Chez Leica, il est une gamme de paires de jumelles si atypique, qu'elle est un peu boudée par le consommateur. Il s'agit des Duovid. Disponible en 42 ou en 50 mm, ces jumelles ont la particularité de disposer de deux grossissements, 8 et 12 x pour la 42 ; 10 et 15 fois pour la 50. Est-ce le poids un peu plus élevé que la moyenne qui freine les acheteurs ? Leur prix ? Ou encore la crainte d'avoir une qualité optique un peu moins bonne du fait du double grossissement ? Difficile à dire. Ce qui est sûr c'est qu'il s'agit là d'à priori (sauf le prix, il est objectivement très élevé) ? Un test se justifiait donc pour voir si ce produit ne mériterait pas un d'être davantage plébiscité. Avant d'aller plus loin, deux constats. Les jumelles dotées d'un système de zoom son peu courantes, et il s'agit souvent de produits bas de gamme. Par railleurs les Duovid ne sont pas des jumelles zoom, mais bien des jumelles à deux grossissements, vous choisissez 10x ou 15x, il n'y a pas de position intermédiaire. Cette particularité fait des Duovid un parfait OVNI sur le marché, elles n'ont tout simplement aucun concurrent. Ça n'empêche pas notre attente en temps que testeurs d'être élevée, prestige de la marque oblige. Si le poids de la 10-15x50 vous inquiète, considérez alors les 10-12x42, elle n'affiche qu'un « petit » kilo sur la balance, mais nous préférons nettement les 10-15x50 car leur grossissement de 15x leur permet de se substituer à l'utilisation d'une longue vue dans de nombreux cas.
Qualité de fabrication
Il va presque sans dire que la qualité de fabrication est au rendez-vous sur cette Duovid 10-15x50. Nous évoquions en préambule la question du poids. C'est vrai que l'addition n'est pas négligeable avec 1270 g mesuré sur la balance. Mais il ne faut pas oublier que la solidité des produits fait partie de l'ADN de Leica. La Duovid par exemple a un châssis en aluminium, c'est bien plus lourd que le magnésium, mais plus solide. Pour se donner un point de comparaison, il faut donc plutôt comparer du Leica à du Leica. Dans la gamme Ultravid, la 10x50 affiche 1000 g sur la balance. L'écart entre les deux est significatif, mais ce surpoids n'est pas forcément qu'un inconvénient. Nous y reviendrons.
C'est lorsque l'on change de grossissement que l'on peut apprécier la qualité de fabrication, la mise au point entre ces deux grossissements n'est pas la même, mais elle change automatiquement lorsque l'on actionne la bague située sur chaque oculaire.
Les autres réglages de mise au point et d'ajustement de dioptrie sont regroupés sur l'axe central et ils disposent d'un système de verrouillage. Ce verrouillage doit être enclenché avant de changer de grossissement. Un vendeur de matériel nous a rapporté que les utilisateurs les moins délicats ont tenté de forcer le changement de grossissement sans verrouiller, résultat, ils ont eu affaire au SAV Leica. Nous voilà prévenus.
Sur le terrain
Ne tournons pas autour du pot, nous l'avons déjà évoqué, les Duovid 10-15x50 sont assez lourdes.
En cas d'observation prolongée, il est clair que l'observateur va se fatiguer vite. Mais, condamner les Duovid pour ce petit excès pondéral serait aller un peu vite en besogne. Lorsque l'on observe, le poids apporte une certaine stabilité, car l'objet tenu entre les mains à plus d'inertie tout simplement. Autre point encore plus important, le centre de gravité est très légèrement vers l'arrière. Et ça change tout. Non seulement il est rare qu'il ne soit pas vers l'avant, mais surtout un centre de gravité vers l'arrière permet à la paire de jumelles de venir trouver un appui naturel contre nos yeux. On se fatigue moins vite, et surtout le gain en stabilité est très important. On se surprend du coup à conserver une image assez bien lisible à 15x, alors que l'on pourrait craindre au contraire que les vibrations ne ruinent le gain apporté par le grossissement. Il ne faut pas oublier qu'en sortant le Victory SF, Zeiss a justement communiqué sur la formule Ergobalance, car le centre de gravité de cette paire de jumelles a justement été largement calculé vers l'arrière, et le gain apporté est très apprécié des utilisateurs.
Quoi qu'il en soit, pour exploiter pleinement le grossissement de 15x, il est conseillé de monter cette paire de jumelles sur un trépied. D'ailleurs l'adaptateur est fourni d'origine. On a alors un outil capable de se substituer à certaines longues vues. 15x ça peut sembler faible, mais ce serait oublier que notre perception des détails est bien meilleure en vision binoculaire qu'en vision monoculaire. Un grossissement de 15x en binoculaire permet de percevoir autant de détails qu'un grossissement de l'ordre de 20x en vision monoculaire. On gagne aussi en luminosité en restant sur un grossissement modéré.
Qualité d'image au centre
La qualité d'image au centre du champ est irréprochable, mais on n'en attend pas moins sur une paire de Leica.
Qualité d'image en bord de champ
Sans atteindre la perfection la qualité d'image en bord de champ est supérieure à la moyenne et dépasse même celle d'autre paire de Leica. En contrepartie le champ n'est pas très large.
Transmission de lumière
Nous avons mesuré une transmission de lumière de 89% dans le vert. C'est très bon, mais légèrement en deçà des valeurs mesurées sur certaines concurrentes pouvant grimper à 92% et parfois plus.
Neutralité des couleurs
La dominante de couleur est orangée mais elle est assez faible.
Chromatisme
Le chromatisme se traduit par des liserés colorés autour des objets contrastés. Ici le niveau de correction est très bon, et cet aspect est d'autant plus important que l'on accède à de forts grossissements.