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Là où le pistolet a marqué les esprits, c’est bien sur le grand écran. Depuis les années 80, il n’a cessé de faire des apparitions auprès de stars hollywoodiennes comme Arnold Schwarzenegger ou encore plus récemment dans les mains de l’anti-super-héros Dead Pool.
Un peu d’histoire
La société Magnum Research a été fondée en 1979 dans le Minnesota. Comme son nom l’indique, l’objectif était de proposer un pistolet semi-automatique chambré dans le calibre magnum : le 357. C’est à partir de 1983 que sortent les premiers prototypes fonctionnels. Cependant la difficulté réside dans l’adaptation d’une cartouche avec un étui à bourrelet, parfaite dans un barillet de revolver, mais compliquée à utiliser dans un magasin à simple pile et les premiers pistolets souffrent de dysfonctionnements. Rapidement, dès 1985, le pistolet sera amélioré par la firme Israélienne IMI (Israel Military Industries, aujourd’hui IWI Israel Weapon Industries).
La connexion entre les deux firmes n’est pas réellement connue, certaines rumeurs tendent à faire croire que les deux producteurs de cinéma Menahem Golan et Yoram Globus ont aidé à la mise en relation car ils cherchaient une arme avec “une gueule” pour leurs films de série B… Il est plus simple de penser que IMI a rencontré Magnum Research sur un salon de l’armement et que les deux firmes se sont entendues pour sous-traiter la production. Et en effet, le Desert Eagle a été développé et conçu aux États-Unis, mais il a été perfectionné et fabriqué en Israël.
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IMI sort le Desert Eagle Mark I en 357 magnum, puis rapidement en 44 magnum. Dès 1987, il fait place au Mark VII avec un calibre supplémentaire le 41 Remington Maximum, mais la production de ces exemplaires est très faible. Le célèbre 50 Action Express apparaît en 1990, donnant ainsi naissance au pistolet semi-automatique le plus puissant au monde (aujourd’hui en concurrence avec le LAR Grizzly et l’AMT Automag V). Initialement, il faut savoir que toute munition supérieure au calibre .50 aux États-Unis est classée en “destructive device” (comme les lances grenades par exemple), or il devenait difficile de vendre sur le marché civil un tel pistolet. La balle de .510 a été réduite à .500 tout juste pour bénéficier d’un classement avantageux, comme n’importe quelle autre munition.
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En 1995 il y a deux changements : la production est désormais faite sur le sol américain, chez Saco Defense, et un nouveau modèle apparaît : le Mark XIX. Il dispose cette fois-ci d’un rail Weaver sur le dessus du canon et un nouveau calibre sera disponible, le 440 Cor-Bon mais une fois de plus sans grande diffusion. Cependant la production chez Saco sera vite transférée à nouveau chez IMI/IWI en Israël, jusqu’en 2009. Après cette date nouveau changement, la production revient sur le sol américain chez Magnum Research et le Mark XIX est équipé d’un rail picatinny. L’entreprise est rachetée en 2010 par le groupe Kahr Arms et en 2018 un nouveau calibre est disponible, le 429 DE, soit une sorte de 50AE avec étui réduit au collet pour une balle de .429, développant une vitesse plus élevée du projectile.
Initialement, le pistolet avait plutôt vocation à la chasse dans le Grand Nord américain (et notamment la protection personnelle contre les ours), mais aussi le tir sur silhouette métallique où il faut toucher des gongs de forme animale jusqu’à 200 m. Mais aujourd’hui le Desert Eagle est plutôt considéré comme “un gros jouet” qu’il sera amusant de sortir du coffre lors de vos sorties au stand entre amis.
