L’ouverture du carnassier tant attendue par des centaines de milliers de pêcheurs se profile à l’horizon, quel meilleur moment pour faire un point sur le matériel à utiliser ? Que ce soit leurre, canne, moulinet et autres équipements, tout doit être prêt pour ne pas louper ce bon moment ou perdre un joli poisson. Avoir du bon matériel ou du matériel neuf ne fait pas tout, encore faut il savoir s’en servir à bon escient, cet article est rédigé pour vous y aider le mieux possible et vous faire prendre du plaisir au bord de l’eau.
Les différents leurres indispensables au printemps
Il existe pléthore de leurres sur le marché avec une grande majorité qui convient à maître Esox, il faut dire que ce poisson n’est pas difficile et qu’en période d’activité il se jettera sur n’importe quel leurre passant dans sa zone d’attaque. Pour autant, en cette période printanière, notre roi des carnassiers a quand même quelques leurres qui le décident plus que d’autres. Pas forcément qu’ils émettent des signaux mieux reçus par notre carnassier mais c’est surtout leur hauteur de nage qui est adaptée au printemps.
Cette période de l’année voit arriver les premières chaleurs et sonne souvent le rassemblement des poissons blancs sur les bordures en vu du frai à venir. Ce sont souvent les brèmes, là où elles sont présentes, qui démarrent cette activité suivies de peu par les gardons. Ce moment où toute la nourriture est rassemblée sur une zone restreinte du plan d’eau ou de la rivière fait forcément réagir les brochets qui vont se poster tout contre la bordure, souvent dans peu d’eau, afin de se placer en embuscade sur le chemin des poissons blancs. Cette manne n’est pourtant pas si facile à attraper c’est pourquoi un leurre présenté lentement sur la tenue printanière du brochet le fera réagir rapidement. A ce jeu ce sont souvent les leurres métalliques qui tirent le mieux leur épingle du jeu par leur propension à passer partout en émettant un véritable raffut sonore et lumineux, ils sont suivis de près question efficacité par les jerkbaits et les swimbaits durs. Si on cherche le poisson trophée dans le même biotope, un gros leurre souple présenté sur une monture shallow rig sera parfait pour pêcher dans peu d’eau.
Les leurres métalliques : une famille ultra-efficace
Si je ne devais utiliser qu’un seul leurre à l’ouverture, ce serait le spinnerbait. Ce leurre combine les éclats lumineux de ses palettes, les effets vibratoires de sa jupe et une capacité inégalée à passer au travers des zones les plus encombrées. Comme nous allons chercher le brochet en bordure, il est inutile de pêcher avec des spinnerbaits plus lourds que 21g ou alors il faudra pêcher canne haute pour soustraire le leurre du fond. Le spinnerbait étant un leurre de réaction on choisira une couleur flashy le matin puis une plus naturelle au fil de la journée. Si on équipe son spinnerbait d’un trailer, il sera judicieux de placer un hameçon voleur sur celui-ci pour éviter les tapes courtes qu’est capable de faire le brochet. Second leurre très adapté à la saison le Chatterbait ou bladed jig.
Un peu plus sensible aux accrocs que le spinnerbait, le chatterbait réussi quand même à passer facilement dans les endroits scabreux grâce à sa palette qui protège la pointe de l’hameçon. Le Chatterbait envoie des vibrations très puissantes qu’on ressentira dans le poignet, il est capable d’ameuter un brochet sur plusieurs mètres. Là aussi un grammage de 14 à 21g sera amplement suffisant pour bien pêcher les zones intéressantes. Rien ne vous interdit de pêcher à la lame vibrante, à la cuiller tournante ou ondulante ou au tailspin mais ces leurres ont tendance à s’accrocher près des bordures, mieux vaut alors jouer la sécurité et pêcher avec des leurres adaptés.
