Dans la grande famille des jumelles 10x42 Swarovski a su s'imposer comme le leader des produits premium face à Zeiss et Leica. Mais ces deux rivaux outre alpins ne sont jamais loin en embuscade, après de longues années de suprématie de la Swarovski EL, ils ont répliqué. Chez Zeiss, la réplique a pris la forme de la Victory SF sortie en 2014, elle mise sur le champ plan comme la Swarovski avec en plus une meilleure ergonomie avec son centre de gravité vers l'arrière. En 2016, c'est au tour de Leica de répliquer avec sa Noctivid, elle mise sur la résistance aux lumières parasite meilleure que chez Swarovski et une ergonomie très compacte fidèle à la philosophie de la marque. Arrivé à ce stade, que restait-t-il aux grandes Swarovski EL ? Il faut déjà souligner que les Swarovski EL n'ont pas été dépassées par les concurrentes allemandes, mais simplement concurrencées, chaque produit a des qualités à faire valoir. Finalement Zeiss et Leica se sont contés d'égaliser le match plutôt que de prendre le dessus. Ils ont ainsi laissé le champ libre aux Autrichiens pour inventer un produit encore plus performant.
Il y a quelques années, lorsque la marque se trouvaient à la croisée des chemins avec le choix entre garder la production en Autriche et délocaliser, elle a décidé de rester une marque purement autrichienne. Dans le même temps Leica a délocalisé au Portugal (dans une usine Leica), et Zeiss dans plusieurs pays d'Europe de l'Est et en Chine chez des sous-traitants (les produits premium dans les deux cas sont toujours fabriqués à Wetzlar). Pour assumer son choix de l'excellence et du made in Austria, Swarovski est donc condamné à sans cesse innover pour garder un coup d'avance, et c'est tant mieux ! C'est ainsi qu'est née la NL Pure avec un champ encore plus large, et une ergonomie nettement améliorée par rapport à la Swarovski EL.
Qualité de fabrication
Du côté de la conception du produit, il y a surtout des bonnes surprises. La finition est bien entendu impeccable et conforme aux standards de la marque, sur ce plan aucune surprise. Ce qui surprend en revanche c'est le fût redessiné avec un gain de confort notable pour la prise en main. Au passage le 2eme pont a disparu par rapport à la EL. C'est sans doute un plus pour la prise en main et contenir le poids (surtout à l'avant), mais on peut craindre pour la rigidité en cas de gros choc. A y regarder de plus près il faut tout de même que cet unique pont central fait plus de 5 cm de long, sans doute pour des raisons de rigidité.
Du côté optique, l'augmentation de taille de champ n'est pas anecdotique car elle passe de 112 à 133 m à 1000 m. Les concurrents n'ont qu'à bien se tenir : la Victory SF affiche un champ de 120 m à 1000 m.
Ce champ large procure une sensation d'immersion dans l'image que l'on n'avait pas sur les modèles haut de gamme jusqu'ici.
Qualité d'image au centre
Les plus petits détails visibles au centre font 0,6 minute d'arc, c'est bien en dessous de la limite de résolution de l'œil qui est de 1 minute d'arc. Cette finesse participe à la sensation de contraste.
Qualité d'image au bord
Les plus petits détails visibles au bord font 2 minutes d'arc contre 1,8 sur la Swarovski EL. C'est à peine moins bon et c'est un beau tour de force !
Transmission de lumière
92% de la lumière est transmise dans le vert. C'est un excellent résultat cohérent avec la valeur de 91% indiquées par le fabricant. La valeur constructeur est un peu différente de celle de que l'on mesure car c'est une moyenne sur le spectre visible alors que nous ne mesurons qu'une couleur à l'aide d'un laser et d'un radiomètre.
Chromatisme
La correction du chromatisme est poussée à son plus haut niveau. Même en pointant la lune de nuit ce défaut reste quasi imperceptible alors que le contraste de la cible est maximal.
Neutralité des couleurs
La neutralité des couleurs est proche de la perfection, on note une très légère dominante verte, mais elle est nettement en deçà de ce qui est perceptible par l'œil.
Sur le terrain
L'ergonomie des futs a été revue et adopte désormais une forme ergonomique épousant la forme de la main. Les habitués des EL seront peut-être déroutés, les autres seront probablement conquis. Le centre de gravité a été déplacé, il est relativement centré et même légèrement vers l'arrière. C'est la réponse du berger à la bergère suite à la sortie de la Zeiss Victory SF et son concept Ergo Balance de centre de gravité nettement vers l'arrière. Ca semble être un détail, mais ne fait ça permet d'avoir les oculaire qui viennent appuyer d'eux même contre les yeux, on se fatigue moins vite et on gagne en stabilité. Pied de nez à Zeiss, Swarovski pousse la logique encore plus loin. A l'arrière, deux vis peuvent être enlevée pour clipser le système FRP repose-front NL Pure. Il s'insère via deux pions faisant penser à deux prises jack. En fait il offre un 3ème point d'appui contre le front. C'est il y a un gain de stabilité évident en ayant 3 points d'appui au lieu de 2. C'est une option vendue 129€. Dommage de ne pas fournir cette pièce d'office.
Sur les Swarovski EL, la mise au point et le réglage de dioptrie sont sur la même molette. Pour régler la dioptrie de l'oculaire droit, il faut tirer la molette, le réglage est cranté. Il se verrouille lorsque l'on pousse la molette. Sur les NL Pure le système est plus classique avec une seconde molette pour la dioptrie. Le seul avantage c'est qu'il est plus facile de changer le réglage si la paire de jumelles NL Pure passe de mains en mains.
La mise au point est balayée en 2 tours. Elle n'est pas linéaire avec un tour complet consacré aux premiers mètres. Cette démultiplication est un raffinement que l'on trouve uniquement sur des jumelles haut de gamme, elle était déjà présente sur les EL.
Lyonel Chocat a pu les tester lors d'une présentation des optiques Swarovski à Thonon les Bains. Il a été subjugué par ces nouvelles NL Pure en 10x42 mais son coup de cœur va au modèle 12x42 ! L'écart de 10 à 12 fois est vraiment significatif. Du haut du promontoire qui domine le lac Léman il a pu observer à loisir des bateaux sur le lac mais aussi de nombreux oiseaux, milan noir, faucon crécerelle et mouettes. L'écart de grossissement permet de mieux voir les détails à moyenne distance, de 50 à 200 mètres. Ce grossissement 12 n'est pas trop sensibles aux mouvements du corps et tremblements. Bref c'est un compromis qui lui semble intéressant surtout pour les chasseurs de grands gibiers à l'approche. Il est plus facile de bien discerner les bois d'un chevreuil ou d'un cerf. La prise en main est remarquable et la qualité optique tout autant!