
L'histoire
Pour équiper la cavalerie en 1890, l'armée française adopte la carabine Mle 1890 du système Berthier. La cavalerie n'avait pas besoin d'une baïonnette, puisqu'elle était déjà équipée de sabre, son arme principale. La gendarmerie perçut aussi une carabine Mle 1890, légèrement différente et pourvue cette fois-ci d'une baïonnette. Cependant, cette dernière ressemblait fortement à l'épée-baïonnette Mle 1886 du fusil Lebel, c'est-à-dire que la lame était une pointe quadrangulaire. C'est lorsque l'artillerie fût dotée du mousqueton Mle 1892 qu'une nouvelle baïonnette fût développée : l'épée-baïonnette, et dont le nom indique une lame de 400 mm, à un tranchant avec le dos lisse et deux gouttières de chaque côté, et se terminant par une pointe. Un quillon est présent pour maintenir les mousquetons en faisceaux et la baïonnette vient se fixer sous le canon. Le fourreau est en tôle d'acier et se termine par une bouterolle qui est percée pour évacuer l'eau de pluie. Cette baïonnette est plus pratique pour les travaux d'aménagements que peuvent être amenés à faire les artilleurs.
Le mousqueton Berthier Mle 1892 fût par la suite distribué aux troupes qui avaient besoin d'une arme courte, moins encombrante que le fusil d'infanterie, comme par exemple les sections de mitrailleurs, les sapeurs, les télégraphistes ou les chasseurs alpins. Le mousqueton et sa baïonnette ont eu une très longue carrière dans l'armée française, puisqu'ils furent largement utilisés durant la Première Guerre mondiale, mais aussi toujours en emploi durant la Seconde Guerre mondiale, et l'occupant allemand les utilisera à son tour activement sur le territoire national.
On notera que les fusils Berthier (indistinctement des modèles coloniaux que du 07-15) adoptent leur propre baïonnette ou celle du fusil Lebel.

Le sabre-baïonnette a connu différentes évolutions, en voici la liste :
- Jusqu'à la fin de l'année 1893, les baïonnettes fabriquées par Châtellerault possèdent un marquage du type “Mre d'Armes de Châtl Avril 1893” sur le dos de la lame, dans le même style que les marquages que l'on retrouve sur les baïonnettes Mle 1874 des fusils Gras. Ces baïonnettes sont rares et recherchées.
- En 1898, une encoche à pan creux a été implantée des deux côtés de la lame pour mieux tenir la baïonnette dans son fourreau. Il est très rare de trouver un exemplaire qui n'ait pas eu cette modification.
- En avril 1912, la douille (partie cylindrique permettant la fixation de la baïonnette sur l'arme) est rallongée pour mieux tenir la baïonnette sur le mousqueton.
- À partir de 1917, les plaquettes en fibre noire sont remplacées par du bois lors de réparations.
- À partir de septembre 1918, le quillon est raccourci pour la cavalerie, puis en sortie d'usine à partir de 1925.

En règle générale, on distingue deux types de baïonnettes : à douille courte et à douille longue. Certaines sources mettent en avant le troisième type : à quillon court. La réalité se situe au milieu, surtout que le changement des plaquettes par le bois complexifie la classification, même si elle fait le bonheur des collectionneurs !

Le modèle 1892 à douille courte
Le modèle 1892 à douille courte se distingue immédiatement par la douille dont la largeur est identique à celle de la croisière. Les plaquettes d'origine sont dans une matière en fibre noire qui sont très fragiles : généralement ces plaquettes sont très souvent abimées au niveau des rivets et il n'est pas rare de trouver des baïonnettes dont les plaquettes ont été changées par du bois et avec des rivets larges.
Le numéro de série est inscrit sur le quillon et il est préférable d'avoir le fourreau avec le même numéro.
Les modèles les plus recherchés sont ceux avec l'inscription de manufacture sur le dos de lame et ceux qui ne possèdent pas le pan creux sur le côté gauche de la lame.



Le modèle 1892 à douille longue
À partir de 1912 la douille est rallongée pour que la baïonnette tienne mieux en place sur le mousqueton lors des tirs. Un simple coup d'œil permet de faire la distinction avec la version à douille courte. Le reste des caractéristiques reste identique, et cette baïonnette est plus commune avec les plaquettes en bois sur la poignée.



Le modèle 1892 à quillon coupé
La version à quillon coupé est parfois nommée “3ème type” par certains collectionneurs. Elle se mélange allègrement entre les versions à douille courte et longues comme vous pouvez le voir dans cet article. Lorsque la cavalerie française fût mise à pied à partir de 1914, car elle n'avait plus d'utilité dans la guerre de tranchée, il fallait leur fournir une baïonnette pour équiper leurs carabines de cavalerie. C'est à priori sur leur demande que le quillon fût amputé vers 1918, pour que la pratique se généralise à toutes les baïonnettes, anciennes comme nouvelles.


On peut observer des différences de “coupe” ou d'usinage dans cette amputation du quillon selon les exemplaires rencontrés. La raison de cette coupe n'est pas réellement connue et il se peut que ce quillon ait été gênant pour les cavaliers, même à pied.


