C'est de nouveau de l'Allemagne que nous vient cette caméra thermique tout comme les derniers modèles que j'ai pu tester, le Caiman de Nitehog et le DTI35 de Zeiss. Cette fois c'est donc le Cinder de Steiner que j'ai entre les mains ! La marque, qui fait partie du grand groupe Beretta, est spécialisée dans l'optique de chasse et de tir, avec de belles gammes de lunettes de visée et dans l'observation avec de nombreux modèles de jumelles.
Très présent aux Etats Unis Steiner a bien travaillé sur ce modèle Cinder car il est très très complet, presque trop !
Le boitier
Il est réalisé en alliage d'aluminium. Cette caméra thermique mesure 18 cm de longueur, un peu plus avec l'œilleton en caoutchouc, et pèse 716 g. Elle est assez volumineuse mais tient bien dans la main. Elle est ambidextre, le pad de cinq boutons est situé à peu près au centre du boitier sur le dessus. Ce positionnement permet une utilisation intuitive aussi bien pour les droitiers que pour les gauchers. En revanche les boutons sont trop petits et trop serrés, j'y reviendrai plus tard.
Le boitier répond aux normes IP64 qui garantissent donc sa protection contre les poussières et contre les projections d'eau de toutes les directions. Il ne craint donc pas la pluie, mais il ne faut pas l'immerger.
La plage d'utilisation en température va de -20 à + 50°C. Aucun souci pour chasser avec en plein hiver ou au cœur de l'été sous nos contrées. Un filetage au pas standard des trépieds photos permet de fixer le boitier sur de nombreux supports pour des observations prolongées. Il peut même être monté sur un rail Picatinny avec un support adéquat pour les longues observations.
L'oculaire
Il est protégé par une bonnette en caoutchouc souple très confortable et qui possède une forme de biseau, forme que Steiner affectionne aussi sur ses jumelles et qui réduit l'entrée de lumière parasite la journée et évite que l'écran ne se reflète sur votre visage la nuit, ce qui pourrait vous faire détecter plus facilement. Un réglage de dioptrie via une bague permet d'ajuster la netteté de l'écran à votre vue. Cet oculaire est grand, 40 mm ce qui offre un bon confort visuel.
L'objectif
Il mesure 25 mm. A noter que la lentille est fabriquée avec du Germanium, un métalloïde semi-conducteur utilisé dans certains transistors. Dans les verres ce Germanium est intéressant puisqu'il est transparent aux infra-rouges.
L'objectif comporte une bague de mise au point de la netteté de l'image en fonction de la distance qui est très douce et précise.
Le capteur
A l'image des autres caméras que j'ai déjà testées et comme je l'ai déjà expliqué dans le test du monoculaire Axion XM 38 de Pulsar le capteur permet de retranscrire la chaleur perçue en différence de couleur. Le gradient de température, l'écart entre deux zones de températures différentes est donc indiqué par des couleurs différentes ou des nuances de gris… Et il y en a plus que 50 !
Le capteur mesure 320x240 pixels.
La fréquence de l'image, c'est-à-dire son rafraichissement, est de 50 Hz ce qui permet une observation fluide lorsque vous balayez un champ par exemple ou qu'un animal se déplace. Il n'y a pas de saccades.
L'écran que vous observez à l'intérieur du monoculaire est de type OLED et mesure 800x600 pixels. Il est donc plus petit que celui du Zeiss DTI et il est moins fin que celui du Nitehog. Toutefois les détails apparaissent bien à l'observation.
L'écran comporte de nombreuses indications de statut et c'est une très bonne chose. On retrouve la valeur du zoom, le mode d'observation, si la caméra enregistre ou non une vidéo, si elle est branchée en wifi… Il y a même une indication de boussole que je détaillerai plus loin.
Le zoom
Cette caméra possède un grossissement optique de 3 fois auxquels s'ajoutent un zoom numérique de 4 fois. Il est donc possible d'observer précisément un homme ou un animal à longue distance et de l'identifier. Steiner indique sur son site qu'il est possible de détecter un humain à 1600 mètres, de reconnaitre précisément la silhouette à 450 et de l'identifier à 250 mètres. Je ne suis pas arrivé à ce niveau de détail. En revanche oui j'ai pu voir des vaches de nuit à plus de 400 mètres et de clairement les identifier par rapport aux chevaux qui étaient dans le même champ ! Bref ce zoom optique et digital donne de bons résultats sur le terrain. On augmente le zoom avec un des boutons du pad supérieur et on retourne en arrière avec un autre. Il n'y a pas de système en continu et c'est bien comme cela car il parfois lassant et peu précis de devoir appuyer plusieurs fois pour faire défiler les plages de grandissement en continu. A 4x l'image est tout de même un peu détériorée et il y a des pixels visibles sur l'écran. C'est un peu plus flou, mais on peut détecter les sources de chaleur !
Le mode « Picture in picture » permet d'afficher un rectangle zoomé dans l'image large. De quoi suivre un animal en particulier sans perdre les autres de vue ou s'attarder sur un détail, présence d'allaites pour une laie par exemple...
Les palettes de couleur
Il y en a plein et c'est là que le Cinder surpasse certainement ses concurrents ! Parmi les réglages, il est déjà possible de pré sélectionner des ambiances de réglages. On peut ainsi choisir intérieur, ville, forêt image fixe, semi-automatique ou bien encore tout automatique. Pour les chasseurs Steiner indique que le mode forêt donne les meilleures performances pour les observations dans la nature. Il est bien sur possible d'ajuster manuellement le contraste, la luminosité de l'image et sa netteté. Les paliers de réglages de ces informations sont fins et il est possible de bien ajuster la caméra à ses besoins. Il est ensuite possible de faire apparaitre les sources de chaleur en blanc ou en noir, positif ou négatif.
