Pressions et chokages : le point sur les règles
La détermination des pressions, des chokages et des tailles de billes admissibles par une arme n’est pas faite à l’emporte-pièce ! En Europe ces données sont uniformisées par un organisme : la CIP ou Commission Internationale Permanente pour l’épreuve des armes à feu portatives. Afin de simplifier l’explication, nous allons nous cantonner à traiter le calibre qui est à l’heure actuelle le plus apte à utiliser les substituts de façon réellement efficiente : le calibre 12.
Munition pression ordinaire (nommés standards ou par le terme galvaudé basse pression) :
- Pression maximum admissible : 740 BAR
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Pour arme éprouvée à 930 BAR (la quasi-totalité des armes depuis la création de l’épreuve.)
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Vitesse maximum 425 m/s
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Quantité de mouvement : inférieur à 12
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Diamètre de bille maximum : 3,25 mm (n°4 séries de Paris)
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Rétreint (choke) maximum : full.
Munition Haute pression longueur 70 mm :
- Pression maximum admissible : 1050 BAR
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Pour arme éprouvée à 1320 BAR (portant le poinçon fleur de lys.)
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Vitesse maximum 430 m/s
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Quantité de mouvement : inférieur à 13
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Diamètre de bille maximum : 4 mm (n°1 séries de Paris)
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Rétreint (choke) maximum : Demi (5/10èmes).
Munitions haute pression magnum (douille de 76 ou 89 mm)
- Pression maximum admissible : 1050 BAR
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Pour arme éprouvée à 1320 BAR (la quasi-totalité des armes depuis la création de l’épreuve.)
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Vitesse maximum 425 m/s
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Quantité de mouvement : inférieur à 15
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Diamètre de bille maximum : 3,25 mm (n°4 séries de Paris)
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Rétreint (choke) maximum : Demi (5/10èmes).
Fiches signalétiques de différents substituts :
Avant toute analyse il est important de déterminer une base de réflexion. Cette dernière étant évidemment le plomb. Sa densité est voisine de 11 grammes par centimètre cube (pouvant varier dans des proportions négligeables compte tenu de l’usage auquel il est destiné).
Le tungstène :
Densité |
15g/ cm3 (parfois 12g/cm3) |
Bourre spécifique « acier » obligatoire |
OUI |
Usage |
Gibier d’eau, posé Anecdotiquement au vol |
Tarif moyen d’une cartouche |
6 euros |
Plusieurs sortes de grenailles de tungstène existent, cependant seules celles ayant une masse volumique inférieure ou égale à 15 g / cm3 peuvent êtres chargées par les manufacturiers, en respectant la norme CIP. Commercialement Appelé TSS (pour tungsten super shot), le tungstène remporte un franc succès auprès des chasseurs de gibier d’eau, pour ses capacités à tuer net et loin. Le trop étant l’ennemi du bien, il convient de ne pas tomber dans les travers de la « sur-efficacité » du matériau et tenter des tirs à des distances indécentes, bien loin de toute éthique. 65 mètres semble être une distance maximale à respecter… au-delà soyons sérieux, cela relève du tir d’artillerie… pas de chasse. Concernant le tungstène de densité 18 g / cm3 chargé (et souvent vendu sous le manteau) par des apprentis sorciers : ce dernier est hors norme CIP (trop dense, trop dur). Vous n’en trouverez donc pas dans le commerce. S’il entre dans vos canons… c’est à vos risques et périls.
Le Bismuth :
Densité |
9,8g/ cm3 |
Bourre spécifique « acier » obligatoire |
Non, bourre grasse possible |
Usage |
Chasse polyvalente tous usages |
Tarif moyen d’une cartouche |
2,50 euros |
Ce fameux Bismuth semble donc être le véritable mouton à cinq pattes des substituts au plomb ! Possédant une densité convenable, il est « doux » avec l’intérieur des canons, et se trouve être utilisable dans le cadre d’un chargement à bourre grasse ! Il fallait bien, cependant, que ce matériau magique possède une faille… En autre propriété physique, le Bismuth a la particularité de n’être doué d’aucune ductilité (capacité à s’écraser, se déformer et à pouvoir encaisser des chocs). Le départ du coup de feu et l’impact avec le gibier sont alors deux phases critiques compte tenu de ces propriétés bien plus proche de la roche que du métal ductile qu’est le plomb ! Ainsi, passer de 0 à 400 m/s en 71 cm provoque une accélération telle, que la grenaille de Bismuth ne saurait résister, se réduisant alors en poudre. Toutefois, une solution existe : le « simple » fait d’enrober les grains d’une fine couche d’étain suffit ! Ainsi protégées, les billes de ce métal « cassant » conservent leur intégrité de la munition au gibier.