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Le Desert Eagle en 50AE
L’exemplaire essayé date de 2019 ; il est bien marqué Magnum Research, Pillager (la ville dans le Minnesota) et Made in USA. L’aigle de l’entreprise est aussi sur la poignée. C’est donc un Mark XIX avec son rail picatinny, chambré en 50AE et avec chargeur amovible de 7 cartouches. Il est disponible dans une boîte, elle aussi affublée du nom et du logo de l’entreprise. La première impression qui vient quand on le sort de sa boite et qu’on le prend en main pour la première fois est liée à la taille du pistolet. Oui le Desert Eagle est imposant, clairement. Ensuite vient le “problème” du poids : avec ses presque 2 kg à vide le Desert Eagle promet une séance difficile à bras franc… Mais en soit rien de choquant vu la puissance de la cartouche que le pistolet doit tirer !
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Vient ensuite la question de la munition : à l’heure actuelle seul Hornady propose des cartouches manufacturées, et ce en version XTP (eXtrem Terminal Performance), soit des balles expansives qui selon le fabricant sont plus destinées à la chasse et la défense du domicile (souvenez-vous que le public ciblé est surtout américain), plutôt qu’au tir sportif. De plus, le prix d’une boîte de 20 cartouches est très élevé. La solution peut venir d’une conversion de votre arme en 44 Magnum. En effet la culasse et la carcasse entre les deux calibres sont identiques, il suffit de démonter le canon pour y mettre celui de 44 Magnum et l’opération se fait vraiment en quelques secondes seulement. La conversion au 44 magnum permet de tirer à moins cher, mais elle vous prive de l’expérience ultime qu’est le tir au 50 Action Express ! À noter que des kits de conversion pour le 429 DE existent aussi.
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Sachez que Magnum Research a développé son pistolet dans une multitude de configuration, avec des canons de 10” (254 mm), avec frein de bouche intégré, et aussi deux versions allégées L5 et L6 réduisant de presque 450 grammes le poids du pistolet, selon les versions. La gamme est finalement très large et Magnum Research est désormais aussi connu pour ses “baby eagle” soit des Jericho 941 en 9x19, et aussi pour proposer le BFR (Biggest Finest Revolver - tout un programme !), un monstre qui peut être chambré en 45-70 Gvt ou 500 S&W Magnum.
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On serait en droit de se poser la question : quelle est l’utilité de posséder un Desert Eagle ? En toute honnêteté : aucune… La mythologie du Desert Eagle ne repose que sur son apparition dans les films, les séries et les jeux vidéo. C’est un objet de culte qui fait fantasmer plus d’un tireur et c’est normal. L’arme a autant servi dans les mains des “good guys” que parmi les “bad guys” parce que justement, le pistolet s’impose tout seul avec son apparence hors norme, là où le public non averti identifie immédiatement que oui, le pistolet est plus puissant que n’importe quel autre pistolet automatique. Pas besoin d’explications techniques : ça se voit tout de suite à l’écran. Mais d’un point de vue purement sportif, non il est inutile d’aller tirer un si gros calibre juste pour faire des trous dans une C50 à 25 m. Par contre, dès que vous sortirez votre arme de sa mallette au stand, il est sûr que tout le monde viendra vous voir ! C’est tout le paradoxe du Desert Eagle : pas réellement utile, mais il est tellement connu que tout le monde voudrait l’essayer. Et c’est là où il puise sa force car vous ne sortirez votre arme peut être que 3 fois par an, mais ça sera surement avec un grand plaisir, encore plus grand si partagé avec des amis, et qui promet de francs moments de joie et d’émotions au stand.
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Démontage et entretien
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Le Desert Eagle est étonnamment simple à démonter. Il suffit de pousser sur le bouton situé sur le côté gauche de la carcasse, puis de venir déverrouiller la clavette de l’autre côté. Immédiatement, le canon se désengage et vous pouvez le retirer. On tire la culasse avec le ressort et voilà, le démontage sommaire est fait.
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La partie culasse-percuteur peut bien sûr être démontée de manière plus approfondie, et cela ne demande pas non plus de grosses difficultés, mais nous ne le détaillerons pas ici.
