Valeur mécanique
(Bascule, verrouillage, détente, canonnerie)
Valeur d'usage
(Poids, équilibre, sûreté, percussion,rechargement, gerbes)
Valeur esthétique
(Matériau crosse, finition, gravures)
Rapport qualité/prix
L'industriel italien a développé à l'intention des passionnés de migrateurs cette formidable «machine à tirer» en calibre 12 super magnum.
La discrète firme transalpine Marocchi commercialise, à des prix tout à fait contenus, une large gamme de fusils à rechargement automatique fonctionnant par emprunt de gaz ou par inertie, qui n'ont rien à envier aux réalisations d'élite de la spécialité. Son dernier né, le Super SJ, diffusé au tarif de 1 090 € environ, est un « super magnum » calibre 12 à chambre de 89 mm et mécanisme de rechargement inertiel, essentiellement destiné à la chasse des oiseaux migrateurs. Particulièrement dans la configuration Synthétique, objet de ce test, équipée d'un canon fini satiné noir, d'une crosse et d'un devant en matériau composite noir mat à l'aspect et au toucher caoutchouté, et du système d'absorption du recul Complus exclusif à la marque.
Le Marocchi Super SJ Synthétique semble même avoir été développé spécifiquement pour le tir des munitions à grenaille non-toxique ; qu'il s'agisse de billes d'acier, de cuivre doux ou de sphero tungsten. Cet « automatique » de ligne classique apparaît assez agréable à regarder, malgré son devant et son bouchon de magasin manquant de finesse. Son montage et son démontage demandent un maniement sans ménagement, qui confirme sa vocation résolument « utilitaire ». Et révèle le recours probable pour sa production, bien qu'il porte les marquages « made in Italy » (fabriqué en Italie) sur sa culasse et « steel Saint-Etienne » (acier de Saint-Etienne) sur son canon, à bon nombre de composants manufacturés dans l'usine turque de l'entreprise... Mais passons sans plus attendre au terrain. La prise en main excelle sur le devant comme sur la poignée pistolet de la crosse, qui remplissent tous deux parfaitement les paumes. Malgré son poids de 3,230 kg, pas franchement fluet (mais pas excessif non plus), le Super SJ monte vite à l'épaule grâce à la répartition des masses favorable qu'induit son mécanisme de rechargement inertiel. Il s'y place spontanément en position idéale, l'oeil « calé » devant la gouttière creusée au sommet de la boîte de culasse en alliage léger, entre les deux rails destinés au montage éventuel d'une lunette de hutte ; que prolonge vers l'avant la bande ventilée finement granitée avec effet de stries longitudinales terminée par un guidon à section circulaire en fibre optique rouge cerclé de noir. Cette visée magistrale est digne de servir de modèle à nombre de productions infiniment plus prestigieuses. La détente étonnamment directe pour un fusil à rechargement automatique libère en revanche une percussion d'une lenteur rappelant les armes d'un temps révolu. Les tirs s'enchaînent dans un surprenant confort de recul, assurément dû au système amortisseur Complus, qui se résume pourtant à une simple plaque de couche épaisse pleine et un insert de busc tout deux en matière caoutchoutée plutôt dure. Ce système prouve que les formules d'apparence sommaire peuvent fournir des résultats nettement plus convaincants que des mécanismes qui se veulent beaucoup plus élaborés. Et il assène une nouvelle leçon à certaines marques amplement plus auréolées. Même si, bien sûr, les munitions magnum ou super magnum à billes d'acier secouent néanmoins rudement l'épaule du tireur... voire tout le tireur.
Marocchi affirme que le Super SJ est apte à utiliser toutes les cartouches de 70 à 89 mm de longueur de douille et de 28 à 64 g de charge de grenaille. Notre exemplaire d'essai n'a pas confirmé pour les 28 g « plombs »... Pas de problème en revanche avec les 32 g, sous réserve qu'elles possèdent un culot d'au moins 12 mm. En billes d'acier, il fonctionne sans souci avec les 28 g comme avec l'ensemble des munitions plus étoffées. Marocchi a peut être seulement oublié, lorsqu'il parle de « toutes les charges de 28 à 64 g », de préciser « d'acier » pour les plus légères d'entre elles... Les gerbes produites par les chokes interchangeables longs de 70 mm et magnifiquement usinés affichent une homogénéité d'anthologie quels que soient leur « serrage » et la grenaille employée. Sous réserve naturellement, longueur de la chambre oblige, de n'utiliser que des bourres à jupe et godet. Marocchi délivre là une troisième sévère leçon à certaines firmes de haute renommée qui multiplient les arguments pseudo-technologiques pour tenter d'imposer la soi-disant supériorité balistique de leurs canons... Enfin, la sûreté confiée à un traditionnel poussoir transversal positionné à l'arrière du pontet remplit impeccablement sa mission. Globalement, le Super SJ Synthétique s'inscrit parmi les fusils les plus redoutablement efficaces existant sur le marché pour le tir des oiseaux migrateurs, notamment aquatiques. Il manque certes de raffinement esthétique comme de prévenance pour son montage et son démontage, et il faut aussi un peu d'habitude pour cesser de se pincer les doigts à tout moment dans son mécanisme. À son niveau de prix il semble cependant bien difficile d'imaginer trouver un « outil » plus efficient, fiable et endurant, et qui accepte sans sourciller les pires conditions de chasse et d'environnement en apportant toujours la plus absolue satisfaction à son utilisateur.
+Fabrication sérieuse
+Prise en main remarquable
+Poids raisonnable
+Visée parfaitement conduite
+Gerbes très homogènes
+Mécanisme inertiel ultrafiable
+Détente agréable (pour un « automatique »)
+Recul bien maîtrisé
+Présentation sobre et réussie
+Prix doux
– Montage-démontage rugueux
– Maniement de la culasse rude
– Mécanisme moins polyvalent qu'annoncé
– Percussion lente
– Ligne banale
– Devant et bouchon de magasin massifs
Origine : Italie
Calibre : 12/89
Poids : 3,230 kg
Destination : chasse des oiseaux migrateurs
Variantes : aucune
Sidam
Zac de la Petite-Camargue
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