Le marché des carabines à verrou est surement le plus concurrentiel ! Autant les fabricants ne sont pas encore très nombreux à proposer des armes rayées à rechargement linéaires, autant ils ont presque tous des carabines à verrou. Et il y en a à tous les prix bien sûr. Ata s'est taillé une belle réputation dans l'arme lisse semi-automatique et compte bien faire de même dans l'arme rayée.
La crosse et le devant
La crosse est confectionnée dans un noyer de qualité. Ce n'est pas le plus veiné que nous ayons vu, mais il est bien choisi sur notre exemplaire de test. Les fibres sont bien dans l'axe du recul. Le noyer reçoit une finition poncé huilé bien maitrisé. Les pores du bois sont bien bouchés et il n'y a pas d'excès d'huile sur les bois. Le dos de la crosse a une forme Monte-Carlo, avec un busc qui permet de bien poser la pommette contre la crosse et d'être bien stable au moment de la visée. Côté gauche une large joue ronde fuyante permet là aussi au visage de bien prendre appui contre la crosse.
La plaque de couche est assez épaisse, 2,3 cm en moyenne. Elle est confectionnée dans un caoutchouc assez dense et ferme. Une zone sur le haut de la plaque de couche est plus dure et lisse. C'est en fait un insert en polymère qui évite que les vêtements ne s'accrochent contre cette plaque de couche qui possède sur le reste de sa surface un bon grip. La mise à bois est propre, le sabot ne dépasse pas de la plaque. Cette crosse est longue, 36,8 cm ! Les chasseurs de petite taille devront faire appel à leur armurier pour en couper un bout ! Notez que le changement de plaque de couche contre une plus fine peut déjà faire gagner quelques précieux millimètres. Et avec le doux calibre 308 Winchester, il n'y a rien à craindre en ce qui concerne le recul !
Le quadrillage réalisé au laser de la poignée pistolet est traditionnel, diamanté. Le grip est bon et le traitement plus sombre du bois donne du relief à cette crosse d'une seule pièce.
Le devant comme sur certains fusils semi-automatiques de cette marque Turque est ventru et donne une ligne peu flatteuse à cette partie de l'arme. En revanche, comme sur les fusils, la prise en main est du coup bien meilleure puisque même les chasseurs aux grandes mains auront du bois à tenir ! Ce « ventre » est en parti du au choix technique d'embarquer cinq munitions dans le chargeur amovible. Et même rangées en piles imbriquées, cinq munitions c'est haut…
Le quadrillage du devant est lui aussi bien réalisé. L'extrémité du devant est terminée par une tulipe peu marquée et sans ajout de bois précieux, donc assez discrète.
Le boitier de culasse
Il est confectionné en acier et parait très haut en raison de la découpe de la crosse. Pour des raisons esthétiques le fabricant a en effet créé une découpe au niveau du boitier de culasse, peut-être pour limiter la hauteur déjà importante du bois à cet endroit. Du coup là où il n'y a pas de bois, il y a du métal… Le boitier de culasse est traité en surface par anodisation. Il est de forme cylindrique sur le dessus et reçoit d'origine un long rail Picatinny de 21 mm de largueur. Ce rail mesure 15 cm de longueur et pourra donc accueillir sans souci toutes les optiques de tir disponibles. C'est généreux de la part du fabricant de fixer directement cette embase mais du coup le boitier de culasse s'en trouve esthétiquement rehaussé.
Sur le côté gauche du boitier un poussoir permet d'ôter la culasse en appuyant dessus. Il est assez long et se manœuvre sans encombre. Sur le côté droit, juste derrière le levier de culasse se trouve la sureté à trois positions. Elle est assez volumineuse mais est agréable à manœuvrer. Le bouton poussoir est en effet assez ergonomique et le pouce vient naturellement chasser la sécurité pour trouver la position feu. Cette dernière est clairement indiquée par un point rouge bien visible. La mise en sécurité est indiquée par un point blanc. Dans la position centrale, l'arme est en sécurité mais il est possible d'ouvrir la culasse, ce qui permet de décharger l'arme et de la vider en toute confiance. Le maniement de ce bouton est un peu bruyant mais on trouve vite ses marques pour la manœuvrer discrètement.
Deux évents sont percés juste au niveau du verrouillage afin de laisser passer les gaz en cas de rupture d'un étui ou d'une amorce. La fenêtre d'éjection est très large.
