
L'histoire
Après la Première Guerre mondiale, les militaires constatent que les fusils d'infanterie sont trop grands et trop encombrants pour des combats dans les tranchées. L'utilisation en première ligne d'armes comme le Kar98AZ (en réalité, c'est uniquement ‘Kar98a'), le mousqueton Berthier Mle1892 ou l'US Model of 1917 démontre qu'une arme plus courte et par conséquent plus légère est finalement mieux adaptée. Et même si en général un mousqueton est moins précis qu'un fusil, la différence entre les deux reste minime pour une arme militaire, car le résultat attendu n'est pas celui de faire des mouches dans une cible papier.

L'armée suisse, même si elle n'a pas participé directement au premier conflit mondial, va suivre cette tendance, alors même qu'elle venait d'adopter juste avant le Gewehr et Karabiner Modell 1911.
Cependant, le fusil d'infanterie se révélait très encombrant lors des manœuvres et en parallèle le K11 était très apprécié justement pour sa taille : après tout, un militaire passe la plupart de son temps à porter son fusil, et non à tirer avec… L'armée suisse aurait pu alors simplement abandonner la production du G11, pour n'utiliser que le K11, pour tous les corps d'armée. Mais le mousqueton 1911 n'a pas le même niveau de précision que le fusil. En réalité, le K11 est largement capable à 300 mètres, mais nous sommes en Suisse, le pays des tireurs sportifs ! Et en effet, il est impensable que l'arme d'ordonnance, alors aussi utilisée pour les compétitions, ne donne pas satisfaction aux sportifs.

Les premiers essais débutent au milieu des années 20 avec des mousquetons 1911 disposant d'un canon au profil plus lourd. Sauf que cet ajout de matière augmentait aussi le coût de fabrication, ce qui n'était pas acceptable. En 1928, le colonel Adolf Furrer propose un nouveau système de culasse : plus courte, plus robuste, moins coûteuse en temps de machine et finition. Cette culasse dispose désormais des tenons de verrouillage tout à l'avant, contrairement au modèle précédent où les tenons sont au milieu, sur le corps central. Cela permet de rigidifier l'ensemble lors du tir et d'améliorer la précision de l'arme. De plus, sa taille réduite permet de réduire le boîtier de 6 cm, qui peuvent alors être ajoutés au canon, pour ainsi conserver la taille standard du K11, mais avec un canon plus long, donc avec un gain potentiel en précision.
Tour de force ultime : la manipulation de la culasse est strictement identique à celle du G11 et du K11, ce qui ne change quasiment rien à l'instruction des troupes. Techniquement, le K31 ne devrait pas être appelé “Schmidt-Rubin”, car mis à part l'utilisation de la balle chemisée pour GP11 développée par Eduard Rubin, il n'y a plus rien de “Schmidt” dans le design.

Le Karabiner Modell 1931 est adopté définitivement en 1933, et sera produit en masse jusqu'en 1958. Il remplace alors les G11 et K11 dans toutes les unités suisses. Le tir à la grenade sera développé, avec un tromblon se plaçant sur le canon, et l'utilisation d'une cartouche dite ‘feuillete'' (cartouche sans balle destinée à propulser une grenade). On peut noter que les fusils à lunette de tireur d'élite ZFK31/42 et ZFK31/43 en sont directement dérivés. Le K31 ne subira que peu de modifications après son adoption, la plus évidente est l'utilisation de crosse en hêtre (avant en noyer) à partir de 1946.
Baïonnettes
Le K31 peut-être équipé des mêmes baïonnettes déjà mentionnées dans l'article sur le K11. Il dispose en plus de deux modèles que voici :
- - Le modèle 1918 : Très commune, cette baïonnette est de la même taille que la M1889, mais dispose d'une lame à double tranchant.

- - Le modèle 1918/55 : Similaire à la M1918, la seule différence réside dans le fait que sa poignée est plus épaisse car il s'agit de poignées issues des stocks de baïonnettes-scies M1914.

Au stand
Les manipulations du K31 sont identiques aux autres fusils suisses : on tire vivement la culasse en arrière, on positionne le clip en papier-cartonné de six cartouches au-dessus du magasin, puis on appuie sur les cartouches pour les insérer. On repousse ensuite la culasse vers l'avant et le fusil est prêt à faire feu. La mise en sécurité de l'arme se fait en positionnant l'anneau à l'arrière sur le côté, comme illustré sur les photos ci-dessous. Le magasin est détachable et facilite le nettoyage. La poignée de la culasse est en métal, beaucoup plus solide que les versions d'avant en bakélite.

Le poids et la longueur de l'arme sont bien équilibrés, la poignée pistolet offre du confort au tir et la hausse, qui est toujours en U sur un guidon carré, commence désormais à 100 mètres, ce qui conviendra mieux pour la plupart des stands en France.
La distance hausse-guidon est augmentée par rapport au K11, ce qui est plus confortable pour le tireur. Aussi, le canon flottant n'est plus maintenu par une bague en aluminium comme ses prédécesseurs mais simplement posés sur le bois au niveau de l'embouchoir. Il faut d'ailleurs mentionner la qualité de cette mise en bois et de fabrication générale de l'arme qui surprend vraiment pour une arme dite “de guerre”!

Quant aux résultats en cible, que dire ? La présence du K31 sur les podiums au Tir aux Armes Réglementaires n'a plus grand-chose à prouver, et ce Karabiner est encore largement utilisé en Suisse pour les tirs à 300 mètres. On serait en droit de se poser la question de savoir où sont les défauts du K31? La vérité se situe peut-être dans sa faible valeur historique… Oui, il ne jouit pas de l'aura du Mauser 98k ou du Mosin-Nagant car il n'a participé à aucun conflit, mais face à la cible, tout ceci importe peu. Ce qui compte, ce sont les résultats en cible, et pour un prix trois fois inférieur à un Springfield 1903A3, vous avez un excellent fusil, de plus en plus victime de son succès.

Son autre défaut serait sa prise de visée traditionnelle en U, sans dioptre. Là bien sûr, c'est une question de fatigue visuelle qui sera propre à chacun ! Mais sachez que les dioptres Waffenfabrik pour K31 sont très faciles à trouver sur le marché et à installer, et permettent en plus de participer à l'épreuve 812 du T.A.R. (épreuve gros calibres modifiés).

Aussi, si vous souhaitez pousser votre K31 au-delà des 300m, il existe plusieurs types de fixations de lunettes à la vente, qui permettent d'y poser une lunette, sans modification irréversible de votre arme. Enfin, des freins de bouches, silencieux, chargeurs de 10 cartouches, bipied, châssis “tactiques” vous offrent la possibilité de customiser votre K31 pour en faire une carabine de TLD.
