméras thermiques, les caméras de surveillance, souvent dénommées pièges photo sont économiques. La plupart des modèles coutent aux alentours de 200 €, et sont assez simples à utiliser à l'image du Bullet proof 2 de Primos ! Il est donc possible d'en installer plusieurs sur son territoire, à des endroits stratégiques pour la faune, ou pour les visiteurs bipèdes ! Lisez attentivement la réglementation concernant leur pose dans la nature en encadré à la fin de ce dossier! Il existe deux grandes catégories de pièges photos, ceux ne disposant que d'une carte mémoire pour stocker les vidéos et photos capturées par l'appareil et ceux qui en plus envoient des photos sur votre smartphone ou votre ordinateur grâce à une carte Sim installée dans le piège photo. Si cette dernière option peut sembler superflue pour observer sangliers et autres gibiers venant sur une place d'agrainage (quoi que car cela limite le dérangement du au fait d'aller relever la carte mémoire…) il en va tout autrement si ce SMS vous alerte lors de l'intrusion d'un braconnier sur votre territoire ou d'un voleur rodant autour de votre cabane de chasse ou d'un hangar en forêt ! Ces modèles avec carte Sim sont souvent dénommés Wireless, ils sont plus couteux mais plus polyvalents puisqu'ils peuvent aisément remplacer une alarme pour surveiller votre maison lors de vos vacances ! Nous avons pu tester plusieurs modèles de pièges photos ces dernières années. Bushnell est un des leader dans ce domaine. Le modèle Agressor délivre des images d'une excellente qualité. Le modèle Trophy cam Wireless de la marque américaine fonctionne très bien, tout comme le modèle également équipé d'une carte SIM de chez Num'axes. Minox propose un large choix de caméras de surveillance. Le nouveau modèle, le 390 DTC filme en HD et possède de belles caractéristiques techniques.
Que dit la loi concernant l'usage des pièges photos
L'Office Nationale de la Chasse et de la Faune Sauvage a publié un texte à l'intention des personnes souhaitant installer des pièges photos dans la nature. Vous pouvez retrouver lire l'intégralité de ce texte mais en voici un résumé.
Sur un territoire privé
Un particulier peut installer - sans formalité - des appareils photos ou caméras sur sa propriété pour en assurer la sécurité ou contrôler les allées et venues du gibier. Cette démarche de vidéosurveillance n'est soumise ni aux dispositions de la loi « Informatique et Libertés » ni à celles du code de la sécurité intérieure sous réserve de respecter la vie privée des voisins, des visiteurs autorisés et d'éventuels passants sur des voies ouvertes. En d'autres termes, au regard des capacités techniques de l'appareil, il importe de bien caler la capture des images uniquement sur l'intérieur de la propriété et les éventuels chemins d'accès privés. Le propriétaire n'a pas le droit de filmer la voie publique, même pour assurer la sécurité de sa clôture ou de ses biens. Seules les autorités publiques (les mairies notamment) peuvent filmer la voie publique.
Seules les captures d'images des animaux suivis peuvent être exploitées librement. Toute autre photo sur laquelle une personne privée est identifiable ne peut faire l'objet d'exploitation sans son autorisation manifeste(2). Afin de s'assurer qu'il ne peut y avoir d'accès aux clichés par un tiers non autorisé, il convient de respecter les conditions techniques en sécurisant l'accès à ces données. Ainsi, on doit faire en sorte, par exemple, que la carte SD ne soit pas accessible (dans un boitier verrouillé) ou que les informations sont cryptées et uniquement utilisables par la personne autorisée.
Sur un territoire loué
Lorsque le territoire est loué à un chasseur (ou une association) qui dispose du droit de chasse ou lorsqu'il s'agit d'un simple droit de chasser, la pose de ce type d'appareil est obligatoirement soumise à l'accord du propriétaire.
En effet, sur le domaine privé du bailleur (personne privée), il y aura potentiellement ingérence et atteinte à l'intimité de la personne ou de ses proches. Dès lors, le chasseur locataire doit disposer impérativement d'une autorisation préalable des personnes privées dont l' « intimité » (vie privée) est fortement protégée. Il en est de même sur le domaine privé des personnes publiques (location de chasse communale) soumis aux charges et obligations du droit commun, notamment, dans l'usage et la gestion. Il est donc important d'obtenir l'accord du gestionnaire sur l'utilisation de ce type de matériel, notamment lorsque l'atteinte à la vie privée risque d'être caractérisée. Dans tous les cas, les dispositifs de capture des images devront être orientés de façon à ne pas pouvoir prendre de photos de tout lieu ayant la nature d'un domicile.
Si vous souhaitez lire l'article complet: http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/juridique_synthese/question_juridique_pieges_photos.pdf