En provenance de Belgique, dans les années 90, la FN Herstal a développé le calibre 5.7 par 28 pour tenter de proposer une alternative intéressante aux 9mm et aux 5.56*45 (ou 223rem). Le 5.7x28 est donc plus performant que le 9mm contre une protection balistique et perd plus vite sa vitesse que le 5.56, ce qui réduit le risque de dommage collatéral. En outre, sa taille permet une capacité d'emport et de chargeur supérieure à celle du 5.56.
Dans le monde du tir sportif, cela donne un calibre ayant une balistique extrêmement tendue et très rapide avec un recul très faible. La précision de celui-ci et sa capacité à être tiré très rapidement sans perte de précision devrait lui permettre de trouver sa voie pour les pratiquants des stands FFTIR et TSV.
En provenance des Etats Unis ou celui-ci connait un réel succès, voyons ce qu'il nous réserve.
La carcasse et la glissière
La carcasse du Ruger 57 est en polymère afin de pouvoir proposer un poids contenu. Celle-ci a une dimension d'arme de grande taille puisqu'elle a une longueur de 220mm. Elle offre sous son canon un rail au standard picatinny permettant de pouvoir fixer un désignateur laser ou une lampe. Ceci est en contradiction avec sa vocation d'arme de tir sportif mais dans la mesure où cela ne retire rien à l'arme, outre un critère éventuel d'esthétisme, cela peut être perçu comme un avantage.
Juste derrière le rail, nous trouvons un pontet offrant suffisamment d'espace pour pouvoir tirer avec une paire de gant (c'est qu'il ne fait pas toujours chaud dans un stand en extérieur). La forme du pontet reprend celles des pontets des armes actuelles en offrant des angles francs qui peuvent faciliter la pose d'accessoires sur le rail, mais qui peuvent également simplifier un tir sur support en posant l'arme comme je la pose pour prendre la photo.
Au croissement du pontet et de la poignée se trouve l'arrêtoir de chargeur. Celui-ci est en retrait par rapport à la poignée pour s'assurer d'éviter toutes mauvaises manipulations. Ceci est d'autant plus vrai dans le cadre de tir à deux mains, ou, en serrant trop fort la poignée, la pression exercée pourrait faire libérer le chargeur sans le vouloir. Avec le dégagement prévu pour l'arrêtoir, ce risque est supprimé et cela autorise un placement idéal de l'arrêtoir sur la zone de préhension du pouce de la main forte. Ainsi, celui-ci est toujours a « portée de pouce ». La position de l'arrêtoir de chargeur est réversible, les opérations pour se faire étant détaillées dans le mode d'emploi.
L'arrêtoir de culasse est lui aussi dans la zone de préhension du pouce de la main forte mais uniquement pour les droitiers. En effet, cette commande n'est pas ambidextre. Un tireur gaucher devra donc se contenter de manipuler la culasse. Cet arrêtoir apparait comme très petit par rapport à la taille totale de l'arme, celui-ci est malgré tout facilement manipulable malgré les déflecteurs de la carcasse qui l'entourent. Ces derniers ont pour vocation de protéger la commande de la culasse d'éventuelles mauvaises manipulations. Ceci étant, encore une fois, surprenant pour une arme de tir sportif mais qui trouve son sens dans le design des armes actuelles en écho avec cette maxime : « qui peut le plus, peut le moins ».
La queue de castor présente est suffisamment longue et épaisse pour assurer une parfaite protection de la main forte. Celle-ci est à l'abri du passage de la culasse et ne risque pas de parasiter le cyclage de l'arme en freinant le fonctionnement de celle-ci.
La sureté prend exemple sur la forme de celle du colt 1911. Elle prend donc la forme d'une longue barre sur laquelle glisse facilement le pouce de la main forte quand le tireur chausse l'arme. Ainsi, le retrait de la sureté se fait naturellement en abaissant celle-ci, des la saisi de l'arme, avant que la main forte ne prenne sa position de tir. Une fois abaissée, elle laisse apparaitre un indicateur rouge dans la découpe de la culasse, signe de danger, qui montre que l'arme est en position de tir. La sureté est ambidextre, elle offre donc la même ergonomie de fonctionnement aux tireurs gauchers.
Le Ruger 57 partage la Secure Action Fire Control System avec les modèles LCP 2 et SECURITY 9 de Ruger. Ce système reprend différentes suretés comme celles, entre autre, de la queue de détente qui doit être effacée pour faire feu ou la déconnection de la barre de détente en cas de mise en place de la sureté et dans les phases de cyclage de l'arme. Ce système permet à l'arme d'offrir un très bon niveau de sécurité.
