Un peu d’histoire pour commencer
C’est le 26 janvier 2005 que la compétition du Tir aux Armes Règlementaires (TAR) est née officiellement lors de la signature de la convention entre le président de la FFTIR, le président de l’Union Nationale des Officiers de Réserve (UNOR) et le Président de la Fédération Nationale des Associations de Sous-Officiers de Réserve (FNASOR).
L’objet de cette discipline est d’entretenir et d’utiliser les armes militaires (en réglementation avec la législation FFTir en vigueur) qui ont été ou sont encore en dotation dans les différentes armées du monde dans un esprit de sportivité et d’authenticité.
Le but du TAR est de mettre en avant les qualités du tireur et non pas sur l’armement. C’est le tireur qui doit s’adapter à son arme. Cette discipline allie précision et vitesse, que ce soit au pistolet ou au fusil, et elle n’utilise que des équipements et du matériel militaire standard concernant l’arme. En soi, le TAR est un moyen sportif de redonner une vie aux armes militaires historiques.
Contrairement aux autres compétitions, celle-ci est ouverte à tous les tireurs et tireuses et à ceux sans distinction d’âge : tout le monde concourt dans la même catégorie, qu’il ait 20 ans ou 70 ans.
De nombreuses disciplines du TAR existent, que ce soit à l’arme longue ou à l’arme de poings, du calibre 22 au 45 ACP, du .223 au 308 et autres .30-06 sur des pas de tir 25 m, 50 m ou encore 200 m.
Ici, nous allons nous attarder sur la compétition du TAR aux armes d’épaule : distance 200 mètres.
Discipline « Armes d’épaule : Distance 200 mètres »
Cette discipline se déroule en position allongée et en trois étapes :
-5 coups d’essai (5 minutes).
-10 coups en précision (7 minutes).
-10 coups en vitesse : (3 ou 1 minute selon l’épreuve).
Il existe 5 épreuves dans cette discipline :
- N° 810 : Armes à répétition manuelle, version d’origine, catégorie C.
- N°815 : Armes semi-automatiques, version d’origine, catégorie B (calibres autres que 222 et 223 Remington).
- N° 816 : Armes semi-automatiques, version d’origine en 222 et 223 Remington.
- N° 811 : Gros Calibre ; Armes à répétition & semi-automatiques modifiées réglementairement ayant fait l’objet d’un agrément (visée, crosse, optique……).
- N°812 : Petit Calibre ; Armes à répétition & semi-automatiques modifiées réglementairement ayant fait l’objet d’un agrément (visée, crosse, optique……).
Choix de l’arme
Le choix de l’arme est important car, selon le règlement de la compétition du TAR, l’arme doit rester au plus proche de sa configuration d’origine et, de ce fait, elle est très peu modifiée. Ce qui implique que l’arme choisie doit déjà être de bonne qualité pour partir sur une base saine et efficace pour la compétition.
De ce que j’ai remarqué, sur les différentes épreuves du TAR, nombreux tireurs sont équipés de fusils comme le K-31, Garand, MAS-36, Lebel, Mosin Nagant, Lee-Enfield ou pour des armes plus modernes comme des M-16 ou encore AR-15. Pour ma part, j’ai déjà challengé avec différentes armes dont un FAMAS, un Galil, un Tavor, un FN Herstal et le dernier en date, un AR15 TAR de chez Alfa Précision. Par contre, depuis cette année, certaines armes comme le Galil, le FN FAL, le M14 ou encore les AK47 ne sont plus autorisées pour le TAR. Faites donc bien attention que l’arme choisie entre dans la réglementation du TAR… en suivant bien les éventuels changements réglementaires.
Le but est de choisir une arme que vous maitrisez convenablement et avec laquelle vous vous sentez bien pour tirer, c’est-à-dire qui ne vous gêne pas par un recul trop important, qui a un bon confort au niveau de la prise en main, dont la queue de détente n’est pas trop dure etc L’important est de se faire plaisir avant tout lors d’une compétition et que l’arme reste agréable à manipuler.
Équipement pour votre arme
- La housse : Privilégiez une housse de tir plutôt semi-rigide ou complètement rigide afin de protéger votre arme pendant le transport par rapport à une housse souple, surtout si votre arme possède une lunette, ainsi, elle ne risquera pas de se dérégler pendant le transport si votre coffre est déjà bien rempli. Pour en avoir déjà fait la mauvaise expérience une fois, je ne possède quasiment plus que des housses / sac à dos semi-rigides type Savior Urban ou des mallettes de la marque Nuprol.
- Le témoin de chambre vide : Cet accessoire est indispensable pour participer à la compétition du TAR et pour le tir en général, d’ailleurs.
- Le verrou de pontet : Cet élément est obligatoire et d’un point de vue personnel, je préfère ceux avec code, ce qui évite de perdre les clés ou de les oublier chez soi, comme j’ai déjà pu le voir sur les pas de tir auprès d’autres tireurs.
