L'an passé, nous avons testé l'Esprit en calibre 20... Le voici, cette fois-ci, en 28, probablement le calibre qui lui convient le mieux !
Avec ses canons juxtaposés, sa bascule jaspée, sa plaque de couche pleine en caoutchouc orange et son calibre fin, l'Esprit 28 de Franchi évoque la douceur de chasser de temps oubliés. Ceux de la fin du XIXe siècle et des tout-débuts du XXe, que la Première Guerre mondiale a éteints pour toujours. Les âges de la quête des grives à la billebaude le long des haies, du furetage du lapin, du tir de l'alouette au miroir... de la chasse cueillette sans jamais se soucier du tableau réalisé. Ces moments perdus, nous sommes de plus en plus nombreux à nous efforcer de les redécouvrir, de les recréer. Lassés des lâchers de faisans peinant à voler, ou des perdrix parvenant difficilement à s'extraire des cultures où elles ont été déposées une heure auparavant...
Le prix de la nostalgie
Le fusil juxtaposé s'accorde à merveille avec cette approche et le calibre 28/70, équivalent moderne de l'ancien 24/65, y ajoute une touche de charme nostalgique qui lui sied également à ravir. L'industriel transalpin Franchi, intégré au géant Beretta, s'est laissé charmer par cette époque révolue mais infiniment envoûtante. Son Esprit en 28 l'incarne magnifiquement. D'autant que toutes ses cotes ont été adaptées à ce calibre, lui conférant une superbe homogénéité, même s'il ne peut masquer ses concessions à la fabrication en grande série.
Nous l'avons testé avec canons de 71 cm à chokes interchangeables intérieurs, crosse anglaise, éjecteurs automatiques et détente unique sélective. Il existe également avec tubes de 68 ou de 62 cm, et deux détentes classiques. Dans la configuration de notre exemplaire d'essai, l'Esprit 28 est commercialisé à 2 790 € environ, soit 12 % de plus que lors de son lancement il y a moins de deux ans. Le prix de la nostalgie s'élève rapidement... Son poids, en revanche, demeure tout à fait fluet. Ce fusil, sans recourir à aucune pièce en alliage d'aluminium, pèse seulement 2,310 kg ; ce qui l'amène même vers 2,270 kg avec les canons de 68 cm, de surcroît générateurs d'un équilibre idéal (que nous conseillons donc d'adopter).
Sur le terrain, l'Esprit semble avoir été conçu, imaginé pour le 28. Être né pour ce calibre. Comme en 20, il offre une prise en main aussi excellente sur son devant long et fin que sur la poignée effilée de sa crosse. Mais sa maniabilité et sa vivacité de montée à l'épaule se révèlent encore plus pétillantes, grâce notamment à un meilleur équilibre qu'en calibre 20 et à une concentration des masses peaufinée. Sa crosse trouve spontanément une place parfaite contre l'épaule et la joue. Sa bande de visée noir mat, qui se réduit de 8 à 5 mm de large, apparaît moins plongeante qu'en 20, moins « étouffée » entre les canons. Elle guide ainsi mieux la visée, même si le gros grain d'orge « à l'ancienne » gagnerait à s'affiner un peu...
La détente unique sélective dorée fonctionnant par inertie « traîne » longuement, ce qui s'avère assez désagréable. Une fois les percuteurs libérés, ceux-ci se révèlent toutefois aussi rapides que puissants. L'homogénéité des gerbes produites par les chokes amovibles de 46 mm de long s'affirme apte à faire pâlir de jalousie les meilleurs embouts fixes. Les douilles sont bien accompagnées par les éjecteurs « à grand développement » qui les enserrent sur un bon tiers de leurs périphéries. Le déclenchement de ces éjecteurs se montre en revanche tardif et leur vigueur limitée. Les douilles sont plus poussées que projetées... illustrant l'absence quasi totale d'interventions manuelles dans la réalisation de l'Esprit. L'ajustage perfectible des canons à la bascule et la rugosité du verrouillage confirment ce ressenti. Seule la sûreté couplée au sélecteur de détente manifeste un soupçon d'onctuosité. Si l'aspect de l'Esprit évoque l'artisanat d'autrefois, sa confection procède exclusivement de la « grande série » industrielle actuelle... Ses bois ordinaires au ponçage à l'huile terne renforcent encore cette sensation. À l'identique des quadrillages épais de sa crosse et de son devant, de l'absence de « flamme » du jaspage de sa bascule et du bronzage dénué de profondeur de ses canons...
Enjoué en action
L'Esprit enfièvre sans réserve en action. Il manque en revanche de chaleur dans son apparence, et sa jolie ligne classique ne suffit pas à susciter l'émotion des armes artisanales élaborées à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle qu'il ambitionne de ressusciter. Quant à son prix, il n'est plus aussi compétitif que lors de sa présentation... C'est donc essentiellement le calibre de l'Esprit 28, avec tout ce qu'il induit de vivacité, de légèreté, de vitesse de montée à l'épaule, de douceur de recul et d'efficacité jusqu'aux portées de 30-35 m, qui conquiert l'amateur d'armes enjouées et virevoltantes. Les gènes « artisanaux anciens » dont il se revendique n'interviennent, eux, que pour une part très marginale. Ce fin juxtaposé constitue ainsi, à l'opposé de ce qu'il semblait a priori promettre, finalement plus un achat de raison que de passion...
Fusil court, bien équilibré, léger, une montée très rapide à l'épaule. Sait se faire oublier dans la main... Bref, un fusil parfait pour le sous bois dense, bon becassier.
Fusil trés fin, léger ,bien équilibré, 2,320kg. J'ai possédé un Fair qui était déjà très bien mais un peu plus lourd et qui piquait du nez.
Le Franchi pour une bascule acier est surprenant de finesse et de montée a l'épaule. Pour qui aime les juxta et le jaspage à l'ancienne, il n'y a pas à hésiter.
NaturaBuy utilise des cookies pour : le fonctionnement du site (cookies nécessaires), la réalisation des statistiques d'audience, l'amélioration de votre expérience utilisateur et la lutte contre la fraude. Vous pouvez accepter, gérer vos préférences par finalité ou continuer votre navigation sans accepter.