Mag' Chasse

Cette carabine RS 14 de Strasser est fabriquée en Autriche, dans une usine spécialisée dans les pièces pour l'aéronautique. Autant dire que les ajustages sont précis et les finitions haut de gamme ! La compagnie produit notamment des pièces pour le lanceur Ariane… gage de fiabilité ! Cette RS 14 que j'ai pu tester succède au modèle RS 05 qui avait quant à lui été présenté en 2005 et commercialisé dans la foulée. Cette carabine n'avait pas connu un grand succès, il n'en est visiblement pas pareil pour le nouveau modèle lancé en 2014 et qui suscite un réel intérêt dans un marché peut être plus mûr et habitué à ce type d'arme « mécano » car en effet cette RS 14 est modulable et démontable, le tout sans outil ou presque ! D'ailleurs si nous nous amusions à en séparer tous les éléments pour les étudier dans le détail ! Installez-vous confortablement car ce n'est autre que Horst Blaser, inventeur de génie qui est à l'origine de cette carabine, il y a donc beaucoup à dire.
 

La crosse et le devant de la Strasser RS14

Issus d'un superbe noyer de classe six étoiles, crosse et devant sont très bien usinés. La crosse possède un busc droit et une joue allemande à simple filet. Le poncé huilé est très bien exécuté et il met bien en valeur les veines plus sombres du bois.
La poignée pistolet reçoit un quadrillage diamant traditionnel assez fin. La poignée est assez droite, avec un renflement pour la paume de la main confortable. Elle est terminée par une calotte en polymère dont le centre est amovible et peut être remplacé par un modèle personnalisé.
Le sabot amortisseur est confectionné en matière caoutchoutée souple et mesure 2 cm d'épaisseur. Il est granité en surface afin de ne pas glisser contre la veste. Cette crosse peut être démontée du boitier de culasse à l'aide d'une clé 6 pans, la vis étant positionnée à l'arrière de la poignée pistolet.
Le devant est assez fin et reçoit le même quadrillage que la poignée sur une grande longueur ce qui permettra à tous les chasseurs de trouver une bonne position de la main faible. Il est terminé par une tulipe en ébène qui donne une image sobre et intemporelle à cette arme pourtant hyper moderne.  Il est possible de séparer le devant du reste de la carabine en quelques secondes grâce à une petite clé Alen dissimulée dans le bloc de sous garde. Nous reviendrons dessus plus en détail dans la partie consacrée aux départs. Dans le fond du devant bois est logée une petite tige métallique noire qui sert à démonter le canon. Tout est pensé, inventé et réalisé avec goût et méticulosité !
 