Le Cuivre :
Densité |
8,9g/ cm3 |
Bourre spécifique « acier » obligatoire |
Oui |
Usage |
Chasse polyvalente tous usages |
Tarif moyen d’une cartouche |
2 euros |
Le cuivre représente une alternative intéressante au plomb, bien que sa densité, et par voie de conséquence son énergie cinétique résiduelle soit plus faible que celle du plomb. Au gré d’un traitement thermique, le cuivre devient « cuivre doux ». Sa capacité à se déformer à l’impact devient alors plus importante. La conséquence vertueuse de cette déformation se traduit par une possibilité de transmission énergétique plus importante : en somme et à l’instar du plomb, le cuivre « perce moins » que les substituts durs tels que l’acier ou le tungstène, engendrant une létalité tout à fait correcte, notamment au vol.
Le PLP :
Ce nouvel alliage, notamment utilisé par la firme Jocker dans sa gamme « alternative » est composé de Zinc, d’étain, d’aluminium et de bismuth. Sa ductilité, très proche de celle du plomb possède le triple avantage de s’absoudre de la contrainte liée au chokage, à l’utilisation d’une bourre spécifique et au manque de létalité. À quelques détails près, notamment une densité et une énergie cinétique résiduelle inférieure au plomb, le PLP peut être globalement considéré comme un substitut proche du plomb, notamment en termes de comportement mécanique, en conditions de chasse standard, à distance moyenne.
Densité |
7,4g/ cm3. |
Quantité de mouvement maximum |
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Bourre spécifique « acier » obligatoire |
Non, bourre grasse possible. |
Usage |
Chasse polyvalente tous usages distances moyennes. |
Tarif moyen d’une cartouche |
1,50 euros. |
Le Zinc -étain
Presque tombé dans l’oubli, l’alliage de zinc et d’étain possède une faible densité, légèrement compensée par une dureté plus ou moins semblable au plomb. On retrouve de la grenaille faite de ces métaux dans les fameuses munitions « Epoque zinc-étain produites par le fabricant français Tunet. La relative « souplesse » du matériau a tendance à être plutôt prévenant avec les canons des fusils anciens. Trop peu utilisé, il aurait cependant un intérêt certain à être utilisé dans les munitions de petits calibres (12 mm et 14 mm particulièrement).
Densité |
7,2g/ cm3. |
Bourre spécifique « acier » obligatoire |
Oui. |
Usage |
Chasse polyvalente tous usages, distance moyenne. |
Tarif moyen d’une cartouche |
1,80 euros. |
L’acier :
Le terme acier est galvaudé dans le contexte, le matériau chargé dans nos munitions étant du fer doux. L’acier étant du fer additionné à du carbone. Toutefois, et quel que soit sa dénomination, ce matériau que nous nommerons acier pour plus de simplicité, est de très loin le plus utilisé des substituts au plomb et pour cause : il est le moins onéreux ! L’acier est quelques sortes le « substitut à tout faire » ! Des munitions sportives aux charges magnum emportant une grenaille de fort diamètre à grande vitesse, il demeure le substitut disposant du meilleur rapport prix/ possibilité de chargement/ létalité.
Densité |
7,9g/ cm3. |
Bourre spécifique « acier » obligatoire |
Non, bourre grasse possible. |
Usage |
Chasse polyvalente tous usages. |
Tarif moyen d’une cartouche |
0,70 euros. |
Synthétiquement, il est important de « dédramatiser » l’usage des substituts au plomb et ce quel que soit le type d’arme utilisé. Si tant est que votre fusil ait une longueur de chambre supérieure ou égale à 70 mm, aussi « vieux » soit-il, il sera capable d’accepter le tir de substituts et ce de manière performante. Une précaution demeure toutefois : ces munitions étant relativement contraignantes pour l’arme, cette dernière se doit d’être en bon état mécanique. Un passage pour vérification chez un armurier compétent semble être la voie de la sagesse et de la tranquillité d’esprit.