Renommé pour la robustesse, l'efficacité et le prix toujours contenu de ses réalisations, l'industriel italien s'attaque cette fois au fusil de hutte.
La firme transalpine Sabatti baptise son modèle Canardier, mais il s'agit de ce que les « huttiers » appellent depuis toujours un « canardouze ». C'est-à-dire un fusil juxtaposé à longs canons parfaitement parallèles, conçu pour le tir simultané de ses deux coups sur des oiseaux posés sur l'eau. Le canardouze ne convient d'ailleurs que pour cela. Son poids, 5,280 kg ici sans la lunette installée par l'importateur (6,260 kg avec !), en rend l'usage impossible pour le tir au vol. Quant à ses tubes, ils expriment au mieux leurs aptitudes balistiques lorsque les deux coups sont déclenchés en même temps ; en pressant directement la seconde détente, et non la première puis la seconde comme pour le tir séparé des deux cartouches.
Indispensables embouts plein-choke « acier »
L'engin expédie donc en une seule salve deux charges de billes d'acier 12/76 ou 12/89, soit de 64 à 84 g de grenaille. Nous avons seulement testé la première formule... et cela « décoiffe » déjà rudement malgré la masse de l'engin, le lest placé dans sa crosse pour le stabiliser et l'épais sabot en caoutchouc plein de cette même crosse. Mais lorsqu'un beau vol d'oies se pose sur le plan d'eau et que les plus proches d'entre elles s'obstinent à demeurer à une quarantaine de mètres, le huttier oublie toute appréhension ! Il est cependant bizarre que les deux canons de 81 cm de notre arme de test, équipés de chokes interchangeables intérieurs longs de 51 mm, aient été dotés d'embouts demi-choke et plein-choke « plomb ». Et non de deux embouts demi-choke « plomb », soit plein-choke « acier ». Cela éviterait les gerbes assez « surprenantes » observées sur nos cibles... En revanche, le canon droit utilisé seul, donc en configuration plein-choke « acier », a produit des résultats tout à fait convaincants : que ce soit avec les munitions à grenaille d'acier (Fob ZH) ou avec celles à billes de cuivre doux (Fob Sweet Copper) employées pour nos tirs. Ce fusil doit donc vraiment être muni de deux embouts plein-choke « acier » (demi-choke « plomb »).
Hormis cela, que dire de cette « bizarrerie armurière » hyper-spécialisée ? En fait, beaucoup plus de choses que celles imaginées a priori. Tout d'abord, la prise en main excelle autant sur la poignée pistolet asymétrique de la crosse que sur le devant en « queue de castor ». Ensuite, la bascule paraît bien fine. Elle est établie aux cotes du calibre 12. Sa robustesse ne laisse planer aucun doute, mais l'œil n'y trouve pas son compte avec un déséquilibre visuel criant par rapport aux canons et à la crosse.
Netteté et franchise
Un autre point remarquable est la netteté, la franchise et même la douceur de la seconde détente lorsqu'elle est utilisée pour le déclenchement synchronisé des deux coups. Cette partie du mécanisme, cruciale pour un canardouze, a été étudiée avec grand soin. L'adaptation d'une lunette de visée de nuit avec réticule en U est également très appréciable, d'autant que le grain d'orge doré qui termine la bande s'avère trop fin pour permettre une visée correcte par faible luminosité. La Spartan 8x56 « made in China » de notre Canardier affiche un prix tout doux d'environ 250 , montage sur rail avec ressorts amortisseurs et réglage inclus. Ce qui maintient le tarif total de l'arme, vendue 1 890 « nue », peu au-dessus de 2 000 . En imposant, en contrepartie, d'accepter, pour cette optique, une finition rudimentaire, une transmission lumineuse quelconque et un champ limité à 2,20 m à 40 m : ce qui n'a rien de franchement « grand écran ».
La percussion, confiée à une classique batterie Anson, se montre puissante à souhait. Le double verrou inférieur massif chargé de solidariser l'énorme faisceau de canons avec le reste du fusil remplit scrupuleusement sa mission. à l'instar du gros extracteur et de la sûreté confiée à un poussoir sur la queue de bascule. Naturellement, le Canardier bénéficie de l'épreuve spéciale « billes d'acier ».
Rustre mais efficace
Côté finitions : le noyer de la crosse et du devant ignore presque toute idée de « veines ». Le ponçage à l'huile du bois l'assombrit sans réellement le valoriser. Le jaspage de la bascule en acier rappelle celui de l'ancien Robust 221 de Manufrance : version bas de gamme du mythique juxtaposé stéphanois. Cette bascule est dépourvue de la plus infime esquisse de gravure. Le traitement noir mat des canons, probablement très résistant à l'oxydation, se raye en revanche à la première occasion... Le Sabatti Canardier est un pur « fusil-outil ». Rustre, basique, destiné à une frange d'utilisateurs qui n'en attendent que l'efficacité la plus extrême. Et là, le contrat est rempli. à condition cependant de toujours équiper les deux canons d'embouts demi-choke « plomb », soit, rappelons-le une fois encore, plein-choke « acier », dont il est incompréhensible que cet impressionnant fusil ne soit pas pourvu d'origine. Il est essentiel d'y veiller au moment de l'achat...·
Points Forts
+ Forte personnalité
+ Conception et fabrication rigoureuses
+ Fiabilité et robustesse avérées
+ Efficacité impressionnante
+ Prise en main exceptionnelle
+ Détentes nettes et franches
+ Prix raisonnable
Points Faibles
– Arme ultra-spécialisée
– Poids délirant (mais nécessaire)
– Traitement extérieur des canons sensible aux rayures
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