Ceci étant dit, Ruger a lancé un bulletin de sécurité lié un très petit nombre d'exemplaire qui ont vu une pièce de la sureté se fendre voir casser. Ce défaut peut laisser croire que la sureté est opérationnelle alors qu'elle ne l'est pas en réalité. La marque préconise de vérifier régulièrement le bon fonctionnement de la sureté comme chacun devrait le faire avec son arme à feu. Pour cela, il est nécessaire de vérifier que l'arme est en sécurité, sans munition, ni dans la chambre, ni dans le chargeur. On armera la culasse, on placera la sureté sur « safe » et on essayera de presser la queue de détente, et ceci, en pointant et en laissant pointer le canon en direction d'un endroit sans danger pour quiconque. Le coup à sec ne doit pas partir. On placera ensuite la sureté sur « fire », on pressera la queue de détente, toujours vers un endroit sûr, le coup à sec doit partir. Si le fonctionnement diffère de ce qui est décrit, l'arme devra retourner vers votre armurier
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Lorsque la sûreté est mise, il n'est pas possible de presser complètement la queue de détente. Le Ruger 57 n'ayant pas de chien externe, il est encore possible d'armer le marteau interne en la reculant manuellement. En effet, le Ruger 57 est un simple action seulement et celui-ci dispose d'un marteau interne visible a travers la découpe faite à l'arrière de la culasse.
La culasse est en acier léger. Celle-ci participe à un poids light au vue de la taille de l'arme de 700g à vide. Les stries de préhension sur l'avant et l'arrière et sur les deux faces de la culasse permettent des manipulations faciles et fiables de celle-ci. Les stries présentes à l'avant permettront une préhension facilité de la culasse notamment en cas d'installation d'un dot sur le Ruger 57.
En effet, le 57 dispose nativement d'une culasse fraisée juste devant la hausse qui permettra, moyennant l'achat de la plaque adaptatrice compatible dans le catalogue accessoires Ruger, d'installer un « point rouge ».
La clef de démontage de la culasse située sur l'avant de celle-ci devra être débloquée en appuyant dessus du coté droit de la culasse pour la faire ressortir du gauche. Ensuite, sur le coté gauche, il faudra l'abaisser en effectuant une rotation vers le bas et la glissière pourra être désolidarisée de la carcasse.
Enfin, la glissière est ajourée sur l'avant pour participer au bon refroidissement du canon et au poids contenu.
La poignée
La poignée du Ruger 57 offre un grip de préhension sur ses 4 faces afin d'apporter un bon maintien lors des phases de tir sans pour autant irriter la paume de la main. Le design du grip qui reprend le nom et le logo de la marque est obtenu par stippling. Sur le haut de la poignée la forme reprend le passage du pouce de la main forte afin que celui-ci trouve naturellement sa place et soit accueilli confortablement le long de la poignée jusque sous la queue de castor.
La dimension de la poignée surprend de prime abord. En effet, celle ci est fine est longue. Ses mensurations sont nécessaires pour laisser la place au chargeur double pile de 20 coups du 57. Bien que celle-ci épouse parfaitement la forme du chargeur elle a une envergure assez importante et conviendra du coup mieux aux grandes mains. Pour cette même raison, le 57 n'est pas fournit avec des dosserets de poignée en sus.
Le canon
II mesure 12,5 cm (4,9'') et il reçoit une peinture noire résistante pour le protéger de l'usage et des intempéries. Celui-ci est à la fois fin et long. Fin car l'ogive du 5.7 par 28 ne fait que 5.7mm de diamètre, long car la vélocité de ce calibre nécessite du temps pour une combustion complète de la charge de poudre avant que la balle ne quitte le canon sous peine de ne pas atteindre sa vitesse initiale et de voir sortir une grande flamme au bout du canon. Le système de verrou du canon se situe sous celui-ci. Il est composé d'une came qui entre dans le logement du canon prévue à cet effet afin d'assurer un verrou complet de la chambre contre le tonnerre.
Quand le canon est en place avec une munition chargée, une découpe dans le tonnerre de l'arme laisse apercevoir le bourrelet de la balle chambrée. Le 57 dispose donc d'un indicateur de balle chambrée qui est cristallin de clarté car il laisse clairement voir la balle dans la chambre.
Les départs
Le Ruger 57 est un simple action seulement avec un chien interne. Ruger a particulièrement travaillé la qualité du départ de l'arme. Bien que celle-ci soit composée de pièces en polymère qui grattent légèrement lors de manipulations à sec, cette sensation disparait complètement, lors des phases de tirs réels, au profit d'une sensation de détente particulièrement facile à lire. Après avoir effacé la sureté de détente, la course de celle ci se compose d'un passage à vide relativement long pour arriver ensuite sur un mur franc. En continuant à augmenter progressivement la pression du doigt sur la détente, celle-ci casse nette après le passage du mur pour relâcher le marteau. La culasse se réarmant après le départ du coup de feu, le doigt relâche petit à petit la détente pour trouver très rapidement le reset sensible tactilement qui permet de relancer le coup suivant.
