Blaser a marqué les esprits en présentant en 2016 une gamme de jumelles alors que la marque prestigieuse était jusqu'ici connue pour ses armes. Le pari est risqué car le fabricant Allemand vient se positionner frontalement en face de Leica, Zeiss et Swarovski côté tarifs. Au catalogue, des 8x30, les classiques 8 et 10x42, et une plus atypique 8x56. C'est cette dernière que nous avons choisi de tester car il y a moins de concurrence dans le haut de gamme. En fait, principalement les Swarovski SLC 8x56 et les Zeiss Victory 8x54. Leica n'a pas de référence dans ce diamètre sauf dans la gamme de jumelles télémétriques.
Qualité de fabrication
La partie mécanique est assez conservatrice, avec un réglage de la mise au point sur la molette centrale et la dioptrie sur l'oculaire droit, sans aucun système de verrouillage. A ce niveau de gamme là, on peut s'attendre à une mécanique plus raffinée. Chez Swarovski par exemple, toutes les commandes sont regroupées sur l'arbre central et la dioptrie peut être verrouillée.
Globalement la finition de la Primus 8x56 donne satisfaction. Là où Blaser est attendu au tournant c'est du côté de l'optique. Il s'agit d'un produit développé par la marque et fabriqué en Allemagne, on en attend donc beaucoup ! Sur le papier, c'est alléchant. Le prisme embarqué est un Abbe-Koëning. C'est un choix très judicieux car il permet une réflexion totale de la lumière sur les faces du prime. Il est plus encombrant que le Schmidt-Pechan, c'est la raison pour laquelle il est boudé par presque toutes les marques à quelques rares exceptions près dont les Victory HT 8x54 de Zeiss déjà testée ici. Sur banc optique nous avons relevé 90% de transmission, c'est bon, mais néanmoins en deçà des 96,5% relevé sur les Victory HT. Un niveau de transmission de 90% est atteignable avec le Prisme de Schmidt-Pechan. Ce résultat de 90% reste néanmoins une performance propre à un produit haut de gamme.
Autre point sensible sur le très haut de gamme : la courbure de champ. C'est-à-dire la différence de mise au point entre le centre et le bord de l'image. C'est un défaut propre aux objectifs, il est plus ou moins pénalisant, mais surtout il est rarement corrigé sauf dans certains produits hauts de gamme.
Le résultat est là, la courbure de champ est très faible, il y a donc un système de correction comme chez Swarovski. C'est un excellent point. Pour le reste, tous les aspects optiques oscillent entre le très bon et l'excellent. Le pari de Blaser est donc assez réussi techniquement.
Ergonomie
Le choix d'un pont central simple est étonnant sur une paire de jumelles de ce gabarit, mais c'est aussi le choix de Zeiss et Swarovski sur les produits concurrents. En fait, dans le cas des Blaser il se justifie car le fabricant a souhaité faire une paire de jumelles courte avec un centre de gravité placé légèrement vers l'arrière. On voit que l'Ergobalance de Zeiss (Victory SF), fini par faire des émules, et c'est tant mieux !
Qualité d'image au centre
Les plus petits détails visibles au centre du champ font 0,6' alors que la limite de résolution de l'œil est de 1'. C'est excellent.
Qualité d'image au bord
Les plus fins détails en bord de champ font 2' avec une perte de contraste notable, mais ça reste très au-dessus de la moyenne. C'est un très bon résultat.
Transmission de lumière
Nous avons mesuré une transmission de 90% dans le vert. C'est au-dessus de la moyenne, mais quelques pourcents en dessous des meilleurs modèles du marché situés entre 91 et 96%.
Chromatisme
La correction du chromatisme est très bonne au centre comme au bord. C'est typiquement sur ce type de critère que l'on attend beaucoup d'un produit haut de gamme et ici, la performance est à la hauteur, sans atteindre la perfection.
Neutralité des couleurs
Nous avons relevé une dominante de couleur jaune non négligeable, mais plutôt dans la moyenne. C'est le point faible de cette paire de jumelles. Cette dominante ne saute pas aux yeux, mais à ce niveau de gamme on attend mieux.