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La diffusion sur YouTube de compétitions internationales carnassiers en Europe a montré que les pêcheurs d’Europe du nord utilisent énormément le montage Carolina pour aller chercher les perches dans les grands lacs. Ce montage extrêmement simple est destiné à pêcher sur le fond et cible les poissons peu ou pas actifs avec une animation minimaliste qui ne va pas les effrayer. Chez nous cette technique était un peu tombée en désuétude alors qu’il y a une trentaine d’années, elle était la technique reine et avait été rebaptisée « tirette » par les pêcheurs qui en avait développé nombre de variantes. 

Ultra efficace sur les percidés, le montage Carolina et sa technique de tirette sur le fond peut sauver une journée de pêche lorsque les poissons qu’on découvre au sondeur restent désespérément impassibles face à nos plus beaux leurres.

Tirette ou Carolina ?

Les puristes amateurs de pêche du bass ne seront pas d’accord avec moi mais fondamentalement, rien ne diffère du Carolina à la tirette, si pratiquée il y a une trentaine d’années. Le but étant de trainer doucement un leurre ou un appât vivant sur le fond de façon à déclencher la touche du prédateur. Que ce soit Carolina ou tirette, le lest va frotter sur le substrat et former un petit nuage de particules, le bruit du plomb ou le tintement du laiton ou du tungstène va donner un stimulus auditif au poisson, enfin la forme et les vibrations du leurre vont décider le carnassier. Tout ce qui a été mis au point par le passé pour la tirette se retrouve dans le Carolina. 

Les lests de forme coniques possèdent pour certains un gainage interne en plastique pour éviter le frottement du métal sur le fil, les billes dites de verre sont utilisées pour les montages plomb palette, les stop fils ou perles caoutchouc viennent eux du coup ou de la carpe et existent depuis des lustres. J’ai même retrouvé dans mes vieilles affaires des perles flottantes en mousse pour bien décoller le montage. 

Comment pratiquer ? C’est d’une simplicité enfantine, tellement simple que ça peut en devenir lassant au bout d’un long moment sans touche. Il suffit de ramener doucement son montage canne basse en gardant le contact avec le fond et en effectuant de nombreuses pauses de durées variables. Le leurre va alors doucement remonter du fond, une nouvelle tirée le ferra replonger. 

À la touche, on rend la main une seconde et on ferre amplement. Pour les montages avec le plomb coulissant qui touche l’hameçon, pour pêcher les tombants, on pratique canne haute et on rend la main un peu plus longtemps à la touche. 

Plusieurs montages de type Carolina

Afin de s’adapter au biotope pêché, différents montages basés sur le même principe vont exister. La plupart sont issus du montage texan mis au point pour traquer le bass dans les zones encombrées.

Si pour les puristes, le Carolina reste un montage et un seul destiné au bass, nous allons parler de Carolina pour différents montages mis au point pour être trainés sur le fond ou pour descendre le long des structures rocheuses et chercher à faire mordre perches et sandres. Le classique consiste à monter un plomb coulissant de forme balle sur le corps de ligne, la forme balle passera mieux les obstacles qu’une olivette. On rajoute ensuite un bas de ligne dont le nœud de l’émerillon est protégé des chocs du plomb par un stop fil, une bille de verre ou une bille caoutchouc. 

On termine le montage par un hameçon texan offset ou droit ou bien encore un hameçon à appât naturel ou leurre du type de ceux qu’on utilise sur les montages drop shot. Les variantes ne sont qu’un ajout d’un stop fil pour bloquer le coulissement de la ligne ou de placer le plomb sur le bas de ligne afin de pêcher les tombants. La longueur du bas de ligne sera variable, en gros de 50 cm à 1 mètre. Plus le bas de ligne est long, plus la présentation est optimale mais plus il faudra alors une canne adaptée pour lancer le montage.