Le chargeur
Le Ruger 57 est livré avec 2 chargeurs fabriqués en tôle d'acier d'une capacité de 20 coups. Les munitions sont rangées en 2 piles parallèles afin d'optimiser l'espace disponible. Le talon de chargeur n'est pas très épais mais propose une surépaisseur et un retrait. Ce retrait, associé à la forme du bas de la poignée autorise une saisie franche du chargeur et peut, en cas de blocage de celui-ci, permettre une préhension suffisante pour le débloquer. Le chargeur est percé sur ces cotés pour laisser voir la 5e, la 10e, la 15e et la 20e munition d'un coté et la 6e, 11e et 16e de l'autre. La planchette du chargeur est noire ce qui ne facilite pas la vérification de chargeur vide en fin de salve.
Organes de visée
Les organes de visée sont composés d'une hausse réglable et d'un guidon en fibre optique. La hausse est en acier et est réglable à l'aide d'un tournevis tète plate. Le réglage de l'élévation est sur la face supérieure de la hausse alors que le réglage de dérive est sur la droite de celle-ci. Elle offre, au niveau du point de visée, un dégagement carré avec des angles vifs. Des lignes horizontales parallèles et formant une zone mate sous celle de la prise de visée participent à détacher l'image de l'alignement des organes et aident au bon placement de la visée par rapport à la cible. Le bord de la hausse dépasse légèrement de l'arrière de l'arme pour favoriser l'acquisition rapide de la cible en étant le premier objet que l'œil directeur du tireur aperçoit pour l'aligner au point visé.
Le guidon est en fibre optique verte. Son faible diamètre participe la précision de la prise de visée afin de se confondre le plus possible avec la mouche de la cible C50. L'alignement des organes de visée par le placement du point vert du guidon à équidistance du dégagement carré présent sur la hausse se fait naturellement. En effet, le cerveau humain appréciant naturellement la symétrie, le placement des organes de visée est instinctif et ne soufre pas d'interprétation. Le guidon comme la hausse sont fixés à l'arme par une queue d'aronde.
Au stand
Les munitions se graillent rapidement dans le chargeur. Il n'est pas nécessaire de les faire glisser, il suffit d'appuyer dessus pour les faire entrer de la même manière que sur les chargeurs de 223 des AR 15. La pression exercée par le ressort du chargeur est forte mais n'est pas un problème avec cette méthode de chargement.
Le chargeur se fixe sans problème dans la poignée est l'arrêtoir de culasse se manipule sans force excessive. Le recule de l'arme est vraiment facile a gérer. Celui-ci effectue un mouvement rectiligne vers l'arrière bien parallèle au mouvement de la culasse et avec un très léger relèvement.
Le cyclage de l'arme est très rapide. Ceci est du a la vélocité du calibre 5.7 * 28 et au faible poids de sa balle. L'arme revient très vite en ligne et la cible se place très rapidement en face des organes de visée. La pression régulière sur la queue de détente me laisse facilement surprendre par le départ du coup suivant ce qui m'évite le fameux « coup de doigt ». L'arme recycle encore une fois très vite et la cible retombe directement devant les organes de visée. Le Ruger 57 permet donc une cadence de tir soutenue sans pour autant perdre en précision.
Le changement de chargeur s'effectue rapidement est sans souci. Le pouce de la main forte trouvant rapidement l'arrêtoir, le chargeur tombe au sol en étant légèrement poussé par le ressort de l'arrêtoir et le nouveau chargeur prend vite sa place.
La culasse se manipule aisément que cela soit avec son arrêtoir ou directement avec la main faible.
La position de la main forte est instinctive. Pour pointer l'arme vers la cible, le poignée de la main forte n'est pas cassé mais reste dans une position naturelle et confortable. Le pouce de la main faible trouve sa zone de pose naturellement sur la clef de démontage. La protubérance de celle-ci permet à la main faible de participer de façon efficace au positionnement de l'arme et donc a la précision des tirs. La poignée de belle taille me convient parfaitement vue que j'ai des grandes mains.
Le guidon vert se détache nettement de la cible et trouve rapidement sa place au centre de la découpe de la hausse. La ligne de visée étant placé très prêts de la ligne de tir, la cible se retrouve instinctivement.
Au stand : n'oubliez jamais votre casque anti bruit ou des protections d'oreilles supplémentaires en règle générale !