Mag' Chasse

Le talent est parfois méconnu, voire maltraité... L'arme de chasse n'y échappe pas. Le Finn 612 SC semble poursuivi par un destin néfaste, jusqu'à maintenant du moins. Probablement pour trois raisons. Ce fusil est « mal né » : apparu à l'aube des années 1970 sous la marque finlandaise Valmet comme modèle Leijona (« lion » en finnois), il était lourd, déséquilibré vers l'avant, lent en montée à l'épaule, affublé de lignes ingrates, et très sommairement présenté et fini. Il s'avérait également trop cher, vendu l'équivalent de 2 600 d'aujourd'hui. Enfin, il a changé de nombreuses fois de nom pour, après la signature Valmet, porter celle de Tikka, puis de Finn Classic et maintenant de Finn tout simplement.

Tous ces changements ne lui ont jamais permis d'affirmer et de stabiliser son image...

Dès son lancement, le futur Finn 612 SC bénéficiait cependant de réels atouts. Sa prise en main et sa visée s'approchaient très près de la perfection. Sa détente se montrait en tous points remarquable. Ses qualités balistiques culminaient au plus haut niveau. Sa fiabilité et sa robustesse défiaient les références les plus établies du moment...

Tout cela demeure. Et la quasi-totalité des errements de ses débuts ont été corrigés. Notamment son tarif, qui se situe désormais à 1 590 environ, soit 40% de moins qu'initialement.

Le Finn 612 SC n'est plus fabriqué en Finlande, mais chez Marocchi en Italie avec un niveau d'automatisation inconnu en 1970, cela lui a permis de réaliser des progrès impressionnants en méticulosité de réalisation et en valeur d'usage que notre exemplaire de test illustre brillamment. Équipé de canons de 65 cm (des tubes de 70 cm sont également disponibles) chambrés en calibre 12/76, il ne pèse que 3,060 kg, son équilibre est parfait et il fuse à l'épaule grâce à la forte concentration de ses masses autour de sa bascule comme un « ultraléger » de 2,700 kg ! Son devant « tulipe » aux arrondis très élaborés et la poignée pistolet légèrement asymétrique de sa crosse, dotés de quadrillages mécaniques insolites mais tout à fait efficients, assurent une prise en main magique. La bande de visée ventilée large de 11,5 mm au niveau de la frette puis se réduisant à 9 mm reçoit un fin guidon intermédiaire gris et un gros guidon terminal rouge luminescent qui propulsent irrésistiblement les canons vers leur cible. La détente unique mécanique, avec sélecteur transversal intégré, ménage une douceur et une franchise exceptionnelles. La percussion s'avère aussi rapide que puissante. Les éjecteurs automatiques à ressorts s'acquittent scrupuleusement de leur mission. L'excellente prise en main du 612 SC, son équilibre magistral et le sabot amortisseur en caoutchouc noir, équipant sa crosse, garantissent un confort de tir remarquable, même avec les munitions magnum à grenaille de plomb ou les cartouches « haute performance » à billes d'acier.

Ce fusil est bien sûr éprouvé pour le tir des substituts non-toxiques les plus contraignants (acier, sphero tungsten...). Quant aux gerbes engendrées par les chokes interchangeables intérieurs longs de 70 mm, elles affichent, malgré la compacité des tubes, une régularité digne de très bons embouts fixes ; attestant de la haute précision de mécanisation et du soin de polissage de cette canonnerie.

Qualités que l'on retrouve dans l'ajustage du faisceau de tubes à la bascule et dans son verrouillage confié à une pièce en « tuile » qui coiffe l'arrière du canon supérieur ; un mécanisme aussi solide qu'endurant et... expérimenté, puis qu'apparu au début des années 1920 sur le superposé français Damon Petrick. La bascule en alliage léger, dont les zones de percussion sont renforcées par un insert en titane et les flasques d'articulation usinées en acier inoxydable, démontre elle-aussi une robustesse assez inouïe.

La seule lacune de conception subsistant sur le Finn 612 SC est sa sûreté qui s'enclenche automatiquement lorsqu'on le déverrouille. Cet accessoire agaçant est heureusement facile à neutraliser. Même la présentation et la finition sont devenues quasiment irréprochables. Le bronzage noir des canons est impeccable. Le traitement gris-titane de la bascule, du verrou « tuile » et de sa clé, et de la détente et du pontet se révèle à l'identique. Le noyer de la crosse et du devant est judicieusement mis en valeur par son ponçage à l'huile semi-brillant tout à fait réussi. Notre unique minime critique porte sur la vis de fixation de l'insert entourant les percuteurs, dont la fente n'est pas positionnée impeccablement à la verticale. Là encore, les améliorations apparaissent considérables depuis les lointaines origines du modèle ; dont il ne reste que les lignes insolites, surtout le devant vraiment massif, pour freiner éventuellement l'acheteur...

Le Finn 612 SC s'affirme comme le superposé le plus abouti et le plus efficient existant sur notre marché dans son créneau de tarif. Un fusil singulier et envoûtant, à découvrir et à acheter en totale confiance pour des dizaines d'années de satisfaction de tous les instants !