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Le 7,62 x 54 mm R : la cartouche qui refuse de mourir !

Carabines de tir aux armes réglementaires (TAR)
Par Amine Hissane
Publié le 17/02/2025
Dernière modification le 18/02/2025
RÉSUMÉ
Le 7,62 x 54 mm R : 130 ans d'histoire et toujours en service
La munition de 7,62x54 mm R est sans doute la plus ancienne cartouche toujours en service aujourd’hui avec plus de 130 ans de service. D’abord utilisée par le vénérable Mosin Nagant, cette cartouche a été employée par de nombreuses armes allant de la mitrailleuse au fusil de précision sans oublier la chasse avec des munitions dédiées. 
Le guide d'achat en détail


Parmi les cartouches les plus emblématiques et durables de l’histoire de l’armement, le 7,62x54 mm R occupe une place de choix. Développée à la fin du XIXᵉ siècle pour l’armée impériale russe, cette munition a traversé plus d’un siècle d’évolutions technologiques, de guerres mondiales et de changements géopolitiques. Malgré l’émergence de nouvelles cartouches modernes, elle reste en usage actif aujourd’hui, ce qui témoigne de sa robustesse, de sa polyvalence et de sa capacité à s’adapter aux besoins des utilisateurs car de nombreux systèmes armes l’utilisent (fusils de précision, fusils-mitrailleurs, armes semi-automatiques…).
 

Une munition datant de l’Empire Russe


L’histoire du 7,62x54 mm R commence en 1891, lorsque l'Empire russe cherche à moderniser son armement après l’invention de la poudre sans fumée. À cette époque, les grandes puissances militaires s'équipent de fusils à répétition modernes et la Russie impériale ne veut pas être en reste. Les ingénieurs russes développent alors une nouvelle cartouche pour accompagner leur fusil à répétition, le Mosin-Nagant 1891.

Cette cartouche présente un calibre de 7,62 mm et une longueur totale de 54 mm. La lettre "R" dans sa désignation indique qu'il s'agit d'une munition à bourrelet (de l’anglais "rimmed"), un choix qui simplifie le processus d’extraction mais qui compliquera l’utilisation dans les armes semi-automatiques.

À l’origine, la cartouche utilise une ogive ronde qui était courante pour l'époque. Avec le développement des munitions Spitzer (à ogive pointue) dans les années 1900, le 7,62x54mm R est mise à jour en 1908 avec un projectile plus aérodynamique, améliorant ainsi sa portée et sa précision.

Dimensions de la cartouche de 7,62x54mm R.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, diverses variantes ont vu le jour, y compris des cartouches avec des projectiles perforants, traçants, incendiaires et à blanc, adaptées à des usages spécifiques. Une caractéristique notable de cette cartouche est l’utilisation généralisée de l’étui en acier, introduit par l’Union soviétique pour réduire les coûts de production et les besoins en matières premières stratégiques comme le laiton. Ces étuis en acier, souvent recouverts de vernis ou de zinc pour éviter la corrosion, sont plus économiques à fabriquer.
 

Une cartouche utilisée par de nombreuses armes


Il serait impossible de dresser la liste de toutes les armes utilisant le 7,62x54 mm R. Pour montrer la polyvalence de cette munition voici quelques exemples :

Deux modèles du fusil d’infanterie russe Mosin-Nagant.

Mosin Nagant


Difficile d’évoquer la cartouche de 7,62x54mm R sans parler de la longue famille des Mosin Nagant. Conçue en 1891, cette arme robuste et fiable a connu de nombreuses déclinaisons adaptées aux besoins des troupes, comme le fusil d’infanterie M1891, le célèbre M91/30 modernisé ou encore les versions spécialisées comme le M38 et le M44 avec baïonnette repliable. Les Mosin Nagant ont été utilisés lors des deux guerres mondiales et sont toujours présents dans les conflits actuels.
 

Mitrailleuse PM1910


Le 8 mars 1888, Hiram Maxim se rend en Russie pour présenter sa mitrailleuse à l'empereur Alexandre III. Adaptée à la munition de 10,67x58 mm R Berdan, son arme impressionne par ses performances et la Russie décide d’en commander.

Avec l'introduction de la cartouche de 7,62x54 mm R, une nouvelle version de la mitrailleuse devient nécessaire. Cette nouvelle mitrailleuse fabriquée à l’arsenal de Tula, désignée PM 1910 (Pulemyot Maxima 1910), devient un élément clef de l'arsenal russe.

La Maxim 1910 a connu une carrière remarquable : déployée pendant la Première Guerre mondiale, elle a également servi, bien qu'à une moindre échelle, durant la Seconde Guerre mondiale. Plus récemment, des photos ont révélé son utilisation lors du conflit en Ukraine soulignant la durabilité et la longévité de cette arme historique.

Le SVT-40 demeure une arme moderne et innovante pour son époque.

SVT 40


Dans les années 1930, l’Union soviétique entreprend de doter son armée de fusils semi-automatiques pour remplacer les Mosin Nagant. Deux ingénieurs, Sergei Simonov et Fedor Tokarev, se lancent dans ce projet ambitieux.

