Mag' Tir

En 2016, L'armée Américaine lance son appel d'offre HMS pour Handgun Modular System (ou arme de poing modulable) visant à remplacer le Beretta M9 en service depuis plus de 30 ans. La volonté était de sélectionner la nouvelle arme de poing semi automatique de service qui équipera les trois corps d'armée.
Celle-ci devait, entre autre, être chambrée en 9mm, optic ready, déclinable en full size et en compact, ambidextre avec une sureté externe, précise et résistante au temps (notamment la corrosion). Elle devait également résister à 2000 munitions entre 2 visites techniques, 10000 munitions avant panne et 35000 munitions de durée de vie.
De nombreux industriels de l'armement ont répondu à cet appel d'offre (Beretta, Glock, CZ, Smith et Wesson, …). En effet, devenir un fournisseur de l'armée américaine est un vrai atout en terme de quantité de commande et donc de chiffre d'affaire mais aussi en terme d'image auprès du reste du monde des armes.
Le vainqueur de cet appel d'offre fut Sig Sauer avec son P320 et son P320 compact. La dénomination du premier pour l'armée américaine est le M17 et le P320 compact est connu chez eux sous le nom de M18. Je vous propose donc de découvrir ensemble ce P320 compact.
 

La carcasse et la glissière

Le P320 compact comme le P320, a une forme générale qui n'offre aucune saillie particulière afin d'assurer une manipulation aisée de l'arme en réduisant le risque d'accroche à son environnement et notamment aux holsters et aux accessoires des soldats. Ce caractère opérationnel est clairement l'objectif suivi par Sig Sauer dans le développement de ce pistolet semi automatique et il sera visible dans chacun des détails le composant.
L'arrêtoir de culasse est lui aussi très « terrain » en offrant une forme facilitant sa manipulation sans pour autant le laisser s'accrocher à un vêtement notamment en cas d'usage professionnel dans un port quotidien.
L'arrêtoir est ambidextre comme l'imposait l'appel d'offre HMS pour convenir tant aux tireurs droitiers que gauchers
L'ergonomie de la poignée est très efficace. Aidée par une queue de castor bien proportionnée et par des découpes spécifiques guidant les doigts, la main chausse naturellement l'arme et les doigts trouvent leur place d'instinct.
Les stries de serrations présentes sur l'avant de la culasse et sur l'arrière facilitent les manipulations de sécurité et de fonctionnement sans pour autant, encore une fois, risquer de voir l'arme s'accrocher sur son environnement.
Un rail au standard picatinny est présent sous le canon pour pouvoir fixer une lampe ou un désignateur laser.
La découpe de la culasse pour le rendre compatible au montage de viseur à point rouge ou red dot (ou optic ready) n'est pas forcément présente selon les déclinaisons des P320. Celui de ma présentation n'en n'était pas pourvu.
 

La poignée

Le grip présent sur les 4 faces de la poignée est à la fois très agrippant sans pour autant être irritant. Il assure une très bonne préhension y compris en portant des gants ou dans des conditions extrêmes : sous la pluie ou la neige.
Le bas de la poignée bénéficie d'une découpe spécifique permettant de faciliter les manipulations du chargeur sur le terrain, notamment en cas de difficultés à l'extraire.
En effet, la plupart des bas de chargeur affleurent avec le bas de la poignée et n'offrent aucune prise aux doigts de la main pour pouvoir arracher le chargeur en cas de besoin. Ceci dit, il est clair que ce besoin ne se fait pas particulièrement ressentir dans les stands de tir. Mais encore une fois, le P320 Compact est bâti pour les opérationnels sur le terrain. En cas de situations très dégradées où l'entretien de l'arme n'a pas pu se faire suivant les préconisations du constructeur, le soldat doit encore pouvoir compter dessus et remédier au problème d'un chargeur qui refuse de s'éjecter. Aussi cette découpe autorise cette opération en cas de besoin. En outre, de façon plus procédurale, cette découpe facilite  la vérification de l'insertion du chargeur en faisant la technique du « push and pull » : je pousse le chargeur pour l'insérer dans la poignée et je tire dessus pour vérifier qu'il est maintenu en place et donc correctement verrouillé.
La forme de la poignée offre un maintien très ergonomique de l'arme. En effet, une fois saisie, l'inclinaison des mains  permet une tenue de l'arme naturelle et sans tension dans les bras ou les poignets.

