La marque italienne Victrix a souhaité rendre hommage à la déesse de l’amour qui peut conquérir le cœur de tous les hommes à travers leur carabine Vénus. Et en effet, celle-ci offre tout ce qu’il faut pour le tir longue distance. Plus que cela, c’est la première carabine in house européenne destinée au Précision Rifle.

La crosse et le devant
La crosse de la Venus propose de nombreuses innovations intéressantes aux tireurs sportifs. Composée en alliage de qualité, la ligne générale propose une forme de type squelette. Elle est fermement fixée au boitier à travers quatre solides vis BTR qui est, pour moi, le seul point faible du design de la carabine. Cette méthode qui peut laisser interrogatif quant à la recherche d’élégance a le mérite d’apporter une très grande rigidité à l’ensemble.

La hauteur du busc et la longueur de crosse dispose de réglages automatiques. Autrement dit, à la moindre sollicitation de la commande, le busc monte automatiquement à sa longueur maximum et la plaque de couche va automatiquement à sa position la plus longue. Cette méthode est la plus rapide pour pouvoir régler sa carabine car le tireur peut le faire directement en utilisant le poids de son propre corps (joue pour le busc et épaule pour la plaque de couche) quand il s’installe pour tirer. La longueur de crosse peut aller de 34.5cm à 36.5cm (de la queue de détente à la plaque de couche).

Un rail Anschutz est présent sous la crosse pour pouvoir fixer un monopod. Ce standard de fixation n’est pas des plus répandus et imposera quasi systématiquement l’utilisation d’une interface de type picatinny.

Le garde main se place dans le prolongement direct de la crosse et poursuit sa ligne moderne avec des faces très plates. Sur les faces latérales, seul un slot Mlock est présent au plus près du canon. Sur la face inférieure, un rail au standard Anschutz est présent. L’inconvénient de ce dernier est compensé par la présence d’un autre rail au standard ARCA. Ce nouveau standard s’installe durablement sur les armes modernes et permet de fixer un bipied de façon sécurisé tout en conservant une grande facilité de réglage.

Le boitier et la culasse
Le châssis monobloc est solidement fixé au boitier en acier par deux grosses vis qui encadrent le pontet. Au sommet se trouve un rail picatinny penté à 20 minutes d’angle qui permettra de conserver un maximum de la plage d’élévation de la lunette de tir qui sera associé à la Vénus. La forme globale du boitier autorisera l’utilisation de colliers bas pour monter la plupart des lunettes de tir et ceci sans que la lentille ne puisse toucher le canon.

Pour sortir la culasse, il est nécessaire d’actionner son arrêtoir situé sur l’arrière gauche du boitier. Elle présente deux séries de trois tenons pour assurer un verrouillage optimisé de 105°. Son traitement de surface en PVD permet d’obtenir une fluidité de fonctionnement très agréable en plus d’assurer sa protection contre l’usure.
Un indicateur de percuteur armé est visible sous la noix de culasse logoté à l’image de la marque.

Le canon
Victrix a définitivement destiné sa Vénus au Précision Rifle en l’équipant d’un canon « court » de 61 cm là ou le standard serait plus de 66cm. La marque revendique pour sa canonnerie de respecter les côtes minimums de chaque calibre pour offrir des canons de qualité « match ». Associé à leur nouveau frein de bouche à 4 chambres, les promesses faites par la Vénus en terme de précision et de gestion du recul sont fortes.

La poignée / Le départ
La poignée de la vénus est en matière polymère relativement souple. Elle offre une forme ergonomique en remplissant la partie creuse de la paume de la main forte. Malgré ces formes, elle est utilisable par les droitiers comme les gauchers et se montre très agréable à manipuler.

La Vénus est équipée de la Victrix Sporting Plus adjustable single stage trigger. Ce groupe détente offre un poids de départs réglé à 400 g. Comme son nom l’indique, le départ est de type direct, autrement dit, il n’y a pas de course à vide avant le départ du coup. Le départ est donc doux et net.

La forme de la queue de détente est étroite et très légèrement courbe et se termine sur un crochet. Le pontet offre un large espace qui autorise une utilisation avec une main gantée sans aucune difficulté. Juste en dessous du pontet se trouve l’arrêtoir de chargeur. Grâce à son positionnement central, c’est la seule commande de la Vénus à être ambidextre.

Le chargeur
Le chargeur de la vénus est en métal. Les munitions sont stockées en double pile afin d’optimiser l’espace. Malgré tout, le chargement s’effectue très simplement est appuyant simplement une munition contre les lèvres du chargeur (comme les AR15 par exemple). Sa capacité de 10 coups est parfaite pour répondre aux besoins des tireurs. De même, le renfort en polymère sur le talon du chargeur ravira les tireurs du Précision Rifle qui sont amenés à jeter les chargeurs au sol.

Le puits de chargeur est très largement ouvert des 2 côtés du boitier pour faciliter son introduction, un peu à la manière d’un Magwell. Cette ouverture sur le côté permet de corriger naturellement une introduction approximative en guidant le chargeur jusqu’à son verrouillage.

Sur le terrain
J’ai eu la chance de tester cette Victrix Vénus en 308 Winchester sur le terrain du camp de la Courtine. Des cibles jusqu’à 1080 m s’offrent devant moi. J’ai équipé la Vénus d’une lunette Steiner M5xi 5-25x56 et les munitions utilisées sont des Sako TRG Précision en 175 gr.
Après avoir vérifié mon zéro sur une cible disposée à 50 mètres, je me rends compte à quel point le frein de bouche est efficace. Au départ du coup, la carabine me semble avoir un soubresaut sec avant que de retrouver sa position. Là où d’habitude, je ressens un recul franc qui me pousse en arrière, là, je ne ressens qu’un très bref sursaut. Je m’intéresse à une cible positionnée à 620 m de moi d’après mon télémètre. Après avoir rentré les paramètres conseillés par mon kestrel pour une arme ayant une rayure en 11 pouces et une vitesse initiale mesurée à 852m/s, je tire ma première balle. Mon impact est observé par mon spotter et moi-même à environ 1 m en dessous de la cible, dérive correcte. J’aoute les 17 clics d’élévation qui me manquent et je retire. Les 3 coups suivants feront impact. La culasse est un plaisir à manipuler car elle se montre très fluide. La montée des cartouches se passe sans difficulté bien que mon chargeur soit a pleine capacité (le ressort appuie les munitions au maximum contre les lèvres du chargeur).

Après avoir rempli à nouveau mon chargeur, je passe à la cible de 1080 mètres. Mon premier tir sera encore une fois trop court car j’ai oublié de reporter mon observation de la première salve sur celle-ci. Les 17 clics qui me manquaient juste avant se sont transformés en 23 clics sur cette nouvelle distance. Si j’avais fait correctement mes estimations, j’aurais très probablement impacté au premier coup à 1080 mètres puisque mon deuxième tir fut le bon. Avoir un tel résultat à 1080 mètres, en 308 Winchester avec une carabine sortie de boite et des munitions manufacturées, laisse augurer de bonnes séances de tir.