Avant d'aller plus loin, il est utile d'ouvrir une parenthèse sur la gamme Victory. C'est la référence la plus haut de gamme de la marque, mais à y regarder de plus près le client peut s'y prendre car il existe 6 types Victory !
Une Victory peut en cacher une autre
Passons rapidement sur les jumelles compactes « Pocket », et les RF à télémètre (Range Finder). Il y a ensuite une gamme FL à base de verres fluorés pour corriger au mieux les défauts de chromatismes. Elles sont disponibles seulement en 32 mm. Les SF sont les produits de dernière génération, elles ont les caractéristiques des FL, avec en plus un aplanisseur de champ. Ce produit disponible seulement en 42 mm se dispute la palme des meilleures jumelles du marché avec les Swarovski EL. Et enfin, la gamme qui nous intéresse ici, les Victory HT. Notons que les HT n'ont pas d'aplanisseur de champ, mais bénéficient d'un objectif « FL » pour corriger au mieux le chromatisme.
Ergonomie
Sur les nouvelles Victory SF, Zeiss met en avant le principe Ergo Balance, c'est-à-dire un centre de gravité située vers l'arrière, les jumelles se callent naturellement contre les yeux, le gain en stabilité est notable. Malheureusement, les Victory HT sont de conception plus ancienne, et n'adoptent pas ce principe. Néanmoins, le centre de gravité est centré, c'est plutôt confortable, et mieux que de nombreuses jumelles déséquilibrées vers l'avant (même dans le très haut de gamme). Cet équilibre tient sans doute au choix d'un simple pont central. On préfèrerait néanmoins un double pont, plus agréable pour la prise en main.
Du côté de la mise au point, il y a une molette centrale proéminente, facile à manipuler. La plage de mise au point est balayée en un tour et demi environ, c'est un étagement classique, mais presque trop long dans le cas présent car la mise au point minimale est à 3,5 m. Une seconde molette est disposée sur l'axe central pour régler la correction de dioptrie de l'oculaire droit. Elle n'a pas de système de verrouillage, mais elle est relativement dure, de telle sorte que le réglage est conservé.
Qualité de fabrication
La ligne des Victory est particulièrement sobre. La finition est bien entendu haut de gamme : c'est du Zeiss. On peut regretter néanmoins que les bouchons avant ne soient pas mieux fixés. Ils s'enfoncent d'environ 5 mm seulement. Ils peuvent néanmoins être passés dans la courroie pour une meilleure tenue. Les œilletons ont 4 positions crantées avec assez peu de jeu. Les bouchons arrière tiennent assez mal eux aussi. C'est sans doute la seule fausse note mais elle est assez difficilement compréhensible à ce niveau de gamme.
Qualité d'image au centre
Les plus fins détails au centre de l'image sont environ deux fois plus petits que la résolution de l'œil. C'est à ça que l'on reconnait une paire de jumelles haut de gamme. Positionner la résolution aussi haut peut sembler superflu. En fait, cette finesse est importante car c'est ce qui apporte du contraste sur les fins détails.
Qualité d'image au bord
La qualité d'image en bord de champ est un peu décevante pour un produit de ce niveau de gamme. Ce résultat est tout de même à nuancer. Deux aspects modulent la qualité d'image en bord de champ. Il y a d'un côté les défauts optiques hors axe comme la coma et l'astigmatisme, et de l'autre la courbure de champ qui n'est qu'une différence de mise au point entre le centre et le bord du champ. Ce défaut de mise au point peut en partie être compensé par l'œil. Et surtout, il dépend de la distance entre l'objectif de la paire de jumelle et l'image formée au foyer. Or ici, cette distance est relativement longue en raison de l'emploi du prisme d'Abbe-Koënig. Du coup la courbure de champ est plus faible que la moyenne, et la prestation globale justifie le positionnement haut de gamme du produit.
Transmission de lumière
Zeiss promet 95% de transmission, nous avons mesuré 96,5% dans le vert ! La promesse est tenue donc. La différence entre cette mesure et le chiffre annoncé par Zeiss tient simplement au fait que le fabricant donne la transmission moyenne sur l'ensemble du spectre visible.
Chromatisme
La correction des défauts de chromatisme est plutôt bonne en raison de l'emploi de verres spéciaux. Ils sont imperceptibles à l'œil au centre du champ et apparaissent progressivement à mesure que l'on s'éloigne du centre.
Neutralité des couleurs
La neutralité des couleurs se hisse parmi les meilleures du marché, sans pour autant atteindre la perfection. La dominante se situe dans le vert, c'est un choix judicieux car c'est aussi le pic de sensibilité de l'œil humain. Le (très) faible déficit dans le rouge et le bleu explique la différence entre la transmission mesurée dans le vert et la transmission globale annoncée par le fabricant.