Et enfin il est possible de choisir parmi dix palettes de couleurs, Teals, Inferno, Blues, Davfire, Fire, Greens, Jet, Reds, Viridis et Dusck. Certaines sont vraiment très colorées… Chacun choisira sa couleur préférée mais il y a presque trop de choix. Pour la chasse, le mieux et parfois l'ennemi du bien et le noir et blanc avec une indication en noir (Hot black) ou en blanc (white hot) de la source de chaleur est bien souvent suffisante et indique comme le nez au milieu de la figure un animal dans la plaine !
L'alimentation
Le Cinder fonctionne avec deux piles CR123, ce ne sont pas les plus faciles à trouver ni les plus économiques mais heureusement on trouve désormais des batteries rechargeables plus économiques. L'autonomie est donnée pour trois heures mais tout dépend du mode d'utilisation et si vous êtes en streaming et en wifi ou pas !
Une discrétion absolue
A l'image des autres caméras thermiques que j'ai déjà testées ce Cinder est hyper discret. Il n'y a aucune source lumineuse visible à l'avant de l'appareil. La discrétion est totale ! Etant donné que l'on appuie l'oculaire contre l'arcade sourcilière, la projection de lumière vers le visage est également très faible
Enregistrement photo et vidéo
Ce monoculaire est équipé d'une mémoire interne de 8 GB. Cela permet de conserver des traces de ses observations. La résolution des photos prises par l'appareil n'est pas énorme (800x556 pixels) et elles ne tiennent pas beaucoup de place dans la mémoire, c'est une bonne chose ! Les vidéos sont au même format. Le Cinder est équipé d'un module wifi ce qui permet de le connecter à votre smartphone via l'application Steiner Cinder qui vous propose de nombreuses options (réglages, contrôle de la caméra à distance, galerie des photos et videos…). Vous pourrez ensuite regarder les photos et vidéos capturées par la caméra et les envoyer sur les réseaux sociaux. Il est aussi possible d'observer sur le téléphone ce que filme la caméra en direct. On peut donc la fixer sur pied par exemple pour des missions de surveillance.
Les autres options
C'est là que le Cinder se démarque le plus, pour ceux qui en ont besoin. La caméra est dotée d'une boussole électronique qu'il faut calibrer au départ et qui permet de fixer des caps si besoin.
Le Cinder est muni d'un télémètre stadimétrique. Il faut placer la barre horizontale la plus basse au pied de l'animal ou de la personne et ensuite un appui sur un bouton permet de faire apparaitre la barre supérieure et l'échelle est donnée par des animaux sur le côté de l'écran. L'écart entre les deux barres indique un lièvre à 71 mètres, Un sanglier à 178 et un daim à 237 m. C'est assez approximatif mais parfois utile une fois que l'on a pris ses repères.
L'appareil est géo localisable par satellites et cela permet de marquer des points d'intérêts lors de vos déplacements et de les retrouver ensuite. On peut aussi suivre une trace définie à l'avance. L'appareil se localise avec les satellites et indique la direction et la distance du point que vous avez sélectionné. Les américains peuvent en effet en avoir besoin dans leurs immenses territoires pour se repérer la nuit !
Sur le terrain
Je remercie Humbert Beretta pour m'avoir confié ce Cinder pour test à peine arrivé en France ! J'ai trouvé la notice en anglais sur le site de Steiner et je me suis plongé dedans, appareil à la main pour découvrir les très nombreux menus et sous menus. Cette caméra est très personnalisable et au début c'est même un peu déroutant et il faut beaucoup de test dehors sur le terrain de nuit pour bien comprendre l'impact visuel de tel ou tel mode. Le boost de température par exemple permet d'accroitre les écarts entre deux températures. Cela permet de mieux mettre en évidence un gibier dans un champ. Mais comme toujours point trop n'en faut sinon vous avez vite un véritable arc en ciel dans l'écran et les yeux qui pleurent.
Le pad avec les cinq boutons de navigation et sélection est bien conçu mais ces derniers sont trop petits et pas assez écartés ce qui est vite un souci lors du paramétrage de l'appareil. Difficile aussi de naviguer dans les menus avec une paire de gants, même fins…
Tout comme le monoculaire Zeiss l'appareil met pas mal de temps à s'allumer au départ. Plus de 30 secondes. De même l'autonomie avec les piles CR123 est peu limitée, n'oubliez pas d'emporter un jeu de piles d'avance lors de vos sorties. Leur mise en place est en revanche aisée.
Le fait de pouvoir zoomer et dézoomer avec les deux boutons est un plus qui évite de devoir appuyer sur un seul bouton en cycle fermé.
Comme avec le thermique de Zeiss et de Pulsar, j'ai facilement dénombré des vaches à 450 mètres de distance depuis une petite colline.
Il est possible de détecter un lièvre à plus de 150 m. Observer un renard à 200 m est aisé. Les observations ont été faites en hiver par des températures entre 4 et 10 ° C. Le contraste avec les animaux et leur chaleur corporelle est alors très bon.
J'ai pu observer à loisir des grands cervidés dans une prairie de nuit à 100 mètres de distance et je vous ai même fait quelques photos d'une biche au travers d'une haie ! Impressionnant.
Découvrez la vidéo du test de ce Cinder de Steiner