Le boitier de culasse

Il est confectionné en alliage léger, de l'aluminium aéronautique pour être précis. Il reçoit tout comme le canon un traitement de surface moderne: une nitruration au plasma nommée PlasOX. La nitruration au plasma est un traitement thermochimique de la surface au cours duquel l‘azote moléculaire (N2) est craqué en azote atomique dans le plasma. L‘azote pénètre dans la surface du composant et augmente ainsi la trempe et la résistance à l‘usure.
Il est assez haut visuellement même si les larges fenêtres d'éjection au sommet l'allègent un peu. Ce boitier comporte des plaquettes amovibles de part et d'autre de ses flancs. Sur le modèle Black Widow testé ici elles sont noires avec marquage du nom du modèle en lettre et chiffres dorés, un peu à la façon de certaines armes Blaser, carabine R93 et fusils F3 et F16 par exemple.  La Strasser RS 14 Consul reçoit des plaquettes bois, le modèle Luxus des plaquettes animalières argentées, quant aux luxueux modèles RS 14 Exclusive I et II c'est tout le boitier de culasse, les plaquettes et la noix de culasse qui sont gravés.
Ce boitier de culasse comporte dans sa partie basse le bloc de détente, qui est amovible, et le puit de chargeur. Pour libérer le chargeur rien de plus simple il suffit d'appuyer simultanément sur deux demi-sphères placées entre les plaquettes amovibles et le devant bois. C'est un système hyper discret, j'avoue l'avoir cherché un petit moment la première fois que j'ai pris l'arme pour aller sur le terrain…
Dans sa partie haute ce boitier en alliage abrite les deux grandes fenêtres d'éjection des douilles. Pourquoi deux ? pour que ce boitier puisse, une fois n'est pas coutume permettre de proposer une arme gaucher intégral, le tout sans autre développement mécanique couteux, ce qui empêche par exemple pour le moment à Merkel de proposer sa carabine RX Helix en version gaucher ! Il faut non seulement repenser tout le système d'usinage du boitier de culasse mais aussi tout le système d'éjection, chose qui a été réalisé dès le début et la première version RS05 par Strasser et ses équipes de recherche et développement ! Une bonne idée que les gauchers vont surement applaudir !
Pourquoi ne pas avoir réalisé un système totalement ouvert ? Tout simplement parce que le pont central consolide le bloc usiné et permet d'accueillir le montage mis au point par Strasser. Certaines RS14 sont livrées avec un rail Picatinny qui permet de monter des optiques rapidement et avec des montages très économiques. Le montage propriétaire étant un peu plus couteux comme mentionné plus loin.
Pour finir la description de ce boitier notons qu'un poussoir situé à l'arrière et à gauche permet de déposer la culasse linaire simplement en appuyant dessus lorsque la culasse est en position ouverte. C'est d'une fluidité impressionnante. Remettre la culasse en place se fait avec la même douceur ! Une fois la culasse déposée, on a alors accès au poussoir qui permet de déposer le bloc détente et la sous garde. En tirant à peine sur le petit levier le bloc se libère. En résumé si vous souhaitez démonter la carabine RS 14 à la fin de la chasse pour la ranger dans sa superbe valise courte il faut déposer la culasse en appuyant sur un poussoir dissimulé à l'arrière gauche du boitier de culasse, puis tirer sur un petit levier au centre du boitier de culasse ce qui déverrouille le bloc de sous garde. Vous trouverez une petite clé six pans logée à l'avant de ce bloc. Vous insérez la clé dans un évent percé sous le devant bois, vous faites un tour de clé et vous déposez le devant bois. Vous prenez le petit levier au fond du devant bois et vous actionnez le levier qui solidarise le canon au boitier de culasse. Vous séparez le canon et hop, tout est rangé dans les compartiments de la valise ! Bien vu…

La culasse

Elle est assez longue, plus de 20 cm. C'est la seule menue critique que je pourrai émettre sur cette Strasser. Malgré la grande fluidité de cette culasse, son maniement demande un geste assez ample en raison de sa longueur et il faut désépauler un peu pour ne pas prendre la culasse dans la figure. Le levier de culasse est articulé et court, la boule tient vraiment bien en main. La tête de culasse comporte un revêtement en nitrure de titane doré. Cette tête de culasse est amovible. Il suffit de soulever un petit levier pour l'ôter. Cela permet de changer de calibre en modifiant également le canon mais aussi de neutraliser l'arme, à la maison ou lors de déplacement, en séparant la tête de culasse de l'arme. La culasse en elle-même reçoit un traitement de surface noir mat. Elle est ronde aux extrémités mais biseauté au centre, au niveau des fenêtres d'éjection lorsqu'elle est verrouillée. Cela allège un peu l'ensemble visuellement et doit faire gagner quelques grammes. Le verrouillage est assuré par quatre segments qui s'ouvrent et viennent se loger dans une gorge usinée dans la chambre. L'ouverture de ces segments est commandée par le levier de culasse qui vient pousser ces tenons vers l'extérieur lorsqu'il est actionné vers l'avant par le chasseur. Une came interne sert de tenon de sureté supplémentaire en cas de surpression. C'est un système un peu analogue aux carabines Blaser R93 et R8 et la SR30 de Heym.

 

La sureté

A l'arrière de la noix de culasse, le poussoir de sureté comporte un petit bouton en son centre sur lequel il faut appuyer pour ouvrir la culasse. Ce poussoir comporte un petit bec sur le haut c'est assez ergonomique. Il suffit de l'actionner vers le haut pour que l'arme soit en position feu, cela dégage alors un rectangle rouge à la base du poussoir qui indique au chasseur qu'il peut faire feu. En appuyant vers le bas on réenclenche la sureté.
 