Le pistolet à un fonctionnement atypique : par emprunt de gaz. Du moins, c’est atypique pour une arme de poing mais compréhensible vu le calibre tiré. Au départ du coup, un event situé dans la chambre vient récupérer une partie des gaz. Ils sont ensuite transportés dans une veine située juste sous le canon vers l’avant, où une pièce servant de piston fait son action sur les ressorts récupérateurs, amorçant le mouvement arrière de la culasse. Lorsque la culasse recule, la tête de culasse effectue une rotation et se déverrouille, permettant ainsi l’extraction et l’éjection de l’étui vide. Au dernier tir, la culasse reste ouverte en arrière.
La faiblesse du Desert Eagle vient de son double ressort : il fatigue rapidement. Selon le fabricant, il est recommandé de le changer tous les 1000 coups, tandis que d’autres sources indiquent environ 2500 coups. C’est à surveiller régulièrement et cela joue sur le budget.
Le tir
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Comme mentionné, le Desert Eagle est un grand et lourd pistolet. S’il convient bien aux mains gigantesques de Schwarzenegger, il sera vraiment peu adapté aux petites mains, surtout que l’arme est très haute perchée sur la main. En fait, le problème est de savoir comment positionner ses deux mains sur le côté gauche, car le levier de l’arrêtoir de culasse est un peu gênant : faut-il se positionner au-dessous, et donc être trop bas, ou au-dessus, mais avec le risque d’accidentellement appuyer sur le levier ? Chacun se fera son propre avis une fois le pistolet en main.
L’insertion et la manipulation de la culasse sont très bon. Il n’y a aucune difficulté à ce niveau, c’est tout à fait fluide et c’est même surprenant de voir à quel point la culasse est facile à armer. C’est certes un peu plus lourd que sur un PA classique, mais rien d’insurmontable vu le poids de la bête.
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Les organes de visée sont classiques, avec un cran et un guidon carré : ils sont très faciles à utiliser. C’est d’ailleurs un bon point du pistolet. Cependant ils sont sur queue d’aronde et le réglage sera délicat. Mais la force du Desert Eagle est d’être disponible avec un rail picatinny intégré. Nous n’avons pas pu le tester, mais un point rouge serait parfaitement adapté au pistolet, pour du fun shoot sur gongs.
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Concernant le tir en lui-même, il va falloir déjà faire passer l’appréhension de la première cartouche : oui le 50AE c’est violent, mais si vous tenez correctement l’arme en main, il n’y a aucun risque de vous la prendre dans le visage. Pour avoir essayé le tir à bras franc, oui ça relève énormément, mais encore une fois, risque zéro. Le Desert Eagle va alors vous offrir trois sensations : le fort recul, l’énorme flamme et le bruit assourdissant. Dans un stand fermé, on imagine que vos voisins de tirs ne vont pas apprécier… Tirer plusieurs cartouches de 50AE va aussi être une expérience forte en sensation, mais aussi très fatigante pour votre main principale. Le choc dans le creux de la main est souvent apparenté à celui du 44 magnum dans un revolver, ce qui n’est pas plaisant sur le long terme et nécessite peut-être l’utilisation de gants. Finalement, une boîte de 20 de temps en temps, c’est largement suffisant…
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Ceci étant dit, et après quelques cartouches pour tenter de maîtriser le pistolet, nous avons été bluffés par les résultats en cible. Sur gong : aucune difficulté, ça touche à chaque fois. Et en cible sur C50, les résultats étaient au rendez-vous. Du moins ce n’est pas aussi bien groupé qu’avec un CZ Shadow 2, mais le problème c’est qu’il va falloir s’adapter à l’ergonomie pas évidente de l’arme ainsi qu’un poids de départ très lourd (Magnum Research indique un poids de départ sur ses pistolets neufs à 4 livres, nous pensons que notre exemplaire est plutôt à 4kg !), et forcément, cela joue sur les résultats. Néanmoins nous n’avons aucune raison de penser que le Desert Eagle, avec son canon à rayures octogonales, manque de précision, bien au contraire. Heureusement ses organes de visée sont agréables à utiliser. A noter que l’éjection des étuis à tendance à les renvoyer directement sur la tête du tireur : lunettes et casquette obligatoire !
Pour terminer, le levier de sûreté situé en haut de la culasse est ambidextre et facile à utiliser.
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