L’AVS-36 de Simonov est d’abord adopté mais ses problèmes de fiabilité conduisent à son remplacement par le SVT-38, puis le SVT-40, conçus par Tokarev. Bien que ces fusils n’aient pas réussi à supplanter complètement les Mosin Nagant, plus de 1,6 million de SVT-40 seront produits. Moins populaire que le M1 Garand américain, le SVT-40 demeure une arme moderne et innovante pour son époque, notamment grâce à son mécanisme à piston à course courte qui inspirera de nombreuses armes après la guerre.

Le SVD (Snayperskaya Vintovka Dragunova) fusil de précision emblématique des forces soviétiques et d’autres forces armées dans le monde.

SVD


Après la Seconde Guerre mondiale, l’Union soviétique décide de développer un fusil de précision semi-automatique moderne. En 1957, un appel d’offres est lancé et le fusil conçu par Yevgeni Dragunov est retenu. Adopté en 1963, le SVD (Snayperskaya Vintovka Dragunova) devient emblématique.

Aujourd’hui, des variantes modernes du SVD, comme le SVDM, sont toujours en production, témoignant de la robustesse et de la longévité de cette arme.
 

Un usage mondial


Bien qu’elle soit d’origine russe, la cartouche de 7,62x54 mm R a connu une diffusion mondiale grâce à l’influence géopolitique de l’Union soviétique. Pendant la guerre froide, cette cartouche a été adoptée par les forces armées de nombreux pays alliés ou sous l’influence soviétique. Elle a été produite dans des pays tels que la Chine, la Hongrie, la Pologne et bien d’autres.

Zastava M91. Equivalent tchèque du SVD mais utilisant le mécanisme Kalashnikov.

Cette large distribution a conduit à une disponibilité massive des armes et des munitions, ce qui explique pourquoi cette cartouche reste encore utilisée aujourd’hui. Elle est particulièrement prisée dans les régions où les équipements militaires soviétiques dominent, comme le Moyen-Orient, l’Afrique et certaines parties de l’Asie.*
 

Une conception qui accuse son âge


Malgré ses nombreuses qualités, le 7,62x54 mm R n’est pas exempt de défauts, certains étant liés à son âge et à son design initial, datant de la fin du 19ᵉ siècle.

Le 7,62x54 mm R adopte une forme en bouteille, typique des cartouches de son époque. Cette géométrie peut rendre l’alimentation moins fluide dans les systèmes d’alimentation modernes par rapport à des cartouches de conception plus récente.  

L’étui en acier, largement utilisé dans les munitions militaires du 7,62x54 mm R, est une solution économique et robuste mais elle n’est pas sans inconvénients. Contrairement aux étuis en laiton, les étuis en acier sont moins malléables, ce qui peut entraîner une usure accrue des chambres et des extracteurs. De plus, ils sont souvent recouverts de vernis ou de polymères pour prévenir la corrosion, ce qui peut laisser des résidus dans la chambre après plusieurs tirs, nécessitant un nettoyage plus fréquent. Enfin, les étuis en acier ne sont généralement pas adaptés au rechargement.
Au premier plan : munition de surplus tchèque avec étui en acier.

Le bourrelet, élément distinctif de la cartouche 7,62x54 mm R, était une caractéristique courante à l’époque de sa conception, facilitant l’extraction dans des armes à répétition manuelle. Cependant, ce design pose des défis dans les armes semi-automatiques et automatiques modernes. Le bourrelet peut causer des problèmes d’alimentation, en particulier dans des chargeurs à haute capacité, où les cartouches peuvent se chevaucher ou se bloquer.

Des munitions blindées manufacturées par le tchèque Sellier & Bellot à destination des tireurs.

Aussi populaire en chasse qu’en tir sportif


Le 7,62x54 mm R, bien qu’initialement conçu comme une cartouche militaire, a trouvé une seconde vie dans les domaines de la chasse et du tir sportif. Sa polyvalence et sa disponibilité sur le marché en font un choix prisé par de nombreux tireurs et chasseurs.

Pour la chasse, il offre une puissance suffisante pour abattre des gibiers de grande taille, tels que les cerfs, les sangliers ou même les élans. Avec des projectiles allant généralement de 150 à 200 grains, la cartouche peut être chargée avec des balles spécialement conçues pour la chasse, offrant une expansion contrôlée et une énergie terminale élevée.

Cartouches serbes PPU 7,62x54 mm R « soft point » conçu pour la chasse.

Dans le domaine du tir sportif, le 7,62x54 mm R est apprécié pour sa précision. Les tireurs apprécient cette cartouche pour les compétitions de précision à longue distance, où elle rivalise avec des calibres plus modernes. Sa trajectoire relativement tendue et son énergie suffisante en font un choix populaire pour les disciplines de tir sur cibles à des distances allant jusqu’à 800 ou 1 000 mètres.

L’un des principaux attraits de cette cartouche pour les chasseurs et les tireurs sportifs est son coût modéré. Les surplus militaires, bien que souvent moins précis que les cartouches commerciales, sont largement disponibles à des prix compétitifs, ce qui permet aux amateurs de s’entraîner sans se ruiner. Les munitions de chasse et de tir sportif modernes, produites par des entreprises comme Barnaul, PPU, ou Sellier & Bellot, offrent quant à elles une qualité supérieure avec des options adaptées à des utilisations spécifiques.

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