Le canon

Notre canon ne comportait pas d'organes de visée. Il est assez fin et reçoit un traitement de surface identique au boitier de culasse par nitruration au plasma nommé PlasOX, qui lui donne un aspect un peu gris foncé afin de le protéger contre la corrosion et les rayures. Il mesure 56 cm (60 cm en calibre magnum) et il est terminé par un filetage au pas de 5/8 24. Une bague avec la même finition de surface protège le filetage si vous ne fixez pas de modérateur de son. Strasser propose cette RS 14 dans 25 calibres… Il est donc possible de déposer le canon pour ranger l'arme ou pour changer de calibre. Le système est un peu identique à celui de la RX Helix de Merkel. Un levier vient bloquer le canon une fois bien positionné. Pour l'actionner il faut prendre la petite tige métallique cachée dans le devant bois et qui offre une prise plus grande. Un petit ergot dépasse du boitier de culasse et doit être inséré dans un orifice percé à la base du canon afin d'assurer une mise en place identique entre chaque dépose. C'est là aussi ingénieux et assure une grande précision lors du tir malgré les démontages

Le montage optique

Cette RS 14 était équipée d'un montage optique propriétaire créée par Strasser.
Il se compose de trois trous, un assez gros à l'avant qui accueille une grosse demi-sphère et deux à l'arrière qui reçoivent des tenons plus longs.  Au centre du pont situé au-dessus des deux fenêtres d'éjection un orifice ovale accueille le système de verrouillage. C'est une pièce mobile du montage fixé sur l'optique qui vient pénétrer à l'intérieur et qui pivote sur elle-même pour assurer le verrouillage du montage lorsque le chasseur actionne le court levier sur le côté gauche de l'embase. Le tout est discret, rapide et très bien usiné
 

Le chargeur amovible

Il est confectionné en métal et il est très bien fini. Il contient trois munitions (deux en calibre magnum) en pile droite dans la version de base qui ne dépasse pas du boitier de culasse. Strasser propose aussi des chargeurs grande capacité de six cartouches en calibres standards et cinq en calibre magnum. Les lèvres du chargeur permettent d'insérer les munitions en appuyant dessus directement, un peu à la manière de certains chargeurs de type AR15.
Il se désolidarise de la carabine en appuyant simultanément sur deux billes positionnées symétriquement sur les flancs du boitier de culasse, juste à l'avant de la plaquette décorative amovible.

 

Les départs

Le bloc détente est amovible. Il suffit comment mentionné précédemment d'ôter la culasse et d'appuyer sur un arrêtoir placé à l'arrière du boitier de culasse pour désolidariser ce bloc détente. C'est très simple et permet de nettoyer si besoin ce bloc et surtout de régler soi-même le poids des départs grâce à un système de vis et de petites goupilles.
Il y a trois positions et chaque position peut elle-même être un peu ajustée. La position 1, légère offre des départs avoisinant les 950 g. La 2, moyenne est autour de 1300 g et la plus ferme, la 3, avoisine les 1600 g. Notez enfin qu'en poussant la queue de détente vers l'avant on enclenche un stecher dont le poids de départ est réglé autour de … 200 g ! N'ayez donc pas peur des coups de doigt avec cette carabine RS 14 !
Les départs sont directs, francs et nets, c'est un régal ! La queue de détente est lisse et dorée car elle reçoit le même traitement de surface au nitrure de titane que la tête de culasse.
 

Sur le terrain

 J'ai donc pu tester cette superbe carabine à la chasse du brocard. Le poids est raisonnable, surtout avec la lunette de battue 1-8x24 qui était fixée dessus et qui est assez légère. Ce n'est toutefois pas le meilleur choix au niveau luminosité mais je suis tout de même arrivé à tirer un brocard à la brume de la nuit avec cet ensemble !
Cette Strasser RS 14 étonne au premier regard car elle possède une ligne et des finitions plutôt intemporelles avec sa crosse à joue allemande à filet et son embout de devant en ébène mais on sent tout de suite la technologie embarquée dans l'arme. Une fois habitué au maniement de la culasse et surtout à son ouverture en appuyant sur le bouton central du poussoir de sureté c'est une carabine très agréable à manipuler. Elle est vive et bien équilibrée. Direction le petit stand de tir à côté de la cabane des chasseurs qui nous accueille afin de vérifier le réglage de la lunette et la qualité des départs. Simplement appuyé sur une canne de tir 4Stable Sticks je tire deux balles qui se touchent à 35 mètres. De quoi partir confiant dans la traque du petit cervidé ! Les départs sont top !
Equipée du modérateur de son Extrem de Hausken, le poids demeure raisonnable et surtout la carabine ne tire pas trop vers l'arrière lorsque l'on marche. La réduction du son et du recul est vraiment importante avec ce modérateur. Un ensemble parfait et efficace !