- La sangle/ bretelle : La sangle 1907 biothane est la sangle la plus apprécié par les tireurs du TAR car elle est résistante, ne glisse pas sur les vêtements, reste en place sans se déformer même si on exerce une forte pression / tension sur celle-ci en maintenant l’arme. Cependant, cette sangle représente tout de même un certain investissement financier.
- L’optique / lunette de tir : Si vous décidez de faire les disciplines 811 ou 812 avec une optique, faite bien attention au choix de celle-ci car elles ne sont pas toutes acceptées au TAR. Par exemple, sur les AR-15, les optiques autorisées seront de type Colt x3 et x4 ou encore des Trilux X4. Sur les armes comme les SIG 550, vous pouvez mettre du Hensoldt x4 ou bien sur des AKM, vous pouvez leur ajouter des lunettes de type POSP x4 et x6.
Équipement pour le tireur
- Les lunettes de protection : À savoir que sans lunettes de protection, vous ne pourrez pas participer à une compététion de TAR ; cet accessoire est donc obligatoire. Pour plus de confort, privilégier peut-être des lunettes de protection dont les branches ne sont pas trop épaisses afin qu’elle ne vous gêne pas lors du port du casque auditif.
- Le casque auditif ou bouchon anti-bruit : Lors du déroulement du TAR, une protection auditive est obligatoire, que ce soit sous forme de casque de tir ou de bouchon anti-bruit (BAB). Personnellement, j’utilise un casque auditif anti-bruit de la marque Sordin : le model Supreme Pro X, et ce depuis plusieurs années.
- Les gants de tir : Les gants de tir ne sont pas obligatoires pour cette compétition. En fait, tout dépend du ressenti de chaque tireur. Certains tireurs préfèrent tirer sans gants pour mieux ressentir la queue de détente, d’autres préfèrent utiliser des gants afin de mieux maintenir l’arme. Pour ma part, j’utilise des gants de chez MOG ou bien de chez Direct Action qui sont assez fin et me permettent de ressentir correctement la queue de détente tout en m’offrant une bonne prise en main de l’arme lorsque je tire. Évidemment, pour ceux qui sont mitigés entre les deux « options », vous pouvez toujours tirer avec des mitaines ! Des marques comme Mechanix Wear proposent des modèles tirs, tactiques etc.
- La veste : Les vestes de tir spécialement conçues pour les compétitions ISSF ne sont pas autorisées, afin que les qualités d’adresse du tireur ne soient pas améliorées artificiellement par ces vêtements. Vous pouvez prendre n’importe quelle autre veste pour le tir sportif. De ce que j’ai pu remarquer, les vestes de type softshell de couleur unie des marques A10 Equipement et Ares ou encore les blousons de chasse Browning sont assez utilisés par les tireurs. Moi-même, je possède les deux premières softshell que je viens de citer.
- Le pantalon : Ce ne sont pas les pantalons de tir qui manquent parmi de nombreuses marques comme A10 Equipement, Ares, Clawgear ou encore Emerson. Le tout c’est que les vêtements choisis ne soient pas camouflés. Le TAR se concourt, certes avec des armes d’inspiration « militaire », mais il représente bien une compétition de tir sportif et non militaire.
- Les coudières : Dans la mesure où, en position couchée, les seuls appuis que vous avez sont vos coudes pour soutenir l’arme, certains tireurs vont préférer ajouter des coudières souples à leur tenue vestimentaire pour plus de confort. À noter que les coudières dures ne sont pas autorisées.
Équipement divers
- Le tapis de tir : Un bon tapis de tir est plus que recommandé, je trouve, pour la position allongée au 200 mètres, cela afin de ne pas être en contact direct avec la table qui est dure et donc obtenir un meilleur confort. De nombreux tapis de tir sont disponibles dans différentes marques comme Savior, Ulfhednar, Aim Field Sports ou encore GPS Tactical. Il faut juste que le tapis de tir sélectionné ne dépasse pas 1 cm d’épaisseur pour être autorisé au TAR.
- Le chronomètre : Afin de pouvoir mieux gérer son temps pendant les 5 coups d’essai, les 10 tirs de précision et de vitesse, il vaut mieux s’équiper d’un simple chronomètre de type Sportwatch, par exemple. Il est à noter que les téléphones portables sont interdits sur les pas de tir, dont cela n’est pas possible de mettre l’application chronomètre sur ceux-ci.
