Quelle carabine choisir pour débuter la chasse ?
 

Chasseur débutant ? Apprendre à distinguer un fusil d'une carabine

Pour le néophyte à la chasse, la première des notions armurière à assimiler est la différence entre un fusil et une carabine. On admet souvent que le fusil serait plutôt destiné à la chasse du petit gibier, quand la carabine serait vouée à la quête du grand gibier. Si ce raccourci est juste dans la majorité des situations, il n’est pas suffisant pour distinguer ces deux types d’armes. Leur différence réside davantage dans les canons dont ils sont dotés. Le fusil est ainsi équipé d’un ou deux canons dit lisses, car leur profil intérieur est celui d’un simple tube parfaitement sphérique, dont le but est de simplement guider la charge propulsée sans engendrer d’interférences.

Les carabines sont des armes dont le ou les canons sont de diamètres plus réduits mais dont l’intérieur est creusé de rayures. Celles-ci ont pour finalité de stabiliser la trajectoire d’un projectile unique, là où le fusil a vocation à guider une charge de grenaille, donc de multiples projectiles. Au fusil le tir à courte ou moyenne distance, de l’ordre de quelques dizaines de mètres, d’un petit gibier à l’aide d’un nuage de grenaille métallique propulsé à une vitesse modérée (moins de 400 m/s), à la carabine le soin de propulser vite (800, voire 1000 m/s) une balle de quelques grammes au pouvoir meurtrier sur de grands et lourds animaux, jusqu’à plusieurs centaines de mètres. On réunit parfois sous le vocable d’armes lisses les fusils de chasse, et celui d’armes rayées les carabines.

Cette distinction bien établie, les choses ne sont pas simples pour autant car il existe plusieurs types de carabines, qui se distinguent par des architectures très différentes.  
 

Les différents types de carabines

Commençons par le modèle le plus répandu, la carabine à verrou. Il s’agit d’une arme au canon rayé unique pour laquelle il est nécessaire d’actionner manuellement une culasse à levier latéral pour permettre l’éjection de l’étui après un tir, et le réapprovisionnement d’une nouvelle munition dans le canon. Ce fonctionnement simple et fiable permet des tirs au coup par coup pouvant s'enchainer, mais avec le risque de perdre sa visée en désépaulant, en raison du mouvement de réapprovisionnement nécessaire.

Il s’est imposé notamment grâce au système de culasse Mauser 98 développé par la marque homonyme en 1898. Ces carabines ont pour elles une fiabilité des plus éprouvée et souvent des prix contenus. Nous pensons par exemple, et pour rester dans la continuité de la marque allemande à la Mauser M12 Extrême, elle-même dérivée du modèle M03, mais à prix plus contenu pour une qualité made in Germany. Et pour un tarif encore plus doux, La marque d’outre-Rhin propose encore la M18.

Options abordables pour les carabines de chasse : trouver la qualité sans compromettre le prix
 

Le prix étant indéniablement un argument de poids pour un nouveau chasseur, particulièrement s’il est jeune, dans cette catégorie la Winchester XPR à moins de 800€ est une sérieuse option pour débuter. C’est dans ce type de carabine, souvent chez les marques américaines, qu’on retrouve le maximum de modèles d’entrée de gamme. Mais entrée de gamme ne veut pas dire bas de gamme, certaines références particulièrement robustes étant éprouvées depuis des décennies. Ainsi, en plus des modèles déjà cités, nous pensons à la Remington 700 SPS Tactical, ou la Winchester 70 dans sa variante Coyotte Light.

Si les américains et les allemands ont indéniablement une position historique sur le marché de ces carabines, ceux qui souhaiteraient souscrire à un choix plus latin seront heureux de trouver dans les modèles Rover Regent de Sabatti, ou Horizon de Franchi, des alternatives italiennes d’excellentes factures. Et dans la guerre des prix, les italiens l’emportent sur les allemands, mais aussi les américains, puisque la Sabatti est proposée sous la barre des 700€, et la Franchi à peine au-dessus.

Les carabines à canons basculants
 

La carabine double express, ou plus simplement l’express est, elle, une carabine à deux canons basculants, superposés ou juxtaposés ressemblant beaucoup à un fusil. Cette carabine est parfaite pour un tir instinctif à courte et moyenne distance, comme souvent en battue. Contrairement aux carabines à verrou, subtilité mécanique et choix de matériaux traditionnels obligent, les express sont plus onéreuses que d’autres types de carabines. C’est cependant un choix judicieux pour des vétérans du petit gibier qui souhaitent chasser sérieusement le grand gibier en battue, et pour lesquels le prix n’est pas un frein.