Les leurres durs : misez sur les jerkbaits et swimbaits
Dans certains lacs à l’ouverture, les herbiers ont bien poussés et ont colonisé une grande partie de la surface offrant gîte et abri à tous les poissons blancs. Les brochets sont souvent tapis dedans et n’attendent que le passage d’une proie au dessus d’eaux pour attaquer. Dans ces biotopes particuliers les leurres durs s’en sortent très bien. Leur armement qui s’accroche partout en bordure est ici un atout puisqu’il est bien dégagé et les brochets sont très souvent bien piqués sans besoin d’un ferrage de bûcheron. Pour ces zones d’herbiers, on peut s’amuser à les prospecter au moyen de trois familles de leurres durs : Les jerkbaits minnows, les jerkbaits ou les swimbaits. Le jerkbait minnow, le Rapala classique par exemple, ne nage pas profond, l’idéal étant un suspending qui restera dans la profondeur déterminée par le pêcheur lorsqu’il arrêtera son animation. Ce type de leurre se manie au moyen de quelques twitches effectués au poignet de façon à désaxer la nage. Un arrêt dans l’animation imitera le poisson blessé qui après s’être excité tombe en léthargie avant de reprendre ses mouvements désordonnés.
Seconde famille de leurre durs très efficaces au printemps, les jerkbaits de type Buster Jerk pour citer le plus connus, sont des leurres qui nagent en Z soit naturellement soit en leur imprimant un jerk avec un mouvement du bras ou une rotation du bassin. Ce mouvement est un véritable aimant à brochet et la silhouette importante des jerkbaits fait bouger les brochets de loin. Troisième et dernière famille avec les swimbaits, des leurres durs articulés qui misent tout sur leur ressemblance avec une proie tant dans la nage que dans la forme de poissons. Ces leurres sont complémentaires des jerkbaits, si l’un ne fonctionne pas avec son coté agressif, il y a fort à parier que le second fonctionnera avec son coté mimétique et plus discret.
Leurres souples : les gros soft swimbaits en vedette
Très utilisé en grand lac mais qui gagnerait à l’être plus dans les autres biotopes, le soft swimbait permet de pêcher avec de gros leurres souples sans se ruiner. Il est vrai qu’un magnifique swimbait dur coute en moyenne dix fois le prix d’un souple. L’avantage du soft swimbait est qu’il est modulable dans sa profondeur d’action. On peut s’en servir pour pêcher au dessus des herbiers, plus profond en lui adjoignant un lest additionnel ou même en pêchant dans peu d’eau via un armement adapté. Lors du frai des brêmes, les brochets vont se focaliser sur les grosses proies et un bon gros soft de 20 cm sera plus à même de faire réagir un brochet qu’un minnow de 11 cm. Les softs swimbaits se divisent en deux groupes : Les shads et les grubs, les shads ont un battoir caudal qui va provoquer une pulsation dans l’eau avec des vibrations de basse fréquence alors que le grub ou virgule possède un flagelle donnant une nage plus discrète niveau vibration mais avec un visuel plus important. Tous les deux fonctionnent bien mais certains jours, sans que l’on puisse dire pourquoi, l’un de deux fonctionnera mieux que l’autre !
La bonne canne et le bon moulinet
Il serait plus honnête de dire les bonnes cannes et les bons moulinets car on ne peut pas pêcher avec le même ensemble au spinnerbait de 14g et au soft swimbait de 80g. Tout est affaire de goût et de budget mais pour simplifier, deux cannes permettent d’aborder quasiment toutes les pêches aux leurres décrites ici. Une spinning en MH (15/40g ou 10/30g) sera parfaite pour les leurres métalliques et pour le jerkbait minnow, une casting en H (20/80g) sera quand à elle parfaite pour le jerkbait, le swimbait et le soft swimbait. Il ne vous reste qu’à équiper ces cannes avec des moulinets adaptés : Taille 2500 à 3000 pour le spinning et taille 300 pour le casting.