Les leurres et appâts naturels

Le leurre idéal pour pratiquer le Carolina est un leurre flottant qui se détachera du substrat en passant au-dessus des herbiers et des cailloux afin de rester bien visible aux yeux des prédateurs. Pour qu’il soit flottant il est important qu’il ne soit pas salé, comme on en voit beaucoup sur le marché. Comment savoir si un leurre est salé ? Il suffit de le porter à la bouche et de le gouter avec la langue, vous détecterez alors immédiatement le sel qui est destiné à rendre le leurre coulant, quelquefois c’est noté sur la pochette et ça vous évitera de lécher un bout de plastique. De plus, l’absence de sel évitera la corrosion de vos hameçons si vous laissez le leurre en place en rangeant votre montage.

Pour le Carolina on utilise la plupart du temps des grubs (virgules) ou des craws (écrevisses) voir des slugs ou des créatures. Le shad n’a guère d’utilité car son paddle ne se mettra que peu en action. L’animation étant minimaliste, plus le leurre aura d’appendices vibratoires fins mieux ce sera, c’est pourquoi les craws et les shrimps (leurre en forme de crevette) sont si utilisés. Au niveau des appâts, on pourra utiliser des appâts leurres en amidon de maïs gorgés d’attractant ou un vers de terre, voir un vif ou un poisson mort. 

Les bons hameçons et les bas de ligne

L’important est d’équiper son montage de l’hameçon had hoc. On arme généralement une craw ou une shrimp avec un hameçon texan wide gap à large ouverture alors qu’un worm sera mieux armé avec un hameçon texan droit.  Cette famille d’hameçons texans demande toujours un ferrage légèrement retardé et surtout très ample de façon à bien faire ressortir la pointe qui se dégage du leurre lorsque le poisson ferme sa gueule dessus. 

Avec d’autres leurres on pourra utiliser des hameçons simples plus classiques, à grande ouverture pour un leurre avec une grosse tête ou à ouverture plus technique et resserrée pour les leurres plus fins. Si avec un simple basique deux ou trois tailles suffisent, avec un texan il faut absolument que la taille soit adaptée au leurre, par conséquent cinq à six références du 4 au 2/0 sont indispensables pour faire face à un maximum de  situations.

Concernant le bas de ligne, le meilleur sera composé de fluorocarbone soft, celui-ci de par sa grande résistance à l’abrasion permettra de rester efficace même en frottant sur le fond. La souplesse est elle aussi un élément à prendre en compte pour que le poisson ne détecte pas le piège à l’engamage et que le leurre ait un comportement plus naturel. Les copolymers mixant une âme en nylon à un gainage en fluorocarbone sont une alternative intéressante et souvent moins onéreuse  que le 100% fluorocarbone.

Une bonne canne et un bon moulinet 

Le fait de devoir ferrer avec un hameçon texan demanderait dans l’absolu l’usage d’une canne d’action extra fast et de tresse solide, toutefois la bouche des perches étant fragiles il vaudra mieux utiliser une canne  progressive lors du combat, l’idéal étant une canne regular avec un scion fast. La longueur est aussi un élément à prendre en compte puisque le  bas de ligne, parfois important, demandera une longueur de 2.4 m voir plus pour pouvoir  lancer loin et précisément en grand lac. Ici le spinning sera le plus adapté pour prospecter les fonds propres des grands milieux. 

Pour les éboulis rocheux, le casting sera la meilleure solution pour un contrôle plus précis de la ligne. Si vous pêchez le bass en milieu encombré, ce sera canne casting très raide et grosse tresse 4 brins pour l’extraire en force mais pour la perche ou le sandre mieux vaut y aller en douceur. En tirette sur le fond, un moulinet avec un ratio lent sera le plus adapté, contrairement à un ratio rapide qui facilitera la pêche sur les zones d’éboulis où se tiennent les percidés qui recherchent les écrevisses. La canne devra être très tactile pour bien ressentir le fond ou la touche parfois discrète d’un poisson qui gobe nonchalamment votre leurre, une canne type drop shot est parfaite pour ça.