Le dernier pistolet semi-automatique désigné par Beretta pour répondre aux évolutions modernes des armes de poing est l'APX. Ce modèle représente la gamme que Beretta a développée pour les pistolets en polymère. En effet, la marque est reconnue pour ses pistolets tout acier comme le 92FS et je vous présente ici sa gamme d'armes de poing à carcasse polymère et à percuteur semi lancé.
En effet, depuis l'apparition du système Safe Action de Glock et le succès que les Glock 17 et Glock 19 (toutes générations) connaissent, chaque manufacturier d'arme à peu à peu développé sa version du système de percussion semi armée.
L'APX est en full size et se décline en plusieurs versions :
L'APX Centurion qui est une version compacte de l'APX.
L'APX Compact qui est un hybride entre le Centurion et le Carry. L'APX compact reprend la glissière du Centurion et la poignée du Carry (longueur du canon et de la glissière d'un compact et poignée d'un sub compact)
L'APX Carry qui est un sub compact, idéal pour être dissimulé tout en conservant le même fonctionnement que les modèles plus grands.
Nous allons nous intéresser à l'APX et à l'APX Centurion mais pas encore aux APX Compact et Carry car je considère que les armes sub compactes ont une utilité sur une distance inférieure à 10 m, laquelle est bien souvent incompatible avec les distances proposées par nos stands de tir FFTIR (25m pour les armes à feu de poing).
Je vais identifier ce qui distingue l'APX et le Centurion mais, en dehors des dimensions, il n'y aura que peu de différences, ce qui est positif pour standardiser l'utilisation, l'entretien et la gestion des pièces de rechange d'une gamme d'arme quel que soit leur taille.
L'APX est donc la réponse de Beretta à bon nombre d'appel d'offre administratif et militaire notamment à celui de l'USSOCOM qui en 2016 visait à remplacer le Beretta M9 en service depuis plus de 30 ans dans l'armée américaine. Celui-ci se verra remplacé par le Sig P320 mais la carrière de l'APX est lancée.
La carcasse et la glissière
Comme nous l'avons vu la carcasse est en polymère et la culasse en acier.
La glissière offre sur toute sa longueur des serrations à la fois douces et proéminentes. En effet, les stries sont très marquées et permettent une manipulation fiable de la glissière et ceci par tous les temps et donc y compris en portant une paire de gant. Ceci étant, ces mêmes stries n'offrent aucun angle saillant et ne s'accrochent pas lors des manipulations sur les vêtements ou le holster du porteur par exemple.
L'utilisation du polymère renforcé en fibre de verre pour la carcasse a plusieurs avantages. Le cout de fabrication est le premier d'entre eux. En effet, les polymères sont maintenant légions car il est techniquement simple de les fabriquer en série tout en respectant les contraintes du cahier des charges. Les qualités de résistance, de rigidité, d'absorption des chocs sont parfaitement compatibles pour l'utilisation de ces matières dans la fabrication des armes à feu et le gain de poids obtenu est l'argument ultime pour en faire une matière adaptée à la carcasse d'un pistolet.
La forme de celle-ci est très moderne en proposant des découpes favorisant le positionnement de la main. La queue de castor assure un bon chaussé de l'arme ainsi qu'une protection efficace de la main forte.
Sous le canon se trouve un rail de type picatinny afin de pouvoir y fixer des accessoires comme une lampe tactique ou un désignateur laser. Le pontet droit favorise la compatibilité et la bonne tenue des accessoires en offrant une surface d'appui franche dudit accessoire contre le pontet pour l'aider à résister au recul de l'arme en phase de tir.
La largeur de la zone de la queue de détente autorise l'utilisation de l'APX avec une paire de gant afin de satisfaire l'utilisateur par tous les temps même les plus hivernaux.
Au niveau du pontet, sur le haut de la carcasse, se trouve 3 petites serrations taillées dans le polymère afin de servir de référence pour la position du pouce de la main faible. Ce repère tactile permet de favoriser la bonne répétabilité des manipulations de l'APX en travaillant la mémoire musculaire du tireur. Ces serrations sont disponibles pour les droitiers comme pour les gauchers car présentes des 2 côtés de l'arme.