Garnissez ces moulinets d’une tresse de bonne facture, pour le spinning une huit brins en 16 centièmes (PE 1) sera le meilleur choix quand au casting une quatre brins en 26 centièmes (PE 2.5) permettra de jeter des leurres lourds sans craindre le claquage au lancer. La taille de la canne est aussi un élément à prendre en compte. Du bord on utilisera des cannes plus longues avec un bon bras de levier pour lancer loin, 2.4m est un bon compromis entre confort et efficacité. En embarcation on descendra à une longueur de 2m qui donne beaucoup d’aisance au pêcheur. La question du blank monobrin ou multibrin ne se pose quasiment plus tellement les fabricants ont faits de réels progrès à ce niveau. Désormais les actions des multibrins valent celles de monobrins et elles offrent l’avantage d’un moindre encombrement pour le transport ou le stockage.
Les accessoires indispensables
Vouloir réussir son ouverture c’est aussi mettre toutes les chances de son coté pour que tout se passe au mieux. Il n’y a pas que les leurres et les cannes, sans une bonne épuisette par exemple, vous pourriez décrocher ce magnifique brochet que vous pourchassez depuis de nombreuses années. Cet équipement est réellement important, tout autant pour vous que pour l’intégrité de votre prise si vous souhaitez la relâcher dans des conditions optimales. Du bord une bonne épuisette devra avoir l’encombrement le plus réduit possible afin de ne pas entraver votre progression sur les bordures quelquefois encombrées. Un long manche ou un manche télescopique sera un plus si les berges sont hautes. En embarcation, peu importe l’encombrement ou la longueur du manche, cet aspect est moins important que du bord mais mieux vaut utiliser un filet caoutchouté qu’un filet simple car le brochet a cette propension à s’entortiller dans la maille comme le ferait un crocodile et les filets plastifiés abimeront moins son mucus et ses écailles. Pour conserver ses leurres, rien ne vaut une boite plastique à compartiment, du bord on la placera dans une musette ou un chest pack alors qu’en bateau ou en float tube un bakkan sera bien plus adapté. Pour les décrocher, une pince à bec long est indispensable pour ne pas se blesser en rentrant sa main dans la gueule du brochet. On terminera cette liste avec une boite comportant quelques agrafes de taille adaptée ainsi que des bas de ligne en acier multibrins ou en titane afin d’éviter la coupe intempestive. N’oubliez pas une bonne casquette, une veste de pluie et des lunettes polarisantes qui, si vous pêchez à plusieurs en bateau, sont autant une protection de l’œil que de la vision. J’en parle en connaissance de cause car le port de lunettes m’a un jour évité qu’un leurre d’un voisin ne se fiche dans mon œil !
En bateau, en float tube ou du bord ?
Se pose souvent la question de savoir comment réussir au mieux son ouverture, du bord ou en embarcation ? La réponse sera une réponse de militaire normand, les deux mon capitaine ! Le brochet étant placé contre les bordures, la pêche en embarcation, de quelque type qu’elle soit, n’est pas indispensable. Certes la barque ou le float tube vous donneront une sensation de liberté à nulle autre pareille mais en cette période, ce sont souvent les pêcheurs du bord qui s’en sortent le mieux en lançant parallèlement à celui-ci et en avançant rapidement. Le pêcheur en bateau va perdre du temps en ramenant son leurre puisque celui-ci ne sera efficient que durant le cours moment où il pêchera la bordure. Si vous pêchez un étang ou une rivière large, privilégiez les leurres légers qui passent partout, si par contre vous pêchez un lac, essayez donc les gros leurres pour faire la différence.
Vous voici bien équipés pour attraper des brochets, en cette période d’ouverture ils seront assez faciles à leurrer sur les bordures mais rien n’est jamais gagné d’avance à la pêche. Persévérez et battez du terrain, ce n’est que comme ça que vous réussirez.