Dans ce cas, le modèle X4 (avec réglage facile de la convergence des canons), du leader mondial sur ce segment de marché, le Français Chapuis, est idéal. Ou alors pour la moitié du tarif du X4, vous pouvez opter pour l’express Keiler de Bettinsoli. La variante basculante à un seul canon, la kipplauf est privilégiée par les chasseurs à l’approche qui marchent beaucoup en milieu fatiguant, en montagne notamment.

Les carabines semi-automatiques : armes idéales pour la chasse au sanglier
 

Un autre type de carabine incontournable est la semi-automatique, désignée ainsi car elle permet d’enchainer plusieurs coups, par pressions successives sur la queue de détente. Elle se distingue d’une arme automatique, pour laquelle une pression continue permet l’enchainement des tirs jusqu’à épuisement du chargeur ou du magasin. Ce principe est en général réservé aux armes de guerre. Mais la puissance de feu permise par une carabine de chasse semi-automatique est telle, qu’en France, le législateur a limité leur capacité à trois coups (une balle dans la chambre et deux dans un magasin ou chargeur inamovible). C’est l’arme idéale pour réaliser un triplé de sangliers au saut du layon. 

La meilleure carabine semi-automatique
 

Elle a été popularisée en France par la lignée des Browning Bar, dont la dernière Browning Bar 4X personnalisable. Notons cependant la singulière carabine Speedline du fabricant français Verney-Carron qui, sur une base de carabine semi-automatique a conçu un ingénieux système qui bloque la culasse après chaque tir, et permet le réarmement grâce à un petit levier latéral situé à hauteur du pouce. Il est ainsi possible en toute légalité de combiner la possibilité d’enchainement d’une carabine semi-automatique à la capacité du chargeur d’une carabine à verrou.

Pompes, levier de sous-garde ou action linéaire : quel choix pour la traque ?
 

Viennent ensuite les carabines à pompe, au mécanisme popularisé par les séries policières mais dont l’intérêt réside davantage dans la fiabilité et un réapprovisionnement intuitif que dans une puissance de feu souvent exagérée. Comme son nom l’indique l’éjection de l’étui après un tir et l’approvisionnement d’une nouvelle munition se fait, cette fois, non pas à l’aide d’une culasse à levier, mais d’un mécanisme à pompe au niveau du garde main. C’est une arme peu fréquente dans nos chasses et le plus souvent préférée par des traqueurs.

Associées au Far West et aux cowboys plutôt qu’à la chasse, les carabines à levier de sous-garde popularisées par la mythique Winchester 1894 sont pourtant appréciées de traqueurs qui recherchent la sécurité que procure son système d’approvisionnement. De même que pour son chien extérieur qui permet d’armer le percuteur dans des situations où il faut passer rapidement d’un mode sécurisé à une action nécessitant, par exemple, de se protéger d’une charge de sanglier. La R95 Bronze de Rossi, est ainsi un excellent choix pour un piqueur.

Enfin la dernière famille de carabines de chasse rassemble les modèles dit linéaires qui sont en fait des carabines à verrou dont l’action de réapprovisionnement se fait par une action de culasse rectiligne, ce qui autorise le plus souvent à rester épaulé, facilite la ré-acquisition de la cible et donc la vitesse d’enchainement des tirs. La Beretta BRX1 qui a fait l’actualité armurière des dernières saisons, est assurément un excellent choix au meilleur prix.

Le choix de l’une ou l’autre de ces architectures est affaire de goût, mais aussi de mode de chasse majoritaire, et bien sûr de coût. Retenons que la carabine à verrou est sans doute la plus polyvalente, potentiellement au meilleur prix. Pour qui ne pratique que la battue, express, carabine linéaire, et semi-automatique sont des choix logiques. Les traqueurs exclusifs pourraient préférer les carabines à levier de sous garde, à pompe ou un express d’entrée de gamme. Les chasseurs à l’approche ou à l’affût auront davantage vocation à choisir une kipplauf, mais le plus souvent encore la carabine à verrou. 

Une foule de calibre : 30-06 Springfield, 308 Win, 270 Win, 280 Rem ou 300 Win Mag
 

Outre le modèle de carabine, il importe aussi de choisir un calibre. Pour un débutant nous ne saurions que trop recommander d’opter pour un calibre répandu, qui offre un vaste choix de poids de balles et de structures, répondant à tous les usages envisageables, qu’il s’agisse de tirer un gracile éterlou à plus de 200 mètres, ou de tuer net un très grand et robuste sanglier au saut de l’allée. Surtout une munition commune sera plus aisée à trouver, et surtout moins onéreuse. Les récents calibres 30-06 Springfield ou 308 Win, car autorisés depuis peu en France, sont un excellent choix, mais vous pouvez opter pour d’autres calibres anglo-saxons ayant fait leurs preuves sous nos latitudes : 270 Win, 280 Rem, 300 Win Mag, etc. 

