Mag' Chasse

La marque française à consonance italienne s'impose de plus en plus dans les armureries. Manifestement avec quelques bonnes raisons.

Français ou italien, le Renato Baldi Light 20? Difficile de trancher. La marque appartient à l'importateur-grossiste sarthois Europ Arm, mais la confection des superposés portant cette signature est confiée au plus grand spécialiste transalpin du fusil de bonne qualité à prix contenu. Alors, disons que notre exemplaire d'essai est franco-italien ! En moins d'une décennie, cette griffe discrète s'est imposée par les qualités de fonds de ses réalisations, le charme de leur présentation et leur efficacité en action.

Ce superposé Light en calibre 20/76 confirme magistralement la réussite du positionnement de Renato Baldi, malgré des tarifs en hausse significative au cours des deux dernières années. Au premier regard, ce superposé a une apparence qui cultive la tradition avec des canons bronzés noirs, une crosse anglaise et un devant « tulipe » poncés mats à l'huile, une bascule finie argent avec gravure à motifs animaliers, de simples extracteurs et deux détentes. Une clé ajourée noire, des détentes et un pontet également noirs, et des bois bien droits de fil et veinés longitudinalement aux curieux quadrillages en forme de tressages, sont autant de références au passé.

À l'opposé, sa conception apparaît tout à fait moderne, avec des tubes de 68 cm à chokes amovibles intérieurs (longs de 46 mm) s'articulant sur deux flasques latérales facilement échangeables, arcboutées sur deux puissants renforts avants usinés d'une seule pièce avec la bascule en alliage d'aluminium. Que rejoignent un renfort en acier des zones de percussion, un verrou inférieur unique massif large de 27 mm s'emboîtant dans deux crochets latéraux, et une bande de visée ventilée large de 6 mm striée transversalement et terminée par un fin guidon à section circulaire en fibre optique rouge. Et auxquels s'ajoute encore une exécution au laser de la gravure, la toute jeune et très contraignante épreuve spéciale « billes d'acier », et une fabrication dont il paraît difficile d'imaginer plus automatisée et plus robotisée ; laissant le sentiment d'une absence quasi totale d'interventions manuelles dans les opérations d'ajustages et de finitions. Ce choix technologique se traduit notamment par un verrouillage mordant qui vient compenser la méticulosité approximative dans l'assemblage du faisceau de canons à la bascule...

 La prise en main, excellente sur le devant, apparaît plus quelconque sur la poignée fine et fuyante de la crosse. Le Light monte vite à l'épaule grâce à son poids de seulement ­ et très exactement ­ 2,300 kg. Avec toutefois une vivacité moindre que cette légèreté ne le laisse a priori supposer, en raison d'une assez nette prédominance de la masse sur les canons (lestés par les embouts interchangeables) ; le point d'équilibre se situant 26 mm en avant de l'axe de la bascule...

Ce fusil se place en position idéale devant l'oeil du tireur et les tubes filent comme des éclairs vers leur cible. Les deux détentes se révèlent aussi directes que nettes et franches, et la percussion, générée par la batterie Anson, bénéficie d'une rapidité et d'une puissance irréprochables. Le poids réduit de l'arme incite, pour d'évidentes raisons de recul, à ne pas dépasser, malgré les chambres « magnum » dont elle bénéficie, la charge ­ au maximum dans les deux cas ­ de 28 g de plombs et de 24 g d'acier. L'extracteur dégage avec détermination les douilles vides. Les gerbes produites, quels que soit la munition et le choke utilisés, offrent une belle homogénéité ; ce qui constitue une heureuse surprise avec les embouts les plus serrés, compte tenu de leur longueur modeste. Leur profil très soigné, à l'instar de leur polissage intérieur et de celui des canons, contribue probablement beaucoup à cette étonnante performance. Certes, le groupement ne progresse quasiment plus entre le trois-quart-choke et le plein-choke, mais la régularité de la répartition des grains demeure aussi remarquable qu'avec les embouts plus ouverts. La sûreté enfin, confiée à un intemporel poussoir granité noir positionné sur la queue de bascule, bien qu'un peu ferme, s'acquitte convenablement de sa mission.

Globalement, le Renato Baldi Light en calibre 20 est un fusil à la personnalité bien trempée, avec son apparence d'une époque où seul l'artisanat avait cours, mais qui habillent des composants issus de la technologie industrielle la plus moderne et assemblés avec les apports de précision de cette même technologie. Il induit un vif plaisir à le regarder, à le manier, à le posséder. Son efficience sur le terrain n'a rien à envier aux « machines à tirer » de calibre 12. Et même si son écart de tarif avec certaines productions plus prestigieuses s'est fortement réduit au cours des toutes récentes années, son prix reste un peu élevé pour une large majorité des chasseurs.·