L'arrêtoir de culasse est ambidextre car se trouve à droite et à gauche de la carcasse pour satisfaire tous les tireurs. Cette pièce est en tôle repliée pour offrir à la fois une grosse surface de contact sans pour autant dépasser fortement du profil de l'arme. Les manipulations de la glissière en sont donc facilitées et ceci même en condition de stress extrême pour les opérationnels.
L'arrêtoir de chargeur est également surdimensionné pour faciliter sa manipulation avec le pouce de la main forte. Dans le même concept, sa position sur la poignée est idéale. Cet arrêtoir est réversible pour satisfaire, encore une fois, les droitiers comme les gauchers.
La poignée
Outre la taille des pistolets, la poignée est un des éléments qui permet de différencier facilement l'APX et le Centurion. Les deux poignées partagent le grip présent sur les 4 faces afin d'assurer une bonne préhension et un bon maintien de l'arme par la main forte quel que soit les conditions climatiques et même en portant une paire de gant. Mais la poignée de l'APX est taillée pour faire apparaitre des empreintes de doigt permettant de faciliter la position de ceux-ci.
La poignée du Centurion étant plus petite, pour correspondre aux côtes d'un compact, Beretta a pris la décision de ne pas reproduire les empreintes de doigts afin de faciliter la bonne préhension de ce compact pour un utilisateur ayant de grandes mains.
Pour les 2 armes, Beretta fournit 3 dosserets de tailles différentes afin de permettre au propriétaire d'adapter leur poignée à leur préférence. Ces dosserets sont maintenus pas la tige servant également de grenadière. Il sera nécessaire de retirer cette tige pour déposer le dosseret afin de le changer pour celui correspondant aux attentes de son propriétaire.
La grenadière est symbolisée par un anneau servant d'attache possible à une dragonne. Le faible dégagement autour de cet anneau autorisera exclusivement l'utilisation de dragonne souple et non d'anneau en métal.
Le canon
Pour effectuer le démontage rapide de l'arme il est nécessaire de retirer le chargeur et de désarmer le mécanisme de l'arme. Beretta a innové de ce point de vue en offrant la possibilité de désarmer le mécanisme sans devoir presser la queue de détente (opération obligatoire sur un Glock par exemple) et ajouter ainsi encore plus de sécurité pour les opérations d'entretien. Bien sûr, cela ne réduit en rien l'obligation impérieuse de faire ses contrôles de chambre et chargeur vide.
Pour désarmer le mécanisme, je recule légèrement la culasse de l'APX avec la main gauche et avec la main droite et un chasse goupille, je pousse sur la goupille présente sur l'arrière droit de la carcasse. En tenant enfoncé cette goupille, je relâche la culasse qui reprend sa place en désarmant le mécanisme.
Pour retirer la culasse, j'appuie fortement sur la commande se trouvant sous le canon sur le côté droit de l'arme et j'abaisse le levier de la même commande sur le côté gauche de l'arme.
Je retire ensuite la culasse en la glissant sur son rail par l'avant.
Je démonte le ressort récupérateur qui est composé de 2 ressorts captifs d'une tige guide en acier (ce qui illustre la vocation opérationnelle de cette arme en limitant le risque de casse et de perte de pièce lors de l'entretien) et je dépose le canon.
Le canon de l'APX a une longueur de 108mm et celui du Centurion une longueur de 94mm.
Pour remonter l'arme, je procède en sens inverse en repositionnant le canon, puis le ressort récupérateur. Je glisse la culasse sur son rail et l'arme est à nouveau opérationnelle.
Les departs
Le départ de l'arme correspond aux standards des armes catégorie B à percuteur semi lancé. Ce type de mécanisme est moins doux et offre une détente moins franche que les systèmes à double action sélective. En effet, en pressant la queue de détente, le mécanisme termine d'armer le ressort du percuteur avant que de lâcher le coup. C'est dans l'armement du percuteur que la sensation de départ du coup est faussement dure et perturbe le ressenti du tireur.
La queue de détente est équipée d'une sureté de départ. Ainsi, il est nécessaire d'effacer cette sureté pour presser complètement la queue de détente. Associé à la sureté de percuteur de l'APX, laquelle interdit au percuteur d'être lâché sur l'amorce si la queue de détente n'est pas complètement pressée, l'APX est un concentré de fiabilité.
