Steiner est arrivé sur le marché de l'optique de chasse et de tir il y a quelques années avec sa lunette Nighthunter. L'esthétique de ce modèle était assez massive, avec des tourelles plutôt larges comme on peut retrouver sur les modèles militaires ou de tir à longue distance. Le prix était très élevé et la marque allemande a eu du mal à s'implanter sur ce segment. L'arrivée de la première génération des lunettes de tir de la série Ranger a complétement changé la donne. Compactes, lumineuses, plus classiques dans leurs formes et surtout vendues beaucoup moins cher que les Nighthunter ces Ranger ont rapidement conquis le cœur des chasseurs européens et nord-américains. Cette seconde gamme, la Ranger 6 est promise au même avenir !
Le corps de la lunette
Issu d'un bloc d'aluminium extrudé le corps de la lunette Ranger 6 est assez classique dans sa forme pour le modèle battue, moins courant pour le modèle 3-18x56 avec son objectif ramassé et assez court. Le modèle 1-6x24 est assez court, 268 mm sans pour autant que cela ne pose de problème pour la pose de cette optique sur un boitier de culasse de carabine ! C'est presque la même taille que le modèle Ranger 4. A titre de comparaison la Fortis de Leica mesure 272 mm et la Zeiss Conquest V6 fait 300 mm. Le poids est également dans la moyenne avec 490 g sur la balance ! Les finitions sont très bonnes, le marquage très bien réalisé.
La lunette est bien sûr étanche pour limiter les risques de buée à l'intérieur et remplie au nitrogène.
Les tourelles de réglage
Les capuchons sont en métal en mesurent 2,5 cm de diamètre. Ils sont discrets et pas très hauts.
Le réglage du point d'impact se fait par clic, de 1 cm à 100 mètres. Les clics sont fermes mais pas durs et bien nets. On les entend bien. Il est possible de remettre la bague graduée à zéro après le réglage en dévissant deux petites vis sur le dessus de la tourelle à l'aide d'une clé Allen six pans.
La tourelle d'élévation du modèle 3-18x56 est également équipée de la technologie Zeromode de Steiner qui permet de revenir de façon sure à son réglage d'origine et de ne pas dépasser ce réglage en tournant la molette de la tourelle au-delà de ce réglage zéro. Dans ce modèle 3-18 c'est une bonne attention de Steiner qui offre des possibilités de réglages rapides sur le terrain si vous avez du tirer très loin auparavant !
Notons que la plage de réglage maximale des tourelles est de 300 cm à 100 mètres.
Le réticule
Steiner a opté pour un réticule assez traditionnel sur cette série dédiée à la chasse. On retrouve un réticule 4A-I. Il est très fin et vraiment agréable autant au stand de tir pour assurer de beaux groupements qu'à la chasse. Il est placé au second plan focal et ne grossit donc pas trop lorsque l'on zoom. Les barres centrales sont bien fines mais visibles car bien noires. L'intersection des deux traits ne comporte pas de rond central pour l'illumination ce qui permet de faire des tirs appliqués sans masquer la cible ou le gibier.
Le potentiomètre de réglage du niveau d'illumination est positionné sur le côté gauche de la lunette au niveau des tourelles de réglage de l'impact. C'est très traditionnel, fiable et visuellement plus esthétique. L'illumination du point central comporte 11 paliers, séparés par une position d'extinction. C'est le plus facile à utiliser sur le terrain. Les 6 premiers niveaux d'illumination sont destinés aux chasses de nuit ou crépusculaire avec des intensités assez faibles qui ne vont pas éblouir le chasseur au moment du tir. Les 5 derniers niveaux sont bien forts et permettent de voir le point rouge même en plein soleil.
La taille du point rouge est assez réduite avec une surface de couverture de 6,6 cm à 100 mètres au grossissement de 1x et de seulement 1,1 cm à 100 mètres au grossissement 6x.
Steiner indique toutes les mesures de son réticule, chose rare chez les fabricants !
La parallaxe est réglée à 100 mètres, c'est classique. A noter que le modèle 3-18x56 est proposé avec un réglage de parallaxe positionné sur la tourelle d'illumination du réticule. Cela permet de régler la netteté de l'image à des distances plus importantes et donc aligner l'image du gibier ou de la cible sur le même plan que celui du réticule.