Le verrouillage
La culasse est très grosse et lourde, 440 g ! C'est du solide… De profondes cannelures sont creusées en long afin de réduire un peu le poids. Trois gros tenons sont situés à l'avant de cette culasse et viennent se verrouiller dans le canon avec un angle de 60 ° seulement. Un avantage pour gagner en rapidité de rechargement et surtout en montage optique plus bas. La culasse est traitée argent brillant, même le levier de culasse, qui aurait surement gagné esthétiquement à être anodisé noir. La boule de ce levier est bien dégagée du corps de la carabine et la préhension est vraiment très bonne. Une fine gravure striée entoure cette boule pour lui donner un peu de grip. A l'arrière du levier de culasse un haut rempart interdit tout recul en cas de surpression dans le canon. La noix de culasse est assez longue, aplatie sur le dessus afin d'en réduire l'aspect visuel. Un témoin d'armement visible et tactile sort de cette noix lorsque la carabine est armée. On ne peut pas le rater ! C'est utile pour les chasseurs qui opèrent au crépuscule voir pour les chasses nocturnes du sanglier.
Le chargeur
Il est amovible et confectionné dans un polymère visiblement très résistant. Deux chutes involontaires ne l'ont pas altéré… Il contient donc cinq munitions en 308 Winchester, rangées en piles imbriquées. L'insertion des cartouches se fait sans problème, les lèvres du chargeur sont bien ouvertes. L'alimentation de l'arme est assez fluide et les balles glissent bien du chargeur jusque dans la chambre de la carabine. Notez que ce chargeur est muni d'un arrêtoir de culasse, cela évite de refermer l'arme à vide et d'être très déçu d'entendre un clic au lieu d'un pan ! Sur cette Turqua il est impossible de refermer la culasse sans chasser cet arrêtoir à la main afin de refermer l'arme à vide. Le chargeur entre facilement dans le puit prévu à cet effet dans l'arme. Il est maintenu par deux clips sur lesquels il faut appuyer simultanément pour le détacher, limitant considérablement le risque de le perdre durant l'action de chasse. La mise en place demande un peu de poigne pour bien l'enclencher.
Le canon
Il est confectionné à partir d'une barre d'acier comprenant du chrome-molybdène. C'est ATA qui fabrique ses propres canons. Et ils sont plutôt bons, voir notre test !
Il mesure 61 cm et il est flottant sur toute sa longueur, nous l'avons vérifié à l'aide d'une carte de visite. Il est bronzé noir semi-brillant. Il est terminé par un filetage au pas de M14x1. Une bague quadrillée recouvre le filetage à l'origine et fait un peu disparaitre ce dispositif.
Les organes de visée
Cette carabine Turqua d'Ata est équipée d'organes de visée ouverte en acier soudés sur le canon et bronzé noir. La hausse à planchette à cran carré est réglable en dérive. Le guidon est monté sur ressort afin d'encaisser sans broncher des chocs. Une peinture blanche le rend bien visible par tous les temps. La prise de visée et rapide, fine et efficace.
Les départs
L'arme est équipée d'un bloc détente réglable (donné pour 0,800 et 1,600 kg). Nous avons mesure le poids de ces départs avec un appareil spécifique et obtenu la moyenne d'un bon kilo sur dix tests en sortie de carton. La queue de détente est noire et lisse. Elle est logée dans un pontet assez vaste, en forme de poire. Pour le test en stand nous avons abaissé volontairement le poids des départs à un peu plus de 500 g. Le top !
Sur le terrain
Notre exemplaire de test était équipé d'un point rouge de la marque Holosun ce qui nous a permis de tester l'arme en stand de tir à 50 mètres puis à la chasse, en battue. Au stand, nous avons tiré quatre munitions différentes dont nous publions ici les cibles.
Nous avons débuté par des Soft Point de Federal de 11,7 g (180 gr) et obtenu un groupement de 2,1 cm sur trois balles. Puis nous avons tiré des Hammerhead de Sako de 11,7 g (180 gr) et obtenu un groupement de trois impacts presque tangents avec un écarts de 1,1 cm. Presque un trèfle ! Enfin nous avons tiré des munitions TRG Precision de Sako en 11,3 g ( 175 gr) et obtenu un écart de 1,6 cm mais deux balles étant exactement dans le même trou. Nous avons regretté de ne pas avoir équipé cette arme d'une lunette de tir car les résultats auraient été encore meilleurs. Rappelons que nous étions à 50 m mais avec un viseur à point rouge… A la chasse l'arme est lourde mais assez bien équilibrée et agréable à manier. Les balles entrent facilement dans le chargeur. Ce dernier s'installe rapidement dans le puit de la carabine, il faut pousser un peu fort si la culasse est verrouillée pour que les deux ergots accrochent bien le chargeur. La sécurité se manipule instinctivement. Au tir l'arme recule bien dans l'axe et le poids de cette dernière permet d'encaisser une bonne partie du recul, un mal pour un bien que de nombreux chasseurs oublient de plus en plus… une arme lourde est plus confortable ! Nous n'avons eu aucun incident de tir au stand comme à la chasse.