Vous pouvez aussi préférer des calibres européens traditionnels, 7x64, 8x68S, 9,3x62 pour les carabines à verrou ou 7x65R, 8x57JRS, 9,3x74R pour les express. Cette liste ne saurait être exhaustive, retenons que pour débuter les plus courants constituent les meilleurs choix. Pour ceux qui craignent le recul de certains calibres virils et la puissance de la détonation, l’adjonction d’un frein de bouche ou d’un modérateur de son qui atténue aussi la sensation de recul est une bonne idée. D’ailleurs beaucoup de modèles sont équipés désormais d’un bout de canon fileté pour faciliter le montage de l’un de ces dispositifs. C’est le cas de la carabine Savage Model 11 Hog Hunter, par exemple.

Une carabine bien entretenue
 

Carabines de chasse et munitions acquises, quelques notions d’entretien sont essentielles. Il existe de nombreux produits pour entretenir les bois et métaux de nos armes de chasse. Pour ceux qui apprécient les crosses en matériaux synthétiques, inutile de s’embêter à l’entretien des bois. C’est par exemple le cas de la très efficace Mercury Saphire Thumbhole de Sabatti. Mais quoi qu’il en soit, bois ou métal, le principal ennemi de nos armes est l’humidité ; pluie, hygrométrie, moiteur des mains ont vite fait d’oxyder, détériorer les traitements de surface, ou fragiliser les bois.
Il est donc très important de sécher les armes, et, de retour à la maison, de ne pas les laisser dans les fourreaux imprégnés d’humidité. Mais avant d’apposer la moindre huile, l’arme doit être parfaitement sèche. Mieux vaut un manque d’huile qu’un excès, au risque d’emprisonner l’humidité sur le métal ou de gripper les mécanismes. Ne faîtes surtout pas, pour gagner du temps, sécher votre carabine trop près d’un feu de cheminée, les fibres du bois le vivraient mal. Notre propos sur les matériaux de crosse ne serait pas complet si nous n’abordions aussi la possibilité d’opter pour une arme arborant un motif de camouflage. Utile surtout aux prédateurs ultimes voulant se fondre totalement dans le décor lors de séances d’affût, il existe de nombreux modèles déposés de camouflages adaptés à tel ou tel biotope.

Certains sont à motifs végétaux, d’autres reprennent l’idée de la pixellisation qui trompe le regard. C’est le choix de la marque finlandaise Tikka avec son motif Polyfade sur sa carabine T3x Lite. C’est pour nous aussi l’occasion d’évoquer certains traitements de surface appliqués aux canons et boitiers de culasse en substitut au bronzage traditionnel, comme les traitements dits Cerakote, que l’on retrouve toujours chez Tikka sur son modèle T3x Lite Veil, et qui consiste en une pulvérisation de peinture contenant des cristaux de céramique, gage de résistance aux rayures et à la corrosion. Mais entre un joli bois veiné poncé huilé associé à un bronzage traditionnel ou une crosse synthétique camo et des canons Cerakote, tout n’est qu’affaire de goûts, qui, c’est bien connu, comme le gibier recherché sont dans la nature.

Pour tirer droit
 

Tout cela dit, il convient de bien savoir tirer avec sa carabine, ce qui implique d’avoir un système de visée adaptée. Un chasseur débutant pourra trouver plus simple d’utiliser la visée ouverte, c’est-à-dire sans optique montée sur la carabine. Il faut alors aligner un cran de mire, parfois une bande de battue, et un guidon avec la cible. Le plus souvent ces dispositifs sont fixes, mais le tir de quelques balles vous enseignera comment bien prendre la visée.
Afin d’affiner celle-ci, ces organes peuvent parfois être réglables. Notons toutefois que certains modèles de carabine qui ne se destinent qu’à des chasses d’approche ou d’affût ne disposent pas d’organes de visée ouverte, à l’image de l’ultra fiable Winchester M70 dans sa variante Extreme Weather SS qui, culture américaine oblige, ne se conçoivent pas sans le montage d’une lunette de visée.
 

Maximiser sa précision dans l'affût ou en battue avec une lunette de visée
 

Reconnaissons que l’emploi d’une optique, viseur à point rouge, ou lunette de visée, pour la battue ou l’affût, apporte un plus indéniable. En général les réglages se font en effectuant des clics sur des molettes masquées dans de petits tourelleaux, qui permettent de faire coïncider le point d’impact avec le point visée (que ce soit avec un point illuminé ou un réticule). Si l’expertise d’un armurier est précieuse, vous ne devez pour autant pas vous dispenser de vérifier régulièrement ce réglage et d’être, si besoin, capable de le rectifier. Et précisons que si vous optez pour une optique, le choix d’un busc réglable vous garantira un meilleur épaulement pour une visée plus efficace. De nombreux fabricants proposent désormais des carabines avec un tel système, comme la carabine Jaeger 10 VSP de Haenel, ou la A-Bolt 3 de Browning.