- La longue vue : L’une des particularités du TAR réside dans le fait qu’il n’est pas permis d’utiliser un télescope/ longue vue pour suivre le résultat de ses tirs, à l’exception de la phase d’essais. Lors de cette phase d’essai qui vous permettra de perfectionner les derniers réglages, il vaut mieux privilégier une longue-vue avec un diamètre de 70 mm voire même du 90 mm surtout si vous tiré avec du .223 dont les impacts se voient beaucoup moins bien que du .308 par exemple, surtout à cette distance. Pensez que la luminosité n’est toujours pas au rendez-vous lors des compétitions et qu’une longue-vue de qualité fera toute la différence pour voir ses impacts. Personnellement, ma longue-vue est une Bresser 24-72x100.
- Les chaufferettes : Les chaufferettes sont vraiment optionnelles mais quand vous tirez et qu’il fait aux alentours de 5 degrés lors de votre compétition, glisser une chaufferette dans les gants pendant quelques minutes avant d’aller sur le pas de tir peut vous éviter d’avoir vos doigts frigorifiés et de fait moins précis au moment d’appuyer sur la queue de détente.
L’entrainement
Même si vous mettez toutes les chances de votre côté en vous équipant au mieux, si vous ne vous entrainez pas un minimum, vous ne progresserez pas dans le tir. Voici donc certaines petites choses qui pourront vous aider à perfectionner votre position, vos principes de tir comme la visée, la respiration et le contrôle de la détente.
- La respiration : Il y a deux méthodes : soit on expire, on bloque la respiration et on tire. Soit, on inspire, on bloque la respiration et on tire. Personnellement, j’utilise la deuxième méthode, en position coucher lors de l’inspiration le buste a tendance à légèrement se surélever. Le déclenchement du coup doit se faire en apnée pour que les battements de votre cœur n’aient aucune incidence sur votre tir.
La prise de visée et le lâché ne doivent pas excéder 7 secondes, car si on attend trop, la vision se détériore légèrement (à cause du manque d'oxygène) et la netteté des organes de visée qui se réduise. Il vaut mieux, dans ce cas, reprendre une respiration et recommencer.
- La position : L'objectif d'une bonne position est d'être le plus stable possible afin que votre corps soit le plus détendu possible, ce qui permet ainsi une visée et une prise de votre arme avec peu de mouvements et peu de tension musculaire.
Pour une meilleure stabilité, il faut allonger un peu votre coude gauche (pour les tireurs droitiers) vers l’avant de votre arme afin d’atteindre un centre d’appui stable, sans pour autant que votre coude ne se retrouve à droite ou sous le fût de la carabine. En effet, il doit rester sur le côté gauche, sans quoi cela provoquerait des tensions dans la poitrine et le bras.
La main droite, quant à elle, serre la poignée de façon ferme, mais sans crispation. Une tenue trop faible de celle-ci pourrait induire un flottement lors du déclenchement de la queue de détente. Avec les coudes très proches de l’arme, votre buste est plus relevé et votre stabilité augmente. Évidemment, cela dépendra également de votre morphologie, dans la mesure où plus vos coudes seront rapprochés, plus votre dos travaillera sur sa souplesse.
La position de vos jambes est également à prendre en compte : si elles sont droites et légèrement écartées, cela va contribuer à une meilleure stabilité dans la mesure où votre corps sera le plus décontracté possible. Si vous le désirez, pliez une jambe, cela va libérer votre cage thoracique pour la respiration. Là, encore une fois, c’est votre confort et votre morphologie qui décidera de la position de vos jambes.
Ne perdez pas de vue que votre colonne vertébrale doit rester aligné afin d’éviter des tensions musculaires surtout lorsque vous positionner votre tête sur votre arme. Celle-ci doit être relevée mais sans être cambrée. En principe, si vous étirez votre tête vers l’avant, votre position est plus stable. Par contre, en reculant la tête vers l’arrière, vous vous retrouverez avec une cambrure trop importante de la nuque.
La sangle doit être fixée de préférence soit au-dessus du biceps, soit en dessous. Elle supporte la majeure partie du poids du fusil d’où son importance sur votre confort et votre stabilité.
En bref, votre position doit être naturelle, sans tension, confortable, stable, de façon à ce que le poids du corps soit équitablement réparti, une position qui doit rester constante tout au long du tir.
- Le lâché : Tout le monde sait qu’un bon « lâché » est primordial pour assurer un bon tir ; c’est ce qui permet à l’arme des rester stable au départ du coup.
Ainsi une bonne connaissance de la bossette/point de déclenchement de votre arme vous permettra des tirs précis et éviter les fameux « coup de doigts ».
- La prise de visée : Une bonne prise de visée peut assurer vos points en cible, donc ne négligez pas cette étape malgré le stress que vous pourrez ressentir lors du TAR.
Conclusion
Avec une arme que vous maîtrisez, un équipement adapté, un confort dans votre position, une respiration calme, vous mettez toutes les chances de votre côté pour participer à la compétition du Tir aux Armes Règlementaires. Et quoi de mieux que de participer à une compétition ludique qui est ouverte à toutes et à tous sans distinction d’âge ? Bon TAR à toutes et à tous !