Qualité d'image
Steiner utilise des verres d'excellente qualité pour ses lentilles et prismes. Ce sont visiblement les mêmes que ceux qui sont utilisés pour la fabrication des lunettes à vocation militaire prévues pour être utilisées sans ménagement ! La luminosité est très bonne, le fabricant indique une transmission de lumière de 92 % ce qui est très bon.
L'image est magnifique, bien nette au centre avec un bon rendu des détails et un contraste assez élevé.
Le réglage de la dioptrie sur l'oculaire de 44 mm permet d'ajuster l'optique à sa vue (-3 à +2). On peut ainsi régler la netteté du réticule facilement.
Le zoom
L'agrandissement va de 1 à 6. C'est amplement suffisant. Le champ au grossissement de 1x est de 40,75 mètres à 100 mètres (7 mètres à 6x). On est là aussi dans une bonne moyenne. La Zeiss précitée offre un champ de 38,1 m, la Fortis 43,4 m, La Swarovski Z6 42,5 mètres et dans la même gamme de prix que la Ranger 6, la Meostar R2 offre un champ de 37,6 mètres et la Leupold V6 affiche un champ de 38,7 m à la même distance. La prestation de cette nouvelle Steiner est donc tout à fait honorable !
La bague de commande gainée de caoutchouc est douce à manier et onctueuse. Mon seul bémol va au petit ergot placé au niveau du grossissement 3 et qui indique tactilement le milieu de la plage de grossissement. Il est censé offrir un appui pour le pouce lors du maniement rapide de cette bague de zoom. En l'occurrence il est esthétiquement bien réalisé mais ergonomiquement trop petit et rond pour vraiment offrir une zone d'appui bien nette. Le montage étant assez bas sur la Sako de test il n'est pas très facile de tourner cette bague.
Sur le terrain
C'est donc sur la S20 Hunter que j'ai fixé cette lunette de visée Ranger 6 de Steiner. Un simbleautage rapide en regardant dans le canon de la carabine m'a permis de dégrossir le réglage de la lunette avant d'aller au stand. Premier tir, je n'étais pas très loin de la vérité avec une balle à 7 cm au-dessus de la mouche de la cible et 3 cm à gauche. En quelques clics et trois tirs j'étais au centre !
J'ai tiré environ 60 munitions lors de ce test. La carabine est d'une précision extraordinaire et à l'issue de cette séance de test de l'arme avec cinq munitions différentes j'ai donc souhaité torturer un peu plus la lunette en réalisant un « carré magique ».
C'est avec les balles Powerhead Blade que j'avais le meilleur groupement. J'ai donc positionné une cible C50 à 50 mètres. La carabine bien calée sur le chevalet j'ai tiré deux premières balles qui sont presque arrivées dans le même trou. J'ai donc ensuite mis 20 clics vers le haut et j'ai tiré une balle. Elle est bien arrivée 10 cm au-dessus du point visé. Puis j'ai mis 20 clics à droite. Résultat identique avec un impact à même hauteur que le précédent mais parti 10 cm à droite. Je suis ensuite revenu en arrière : 20 clics à gauche et 20 vers le bas sans tir intermédiaire. Ma dernière balle est venue se loger au milieu des deux premières, indiquant par la même que le réticule bouge bien à chaque clic et que les valeurs de clics sont bonnes d'un réglage à l'autre.
Sur le terrain, à la chasse la lunette est très agréable avec une image bien nette et assez contrastée qui met en évidence les détails de la scène observée ou du gibier. La bague de zoom est un peu ferme, lunette neuve oblige. Je l'ai passé au congélateur sans souci, la bague demeure mobile et il n'y a pas de buée à l'intérieur. Le point rouge central est bien visible, sans gêner le tir.
La lunette est très tolérante sur les erreurs de mise en joue. Contrairement à d'autres modèles, même de certaines grandes marques, si vous n'êtes pas tout à fait pile dans l'axe optique la lunette n'est pas toute noire ! On voit toute l'image. L'oculaire assez grand offre un bon confort de visée, on a vraiment l'impression de « plonger » dans l'image !
Tout s'est bien déroulé avec ce test.