Dans le domaine des jumelles, Swarovski a régné de longues années sans partage avec gamme EL. Le large champ corrigé était sans équivalent. La concurrence a tardé à réagir, mais ce fut fait avec le lancement de la Victory en 2014 chez Zeiss et de la Noctivid en 2016 chez Leica. On est là sur des produits avec chacun des atouts différents, mais ils poussent tellement loin l’excellence, qu’il semblait difficile d’imaginer ce que la marque Autrichienne pouvait inventer pour relancer la course. Heureusement, dans la vallée du Tyrol où est implanté Swarovski, on ne manque pas d’imagination, et c’est ainsi qu’est née la gamme NL Pure. Elle met l’accent sur la largeur du champ et l’ergonomie. Il monte jusqu’à 159 m à 1000 m sur la 8x42 ! Un record. Pour comparaison des Leica Noctivid 8x42 ont 135m à 1000 m. Souvent les fabricants parviennent à offrir encore plus de champ sur la déclinaison en 32 mm. Si le prisme utilisé est aussi large que sur un 42 mm on comprend aisément que le faisceau lumineux d’un objectif de 32 mm est plus petit, et permet donc aux ingénieurs d’élargir le champ. Ce n’est hélas pas l’option retenue pour la NL Pure 8x32. Il semble ici que les prismes sont spécifiques et plus petits que sur les 42 mm. D’ailleurs, le fût galbé et sculpté offre une taille de guêpe très agréable à la prise en main. Au final, le champ est de 150 m à 1000 m et se place donc derrière la Victory SF sortie en 2020. Elle affiche un arrogant 155 m à 1000 m au prix d’une qualité d’image un peu moins bonne en bord de champ.
Qualité de fabrication
La qualité de fabrication est excellente comme on peut s’y attendre. On apprécie le système mécanique permettant d’ajuster très facilement la longueur de la courroie. Toutes les finitions sont belles.
Le seul point de faiblesse identifié est au niveau de la petite charnière qui tient les bouchons avant, le bouchon peut se décoller tout simplement. C’est un peu dommage, même si c’est facile à réparer soi-même au besoin avec une colle puissante (époxy par exemple). On retrouve ce système sur les EL actuelles, mais elles avaient avant un système de courroie qui permettait d’enlever facilement complètement les bouchons, si souhaité. Et c’est utile lorsqu’il y a beaucoup de vent. Dans le système actuel il est possible de déclipser le bouchon, mais il est difficile à remettre. Cette partie serait vraiment à revoir.
Prise en main
Il semble évident que cette paire de jumelles s’est en partie inspirée des Victory SF 8x42. Les Swarovski EL avaient le centre de gravité vers l’avant. Or en sortant la Victory SF, Zeiss a communiqué sur le concept d’«Ergo Balance ». Un bien grand mot pour indiquer que le centre de gravité est situé vers l’arrière. Mais ce n’est pas un détail car ça change tout en termes de prise en main. La paire de jumelles vient s’appuyer naturellement contre notre tête, et la tenue est nettement soulagée. Swarovski a donc repris cette idée mais l’a poussé plus loin en inventant le système FRP. Il s’agit d’un point d’appui supplémentaire pour le front. Il est optionnel et se clipse entre les oculaires par un système de double fixation semblable à des prises jack. Le gain de stabilité est vraiment appréciable. Ce qui l’est moins, c’est que l’accessoire soit optionnel et vendu à 129€. C’est un peu cher pour ce que c’est. En tout cas il est réglable et s’ajuste au mieux à la physionomie de chacun.
Du côté des réglages, la mise au point et le réglage de dioptrie sont regroupés sur le pont central. C’est un bon point. La course de la molette de mise au point est de 2 tours. C’est un peu long en principe, mais pas ici car la mise au point est démultipliée dans les premiers mètres. C’est un très bon point, on ne trouve cette particularité que dans le très haut de gamme. La molette de dioptrie est moins convaincante, elle n’est pas crantée sauf pour la position 0, ce cran est ferme, si bien qu’il est difficile de faire un réglage proche de 0. Pour les autres positions on aurait apprécié une molette finement crantée. Cette ergonomie rendra nostalgique les habitués des Swarovski EL et SLC dotées d’un bien meilleur système. Parfois, à vouloir trop faire nouveau on tue la nouveauté.
C’est néanmoins un petit bémol car globalement tout le reste est en progrès par rapport à une EL.
Dans notre prêt, n’était pas inclue l’option de bonnette pour la protection de la lumière latérale à fixer sur les œilletons, mais il faut y penser, peu de marques concurrentes proposent cet ajout alors que le gain de confort est important. L’option est à 33 €, il faudrait être fou de s’en priver, sauf pour les porteurs de lunettes pour qui l’apport de cet appendice n’est pas évident.
Nos mesures
Qualité d'image au centre
Les plus petits détails au centre du champ sont vus sous un angle de 0.7’ alors que la limite de perception de notre œil est de 1’, c’est donc excellent.
Qualité d'image au bord
Les plus petits détails en bord de champ font 1,6’, on est dans ce qui se fait de mieux.
Transmission de lumière
La transmission de lumière mesurée dans le vert est de 89%. On est un peu en dessous de la valeur de 92% annoncée par le fabricant. C’est étonnant, mais ça reste un bon résultat. Précisons que ce n’est qu’un point de mesure dans tout le spectre visible, il est possible que la transmission soit meilleure à d’autres longueurs d’onde.
Chromatisme
Le chromatisme se traduit par une irisation sur les contours de cibles contrastées, la correction est très bonne mais pas parfaite.
Neutralité des couleurs
On notre une excellente neutralité des couleurs avec une dominante faible dans le vert. C’est au centre de la courbe de réponse de l’œil, c’est parfait. Il en ressort une grande sensation de neutralité à l’oculaire.