Le chargeur
Le chargeur de l'APX a une capacité de 17 balles et celui du centurion de 15 balles.
Ce chargeur double pile est en acier ce qui lui assure une grande longévité et dispose de découpes sur l'arrière laissant voir le nombre de balles chargées. Ces trous favorisent également l'évacuation de l'eau et de l'humidité en cas d'utilisation en milieu aquatique ou pluvieux.
La découpe du bas de la poignée est en miroir par rapport au profil du talon de chargeur. Cette manière de faire est très intéressante car elle partage la surface présente entre le bas de la poignée et le talon de chargeur. Il y a donc suffisamment de matière au talon pour faciliter les manipulations de celui-ci tout en évitant d'avoir une poignée totalement évidée quand le chargeur est retiré. En outre, je trouve que les lignes ainsi obtenues donnent un côté moderne très sympa à la poignée.
La planchette en polymère du chargeur est noire ce qui ne facilite pas le contrôle de chargeur vide.
L'APX est fourni d'origine avec 2 chargeurs, une chargette (qui permet d'aider à introduire les munitions dans le chargeur et repoussant la planchette), un cadenas de pontet, le mode d'emploi et consignes de sécurité Beretta et un écouvillon pour le nettoyage du canon.
Organes de visée
Les organes de visée de l'APX et du Centurion sont identiques. Ils reprennent le standard des organes de visée mécaniques en acier des armes de combat. Il est donc nécessaire d'aligner les 3 points blancs à équidistance en superposant le point central avec sa cible et en veillant à ce que la face supérieure du guidon s'aligne à la face supérieure de la mire.
Aussi surprenant que cela soit, mon expérience récente me prouve que l'utilisation des organes de visée mécanique peut laisser place à l'interprétation, il est donc bien de rappeler de temps en temps comment ceux-ci doivent s'aligner pour viser le 10.
Les angles de la découpe de la mire sont francs. Sa composition en acier et sa fixation en force sur queue d'aronde les rendent extrêmement solides. Il est donc possible pour les professionnels de s'appuyer dessus pour racker la culasse en cas de main faible non disponible.
La ligne de visée est très basse ce qui est très positif pour pouvoir tirer très précisément. En effet, plus la ligne de visée (ligne composée des points suivants : œil – mire – guidon – cible) est proche de la ligne de tir (ligne du canon), plus la prise de visée est intuitive et rapide et, bien sûr, plus le tir est précis.
Au stand
Passons dans le stand. La cible C50 est fixée et mon objectif est de ne pas sortir du noir à 25m.
Je place le chargeur dans la poignée et il se verrouille sans problème. Le geste est naturel et l'évasement du chargeur est suffisant pour trouver le puit de chargeur sans le regarder.
L'angle de la poignée est adapté à une position naturelle de l'arme vers la cible sans avoir besoin de se casser le poignet.
La ligne de visée est réellement adaptée. Quand je vise ma cible avec l'arme en fermant les yeux, je me retrouve très proche de la bonne position quand je les ré ouvre. C'est grâce à la ligne de visée très roche de la main que cela est possible. Les erreurs de dérive mais surtout d'élévation constatées en faisant cet exercice (sur un PX4 par exemple) sont bien plus élevées.
Pour la même raison, le recul de l'arme est facile à gérer. Bien que le faible poids de l'APX est surtout de l'APX Centurion ne viennent pas en compensation du recul, le mouvement de la glissière se faisant très proche de la main, l'inertie de celle-ci est limitée et l'arme revient très vite en ligne.
La découpe des organes de visée permet de récupérer la cible relativement rapidement et d'enchainer le coup suivant. Avec un peu d'entrainement, je sens qu'il est assez rapide d'accélérer le rythme tout en restant dans le noir de la C50.
La course de la détente reste courte pour un striker et le reset est dans la moyenne de ce type d'arme.
J'utilise pour mon test des munitions Blazer en 124gr. Dans ma meilleure salve, malgré un flyer qui est venu se loger à la limite de la zone noire à 1h, mes tirs restent dans un carré de 15cm avec 5 coups dans le 10, 4 dans le 9 et 2 dans le 8. Autrement dit une cible très correcte que je peux assumer devant tous les copains pour une arme à destination des opérationnels avec un système à percuteur semi lancé.