 

Le canon, le départ et la platine

Le démontage rapide de l'arme est simple. Après avoir fait mes contrôles de chargeur et chambre vide, je recule la culasse et la bloque en position arrière. J'enlève ensuite le chargeur et j'abaisse la clef de démontage.
La culasse peut donc être retirée en la glissant vers l'avant de l'arme. Je retire le ressort récupérateur et le canon. Notons que le ressort récupérateur est captif de sa tige guide ceci afin de réduire le risque de perte de pièce pendant les opérations d'entretien et que la tige guide est en acier ce qui souligne encore le coté opérationnel de cette arme.
Le canon mesure 91mm de long. Celui-ci est la pièce maitresse de la réponse de Sig Sauer aux exigences de l'armée américaine d'avoir une précision de 4 pouces jusqu'à 50m avec une probabilité supérieure à 90% tout en étant capable de résister à une durée de vie de 35000 coups.
Le remontage se fait en sens inverse en replaçant le canon et le ressort récupérateur. Je coulisse la culasse dans son rail jusqu'au bout et je la bloque en position arrière. Dans cet état, je peux tourner la clef de démontage dans sa position verrouillée. Si la culasse n'est pas bloquée quand la clef reprend sa place, la détente restera inerte pour des raisons de sécurité.
Voyons maintenant le gros point fort du P320 mais commençons par cette petite particularité réservée aux armes de professionnels dont bénéficie le Sig Sauer P320 Compact de ma présentation.
L'arrêtoir de culasse est monté avec un système de cadenas interdisant son démontage. Idem pour la partie percussion. Ces verrous de démontage ont pour but d'empêcher le démontage et la customisation de ces sous ensembles de l'arme. L'objectif étant que toutes les armes administratives restent identiques les unes aux autres et donc polyvalentes quelques soient l'opérateur utilisateur de l'unité concernée.
Mais faisons sauter ce système pour aller voir les entrailles de la bête.
Après avoir déposé la culasse, je retire complètement la clef de démontage. Il m'est maintenant possible de désolidariser complètement la platine de fonctionnement du P320 et la carcasse polymère.
La carcasse en polymère qui assure un poids contenu de l'arme n'est pour le p320 qu'une pièce facilement changeable afin de s'adapter au mieux aux désirs du tireur. Il peut s'il le souhaite passer d'une taille de poignée d'arme compacte ou standard sans difficulté en commandant celle-ci sur le catalogue accessoire. Sig Sauer offre ainsi à ces utilisateurs la possibilité de faire évoluer son arme en full size ou en compact aussi simplement que, par exemple, commander des organes de visée optionnels. L'utilisateur possédant une carcasse dans les deux tailles pourra à son gré choisir si son P320 est aujourd'hui en full size ou en compact. Sig Sauer fait encore plus fort en proposant de choisir sa taille de poignée parmi les tailles disponibles en S, M et L pour la catégorie full size ou compact. Chaque utilisateur aura donc une poignée répondant aux mieux à ses préférences.   
La platine de fonctionnement du p320 est compatible avec tous les P320 et ceci quelques soit leur taille :

• Le full size,
• Le carry qui est un mixte de canon de compact avec une poignée de taille standard comme le Glock 19x chez Glock
• Le compact. 

Cette platine est à la fois simple est géniale. Le P320 est grâce à elle une des armes les plus interopérables du moment, ou, dit de façon « pratique », le P320 ou le P320 compact étant tout fait similaires, les formations à leur utilisation et entretien vont être facilitées, ou dit de façon plus « résiliente », il est simple de faire un P320 qui fonctionne avec plusieurs P320 ou P320 compact qui connaissent des difficultés.
Vous comprenez maintenant pourquoi je nomme indifféremment le Sig Sauer P320 ou P320 compact dans cet article. Je fais cela car l'aspect taille (full ou compact) du Sig Sauer P320 n'a qu'une valeur d'accessoirisation de cette arme. C'est simple est donc vraiment top !
Je remonte la platine en commençant par l'introduire par l'arrière et je remonte la clef de démontage. Il ne me reste qu'à remonter la culasse, et comme nous l'avons vu, la bloquer en arrière pour pouvoir baisser la clef et remettre le chargeur.  Sans avoir bloqué la culasse, en plus d'avoir la détente inerte comme nous l'avons vu tout à l'heure, le chargeur ne pourrait pas rentrer, sécurité oblige à nouveau.
 

