Les fusils et carabines françaises à l’aube de la Grande Guerre
À la fin du XIXe siècle, l'armée française est équipée du fusil Lebel Modèle 1886, une arme révolutionnaire à son époque. Développé rapidement sous la pression du ministère de la Guerre dirigé par le général Boulanger, ce fusil combine des éléments éprouvés : la culasse inspirée du Chassepot Modèle 1866 et le système d’alimentation tubulaire du Kropatschek Modèle 1878. Cependant, malgré ses innovations, le Lebel présente des limites. En 1914, il est déjà considéré comme obsolescent.
L’armée française, consciente des besoins spécifiques des troupes montées et des unités d’artillerie, envisage une version raccourcie du Lebel. Malheureusement, les essais de cette version modifiée s’avèrent décevants. C’est alors que l’ingénieur André Berthier propose une alternative : une carabine conçue autour d’un système d’alimentation inspiré de celui du Mannlicher, avec un chargeur pouvant accueillir initialement 3 cartouches grâce à un clip.
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Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'arsenal de fusils Lebel s’avère insuffisant pour équiper toutes les troupes. De plus, les lignes de production du Lebel, arrêtées en 1904, ne peuvent être relancées rapidement. L’armée française décide donc de privilégier la production des Berthier, plus simples et rapides à fabriquer. Outre les modèles destinés aux troupes montées, des variantes pour l’infanterie sont introduites, à commencer par le fusil Modèle 1902.
Ces armes sont produites par plusieurs manufactures françaises : Châtellerault, Saint-Étienne et Tulle. L’industrie privée et des fabricants étrangers, comme Remington aux États-Unis et Delauney Belleville en France, participent également à l’effort de production.
Si vous voulez poursuivre l’histoire des armes utilisant le système Berthier, je ne saurai trop vous recommander l’ouvrage de Jean Huon : Les Carabines et les Fusils Berthier.
Les Mousquetons
Divers mousquetons et carabines ont été fabriqués pour l’armée ou la gendarmerie. Initialement ces armes compactes étaient destinées aux soldats qui n’étaient pas en première ligne, comme les artilleurs.
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Dans notre cas, il s’agit d’un Mousqueton Modèle 1892 qui a reçu les modifications de 1916 avec le magasin de 5 cartouches, celles de 1920 avec les nouveaux organes de visée et la modification de 1927 qui supprime la baguette de nettoyage et ajoute un quillon pour mettre les armes en faisceau.
On estime la production de ces armes à environ 700 000 exemplaires fabriqués par la Manufacture d’Armes de Saint-Etienne et par celle de Châtellerault.
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Ergonomie et tir
Le mousqueton Berthier est une arme assez compacte et facile à prendre en main. Comme sur beaucoup d’armes françaises de l’époque, il n’y a pas de sûreté.
Quand on veut tirer, on insère le clip, on ferme la culasse et on appuie sur la queue de détente. Une fois le clip vide, on ouvre la trappe pour qu’il tombe avec un “ping” agréable à l’oreille quand il frappe le sol (mais pas autant que celui d’un Garand).
Le recul est puissant avec son faible poids et son canon court. Les organes de visée sont sommaires bien que réglables jusqu’à 2000 mètres... L’expérience est divertissante mais tirer plusieurs dizaines de cartouches devient rapidement fatiguant surtout si on ne tire pas debout pour absorber le recul.
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Si on utilise un clip en bon état, la manipulation de l’arme est agréable. C’est plus « basique » qu’un Gewehr 88 mais on peut rapidement manipuler la culasse qui contrairement au Lebel est courbée.
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