Mag' Chasse

C'est, dans un premier temps, avec des jumelles haut de gamme que le fabricant allemand compte ravir des parts de marché. Un challenge que la marque d'Isny est bien décidée à relever. Nous avons pu découvrir ces nouveaux instruments en janvier dernier, lors de leur présentation à la presse spécialisée.

Si le vert et le noir dominaient jusqu'à présent dans le revêtement des jumelles de chasse, Blaser innove en adoptant des teintes bicolores dans un mariage harmonieux du marron foncé et du noir. S'agissant de l'aspect, les tubes ne sont pas droits comme sur la plupart des jumelles à prismes en toit, mais légèrement galbés en raison d'un agencement particulier des prismes et lentilles censé améliorer la qualité de l'image. Autre innovation, les stries de préhension, jusqu'à présent verticales sur les bagues de réglage, deviennent des « peaux de serpent ». Un aspect d'ensemble un peu surprenant, mais qui trouvera sans doute ses adeptes.

Venons-en à la prise en main. Les Primus 8x56 sont assez lourdes, mais se positionnent, par rapport à ses concurrentes, dans une bonne moyenne. Le fabricant insiste sur la balance particulièrement étudiée de l'instrument qui le fait tomber naturellement et rapidement en face des yeux : un avantage encore accentué par des oculaires surdimensionnés censés éviter de tâtonner pour trouver une image immédiatement centrée, et éviter les zones d'ombre sur les bords. Il est vrai que les jumelles « montent » naturellement et rapidement en face des yeux et que l'image est immédiatement restituée sans avoir à ajuster son positionnement. L'option choisie par Blaser de relier les deux tubes par une charnière simple (et non double) a peu à peu été privilégiée chez la plupart des fabricants en raison de la possibilité de mieux pouvoir entourer les deux tubes avec les mains, assurant ainsi davantage de stabilité. Une solution surtout adoptée sur les modèles d'approche 8 ou 10x42.

Dans la gamme Primus, le simple pont a été maintenu sur l'ensemble des modèles. Sur les 8x56, une main féminine aura donc un peu de mal à entourer les tubes et l'index de la main droite n'atteint pas facilement la bague de focalisation. Le maniement de cette dernière est d'une étonnante douceur, mais suffisamment ferme cependant pour éviter tout déréglage intempestif. Elle ne râpe pas et sa course ne connaît aucun passage dur. Les bonnettes pour porteurs de lunettes ont des positions intermédiaires parfaitement blocables par clic, et sont démontables pour en faciliter le nettoyage, tout comme les oculaires. Pour le réglage dioptrique, Blaser est resté dans le conventionnel, la bague de réglage étant située sur l'oculaire droit. Une solution adoptée chez d'autres fabricants sur les modèles d'entrée et de moyenne gammes, les modèles haut de gamme ayant été peu à peu dotés d'un réglage dioptrique situé sur la molette de focalisation centrale. Il est vrai que la mise en œuvre d'un tel dispositif n'était pas toujours aisée et variait d'un fabricant à l'autre. Il avait l'avantage de le mettre à l'abri des infiltrations d'eau, reproche que l'on adressait volontiers au réglage « externe » sur l'oculaire. Blaser affirme que sur les Primus le problème de l'étanchéité a été parfaitement résolu et que le réglage dioptrique sur l'oculaire avait le mérite de la simplicité.

Mais là où les Primus surprennent le plus, c'est par la qualité de l'image. Clarté, brillance, fidélité des couleurs sont au rendez-vous. Sur la définition et le contraste les Primus marquent aussi des points. Une observation sur le terrain où se mêlent herbes hautes, branchages et feuillages enchevêtrés permet de s'en rendre compte. On cherche en vain, par ailleurs, une netteté sur les bords de l'image qui s'éloigne de celle observée au centre.

Au crépuscule, les Primus font merveille. Lors de notre dernière soirée d'affût, le plan de chasse doit être complété par le tir d'un chevrillard, femelle de préférence. Rien en vue jusqu'à la tombée de la nuit. Un dernier coup de jumelles révèle, à la limite de l'heure légale, la présence de deux animaux de taille différente. Le chevrillard est à droite. Mâle ou femelle ? Le miroir est celui d'une femelle. Les Primus ont permis de lever le doute. L'animal a pu être prélevé. Des qualités optiques surprenantes obtenues, dit-on chez Blaser, grâce au rapprochement avec la firme German Sport Optics : son directeur n'est autre que Hans Bender, longtemps patron de Schmidt Bender, dont l'expertise en conception d'instruments optiques est incontestée.

Les faces externes des oculaires et des objectifs ont reçu un traitement hydrophobe efficace et les jumelles ont subi avec succès l'épreuve du congélateur (une heure à -18 °C) et de la baignoire (une heure d'immersion). Résultat : aucune trace de condensation interne, ni de manque de fonctionnalité des bagues de réglage.