Le chargeur

L'arrêtoir de chargeur est facile à trouver et assez proéminant. Aidé par des petites stries de préhension, il rend les manipulations faciles sans pour autant s'accrocher aux vêtements ou au holster. Ceci étant dit, il est possible qu'un tireur serrant trop fort la poignée à 2 mains, appuie sur l'arrêtoir sans le vouloir avec la main faible. Ceci se solutionnera, selon moi, en corrigeant les erreurs du tireur dans la tenue de son arme
L'arrêtoir de chargeur est réversible suivant les exigences de l'appel d'offre HMS et pour s'adapter aux mieux à tous les combattants.
Il libère un chargeur en acier de 15 coups, une capacité intéressante pour une arme si petite et ceci en bénéficiant en outre de la solidité de l'acier. Sa planchette est en polymère de couleur noire.
 

Organes de visée

Les organes de visée en acier sont équipés d'un système de 3 points blancs à aligner. Leur résistance répondra aux conditions extrêmes que peuvent rencontrer les combattants et aux utilisations qu'ils peuvent en faire notamment le fait de refermer la glissière en s'appuyant sur un objet tel que le ceinturon ou un obstacle proche d'eux. La proportion et la découpe des pièces assurent une acquisition rapide de la cible.   
 

Au stand

Le chargeur se fixe sans problème et les commandes tombent naturellement sous les doigts.
L'équilibre de l'arme assure un recul simple à gérer. La prise en main est top. Sans effort, naturellement l'arme se pointe vers la cible. Associer à son équilibre, elle revient très vite en ligne. Par manque d'habitude, la course courte de la détente peut même surprendre
Le P320 est un système à percuteur semi lancé. Autrement dit, le percuteur est toujours maintenu en tension. La pression sur la queue de détente termine l'armement du percuteur avant que de le libérer pour la percussion. Pour la sensation du lâché (action de la pression du doigt sur la queue de détente jusqu'au départ du coup et réarmement de la queue de détente), ce type de système est mécaniquement moins performant que les double et simple actions et le reset est généralement plus flou et plus long. Mais sur le Sig P320 le reset est assez court. Je me sens à l'aise à l'utilisation de celui ci et je me laisse porter pour un rythme plus soutenu.  
L'ouverture de la culasse de l'arme assure des contrôles de chambre aisés et rapides. Même en tirant de façon précise l'arme donne encore envie d'avoir du rythme, la cible s'alignant sans cesse en face de la mire et du guidon.
La fiabilité de l'arme est sans défaut et son fonctionnement sans faille. Le travail effectué par Sig Sauer sur la gestion du recul se sent réellement. La ligne de visée de l'arme n'est pas très haute sur la main et le recul après chaque coups tirés ne fait perdre celle-ci que durant quelques morceaux de secondes avant de pouvoir la remettre en batterie et tirer à nouveau.
Malgré les boites de balles, le P320 ne montre aucune faiblesse. Sa fiabilité, de la conception à la fabrication et l'intelligence mis dans cette arme  font de ce compact un choix sans faille pour les professionnels.
Ma présentation ne serait pas complète si je n'évoquais pas les problèmes de jeunesse qu'à connu la plateforme des Sig P320. En effet, des cas de départ de coups intempestifs ont été observés lors de chute de l'arme dans le cadre d'une utilisation militaire. Les P320 étant des striker ou système à percuteur semi lancé, comme nous l'avons vu plus haut, la chute de l'arme avait été suffisante pour lancer le percuteur.
Sig Sauer a su réagir en modifiant le système de rétention du percuteur et en y ajoutant une sécurité supplémentaire qui a corrigé le défaut. Une campagne de rappelle a été réalisée et, des lors, le P320 à commencer à bâtir sa légende.