Mag' Chasse

Le fusil à rechargement automatique SG12 remplace le très éprouvé A12, dont il s'inspire beaucoup. Il est fabriqué comme lui, malgré leur signature italienne, en Turquie. Plus qu'un fusil, le SG12 Polychasse, livré en mallette, constitue en effet un véritable « système d'armes ». Cet ensemble est bâti autour d'un fusil calibre 12/76 avec canon de 66 cm, auquel s'ajoutent six chokes interchangeables « intérieur-extérieur » longs de 9,1 cm (qui dépassent de 2 cm à l'extrémité du canon, le transformant de fait en tube de 68 cm), dont un rayé dispersant pour la bécasse ou le lapin tirés à courte distance. Rejoints par une allonge de 7,3 cm amenant le tube, dépassement du choke compris, à un peu plus de 75 cm.

Tout cela pour 999 € ,ce qui en fait une offre très intéressante.

D'autant plus que le SG12 est assez agréable à regarder. Même si l'extrémité « diamantée » du choke manque de discrétion, le noyer de la crosse et du devant apparaît quelconque, et la grenadière amovible de la crosse laisse un orifice béant lorsqu'elle est ôtée. Mais c'est sur le terrain qu'il importe d'aborder l'arme, dont la conception privilégie l'efficacité en action

Son poids, 2,950 kg, contenu grâce au recours à un boîtier de culasse en alliage léger, est optimal. Son équilibre s'avère satisfaisant pour un fusil à emprunt de gaz ; les modèles équipés de ce mécanisme ayant souvent une tendance excessive à « piquer du nez » : ce qui n'est pas le cas ici. L'excellente prise en main, qu'assurent la poignée pistolet ergonomique de la crosse et le devant semi-anatomique, confère au SG12 une maniabilité correcte malgré son encombrement important. La visée est guidée avec autorité par la bande ventilée large de 6 mm et terminée par un très efficient grain d'orge doré. La « montée à l'épaule » impressionne donc favorablement, d'autant que la crosse y trouve une place parfaite. En revanche, le premier tir déçoit. Le décrochement de la détente surprend. Elle se montre à la fois caoutchouteuse et trop douce, surtout pour les chasses d'hiver où le port de gants est fréquent. Quant à la percussion, désespérément lente, elle semble aussi sans vigueur, bien que l'amorce des cartouches soit bien marquée. La régularité des gerbes se révèle de bon niveau, y compris en plein choke et avec l'embout rayé dispersant. L'allonge n'intervient en outre aucunement sur ce point. Il est permis de se demander quelle est son utilité, si ce n'est de déséquilibrer l'arme, de l'alourdir et d'en affecter sa maniabilité. Sa présence dans la mallette apparaît plus commerciale que légitime...

Il ne faut pas demander à ce fusil de tirer des cartouches de sport chargées à 24 g et nous suggérons, par tranquillité d'esprit, de lui éviter aussi celles n'en contenant que 28 g. Sinon, à partir de 32 g, le fonctionnement du SG12 est impeccable. Les groupements obtenus avec les munitions à balle que nous avons tirées (Brenneke Rubin Sabot et Fier 28),en utilisant bien sûr l'embout le plus ouvert, se sont avérés eux aussi très satisfaisants. De quoi emmener en confiance ce fusil dans les battues de grands animaux, en traque comme au poste, même si ce n'est pas, notamment en raison de la longueur de son canon, sa destination première.

Le recul du SG12, en (petite) partie absorbé par son système d'emprunt de gaz et probablement un peu plus par le sabot amortisseur en caoutchouc équipant sa crosse, demeure très acceptable jusqu'aux munitions magnum « plomb » ou haute performance « acier » (le fusil bénéficie naturellement de l'épreuve spéciale dédiée à ces billes). Les magnum « acier » sont en revanche à éviter... L'animation manuelle du mécanisme laisse un sentiment de rugosité, sans rien néanmoins de choquant au regard du prix de l'arme. La sûreté, confiée à un poussoir transversal placé à l'arrière du pontet, s'acquitte scrupuleusement de sa mission.

Enfin, la finition s'avère de bon aloi : ponçage à l'huile satiné des bois satisfaisant, traitement noir mat des surfaces métalliques extérieures assez réussi, et enfin marquages, détente et culasse gris clair apportent une appréciable touche de gaieté à l'ensemble. Le SG12 Polychasse s'affirme donc à la hauteur de ses ambitions. Les nombreux embouts proposés pour son canon, son poids modéré, son fonctionnement irréprochable avec tous les chargements usuels, sa vivacité correcte et son prix très « serré » en font un bon achat. Pas émoustillant, mais à même d'apporter une contribution efficiente et régulière à la réalisation de jolis tableaux, quels que soient les gibiers convoités et les conditions dans lesquelles ils sont chassés.